Le dérèglement climatique est bien là, vient de conclure un très sérieux aréopage d’experts.
Et il y a peu d’espoir que les choses s’arrangent. Le protocole de Kyoto arrivera à échéance en 2012. Or, à la conférence de Cancun – un bel endroit, pourtant – les chefs d’Etat n’ont même pas fait l’effort de se déplacer ! Voilà qui augure d’un résultat encore plus mince qu’à Copenhague. On frise l’exploit !
Il y a pire, je ne sais pas si vous l’aurez remarqué. Les dérèglements dont nous faisons tous l’expérience ne font pas que s’aggraver : ils sont également contagieux ! Regardez la sphère financière. Elle ne se porte pas mieux que la planète, les dérèglements y sont la règle. Le climat y est d’une instabilité croissante. Les Bourses jouent au yo-yo et, malgré les océans de liquidités déversés sur la finance mondiale, l’euro, fleuron de la construction européenne, fait figure de frêle esquif sans boussole, ballotté par les vents changeants de la crise monétaire. Les hommes d’équipage s’échinent à colmater, méthodiquement, une voie d’eau après l’autre, sans bien savoir si c’est vraiment la bonne méthode – on s’interroge. Ils ne s’interrompent que pour marteler leur confiance et se conforter mutuellement ; ou prononcer solennellement quelque parole propitiatoire. Mais on doute que le dieu de la finance et des tempêtes les entende, tant le vacarme est continuel. Certains, discrets, préfèrent prier en silence pour que leur peur ne s’ébruite pas, ce qui aggraverait la panique – ne les citons pas, bien sûr.
Regardez maintenant le climat des affaires : il est à peine plus encourageant. Certes, les plus grandes entreprises surnagent plutôt bien : elles peuvent affronter des vagues plus hautes, et rejoindre des eaux plus calmes. Mais pour la cohorte des PME européennes – celles-là même qui d’ordinaire embauchent le plus et contribuent le plus fortement à la croissance de nos pays – le piège s’est refermé : limitées par leur marché national ou européen, elles subissent de plein fouet les plans de rigueur. Pas toutes, certes, mais beaucoup trop d’entre elles.
Et la tempête ne s’arrête pas à la finance et à l’économie : voilà que les plus hautes sphères de nos Etats sont concernées : les révélations de Wikileaks font souffler un vent de panique sur la diplomatie mondiale. Des milliers de secrets répandus d’un coup, éclaboussant autant de diplomates jusque-là sans tache ! Ce qu’on n’osait pas dire tout haut, on l’écrivait, mais oui : untel est sans imagination, un autre est autoritaire, un troisième est un va-t-en guerre, un autre encore est irresponsable… J’en passe.
Heureusement que la pause de Noël pointe à l’horizon. Et si nous demandions un petit répit au Père Noël ? Ah, comme les traditions festives sont précieuses dans les mauvais moments ! Mais restons vigilants : alors que nous grelottons, voilà qu’il vient de faire …+15 ° au Groenland ! Vous avez bien lu ! Eh oui, nous explique un météorologue, quand l’air froid descend trop vers le sud, il épargne le nord. Très simple. C’est un peu comme les crises monétaires et les bulles financières, en somme. Elles se déplacent, c’est tout.
Mais enfin, qu’on y réfléchisse un peu ! Comment circuler en traineau par une température de +15°, sans neige ? Même avec un traineau allégé en cadeaux par la crise économique… Oui, la fonte des glaces est avérée, il faut sauver le Père Noël !
Une inquiétude qui ne trompe pas : la question confidentielle posée par le Père Noël à Barack Obama (lue sur Wikileaks) : « Pouvez-vous au moins nous garantir que Noël aura bien lieu le 25 décembre ? »
La réponse de Barack Obama ? « Yes we can. »
Ah ! Tout de même ! On respire.