Par Fabien Fournier.
C'était ce mercredi la journée mondiale contre le Sida. Les associations se sont employées à alerter l'opinion sur le désengagement financier de l'Etat et la prise en charge des migrants. Le diagnostic des séropositifs constitue un enjeu fort et Aides va expérimenter début 2011 un dépistage rapide en 20 minutes.
C'était ce 1er décembre la journée mondiale de lutte contre le Sida. Qui le savait ? Le rendez-vous est de plus en plus confidentiel et il a bien fallu le coup de gueule de Pierre Bergé l'an dernier pour remettre l'événement au coeur de l'actualité. Ce mercredi matin, les associations organisaient une conférence de presse pour déplorer la baisse de l'engagement de l'Etat. “Les actions de prévention et de soutien aux personnes sont fragilisées “, alerte Valérie Bourdin, directrice de l'association de lutte contre le Sida à Lyon. Selon elle, les programmes souffrent d'une baisse de crédits de “15 à 25% selon les projets et selon les associations “.
La prise en charge des migrants
La principale préoccupation des bénévoles concerne les migrants. Avec la loi sur l'immigration en cours de lecture au Parlement, la délivrance de permis de séjour aux malades pourrait n'être réservée qu'aux personnes provenant de pays où n'existent pas des traitements adaptés. “Souvent des médicaments existent mais ne sont pas accessibles à tous “, s'insurge Valérie Bourdin. “Cette disposition remet en cause l'accessibilité effective aux traitements “, souligne Antoine Baudry, animateur prévention chez Cabiria, association d'aide aux prostituées. Les associations déplorent aussi l'instauration prévue d'un forfait de trente euros aux sans-papiers qui souhaitent bénéficier de l'aide médicale d'Etat. “Comme la somme doit être payée en une fois, le risque existe que les personnes préfèrent manger que se soigner “, indique Antoine Baudry.
Test de dépistage en 20 minutes bientôt à l'essai sur Lyon
Les associations relèvent toutefois un point positif : le plan Sida 2010-2014, qui propose par exemple d'inciter les généraliste à proposer un test de dépistage à tous leurs patients. Il est vrai que 50.000 personnes en France vivraient avec le VIH sans le savoir. C'est pour favoriser une prise en charge précoce qu'Aides souhaite expérimenter le test rapide. Le projet de boîtier Vikia, composé d'une pointe qui pique le bout du doigt et d'une pipette qui recueille le sang, permettrait un résultat fiable au bout de 20 minutes. La seule condition étant que le rapport à risque se soit déroulé il y a plus de 3 mois.
Les tests conventionnels demandent 4 voire 2 semaines avant de fournir un résultat.
AIDES utiliserait ce dispositif lors d'actions ponctuelles ou à la sortie des lieux fréquentés par les populations à risque (bars, boîtes, etc). L'association vise plus spécialement la population homosexuelle masculine, l'une des cibles les plus vulnérables à la contamination par le VIH. Les modalités de distribution et de gestion ne sont pas encore connues mais ces tests devraient être utilisés début 2011.
Pourquoi Najat-Vallaud-Belkacem s'affiche en séropositive
Peut-être vous êtes-vous arrêtés devant leurs affiches noires et leur air grave. Sidney Govou, Nicolas Le Bec, Sylvie Guillaume, Najat Vallaud-Belkacem et les Pockemon Crew apparaissent sur les panneaux publicitaires avec pour slogan “si j'étais séropositif”. Le message lancé pour AIDES est transparent : c'est le Sida qu'il faut exclure, pas les séropos. Douze personnalités lyonnaises se sont ainsi engagées. “C'est une souffrance suffisante d'être séropositif alors s'il faut rajouter la stigmatisation, le rejet par les autres et l'obligation pour eux de se cacher, c'est la double peine ! , explique Najat Vallaud-Belkacem, adjointe au maire de Lyon. On accole des idées toutes faites pour les séropositifs, sur le fait qu'ils sont homosexuels ou qu'ils ont une sexualité débridée.
Je crois qu'en faisant appel à nous, les auteurs de la campagne ont cherché à banaliser la maladie, en montrant des personnes issues de milieux différents “.
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