Alain Jaubert est écrivain et journaliste après avoir été marin et enseignant. Journaliste scientifique au Nouvel Observateur, critique de musique classique à Libération, producteur et réalisateur de télévision, producteur du magazine Les Arts - France 3 et Océaniques de 1990 à 1993 et auteur-réalisateur de la fameuse, car excellente, série « Palettes » depuis 1988. Une nuit à Pompéi paru en 2008 est son second roman.
Alain, le narrateur, est en Italie au bord du Vésuve contemplant le paysage qui s’étale sous ses yeux quand une image s’impose à son esprit, celle d’une statue l’Aphrodite callipyge. « Je vais essayer de vous raconter une histoire. Une histoire brève et simple » déclare-t-il avant de nous emmener à sa suite, à Naples et Pompéi qu’il connaît parfaitement pour y être venu à de nombreuses reprises depuis son plus jeune âge. D’ailleurs le récit est entrecoupé de retours en arrière nous détaillant ses séjours antérieurs. Cet Alain est certainement un alias même pas caché de l’auteur.
Cette histoire brève et simple donc, c’est une histoire d’amours. Amour pour un pays et une ville remplie d’Histoire, parsemée d’œuvres d’art et riche en mythologies. Jaubert est très calé sur la question, les mythologies grecques et romaines n’ont aucun secret pour lui, la vie des Romains lui est familière, les arts peints ou sculptés sont sa vie et tout le livre est truffé de ses connaissances érudites qu’il nous distille au fur et à mesure que nous le suivons dans Naples, dans Pompéi ou ses alentours.
Mais ses amours s’entendent aussi dans un sens plus évident, Alain aime les femmes. Par hasard, à l’occasion d’une réception officielle, il va tomber sur une ancienne maîtresse, Marina, actrice de cinéma, qu’il a connue quelques heures il y a de longues années déjà. Une rencontre courte mais torride qui leur a laissé des souvenirs impérissables puisque à peine retrouvés ils ne pensent qu’à remettre le couvert. Parallèlement, il est subjugué par la beauté d’une très jeune femme Anna Maria, guide pour touristes dans les ruines de Pompéi pour payer ses études, qui ne restera pas de marbre devant le fringant sexagénaire.
A partir de là, la température va commencer à monter comme la lave dans le Vésuve, la bête et les deux belles vont se lancer dans une escapade nocturne à l’intérieur de la Pompéi antique et ce n’est pas la nuit tombée qui va éteindre le feu ardent qui consume notre trio, au contraire. L’évocation de la vie sexuelle des Romains à cette époque n’est plus qu’une théorie que nos trois excités vont mettre en pratique sans en perdre une goutte car ils savent que plaisir et amour ne riment pas avec toujours.
Globalement, j’avoue ne pas avoir été passionné par le roman – le récit en lui-même n’a que peu d’intérêt – mais ce n’est pas le propos principal de l’auteur ; par contre l’étalage de sa culture, ce n’est pas péjoratif car il est très bien fait, m’a donné la sensation d’être plus cultivé en sortant de cette lecture. La conception du livre, une histoire d’aujourd’hui en fil rouge, entrecoupée par des chapitres dégageant une sensualité ou un érotisme certain, m’a rappelé des récits comme Le Décameron de Boccace ou les Mille et Une Nuits. Un roman moite qui tente de faire revivre un certain art de vivre Romain, « Que celui qui aime se porte bien, que celui qui ne sait pas aimer périsse, et que périsse aussi celui qui empêche d’aimer » comme le proclame un graffiti antique retrouvé sur un mur de la cité enfouie sous les cendres.
« Reprenons. Ponticus, c’est le type auquel s’adresse Martial. « Parce que tu ne baises jamais mais que ta main gauche est ta concubine / Et que la main amie se met au service de Vénus / Tu crois qu’il n’y a pas de mal à ça ? ». C’est une bonne description de la masturbation. Ca parle d’un homme mais c’est valable pour les deux sexes. La main amie, amica manus, la main gauche pour les Romains, c’était celle qui devait servir à cette opération. La masturbation n’était pas bien vue. D’ailleurs, Martial ajoute : Scelus est, mihi credes… « C’est un crime, crois moi… » Mais lui, Martial, il n’y croit qu’à demi. Il devait faire comme tous les garçons… »
Alain Jaubert Une nuit à Pompéi Folio