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Quand Wyclef a voulu se lancer dans la campagne, je me souviens de textes qui mettaient en garde la population contre la venue d’un nouveau messie. Après l’épisode Aristide, ces auteurs souhaitaient rappeler les risques associés à ce genre de personnalité charismatique, capable de mobiliser les foules mais capable aussi de foutre un peu plus le bordel dans le fonctionnement d’un État. Pour plusieurs, les images de Martelly et Wyclef sur une voiture en train d’animer une foule ‘heureuse’ en plein jour de deuil démocratique faisaient un peu ‘cheap’. Racoleur en fait ! De la même manière que les gens de l’Inite se seraient rendus grotesquement dans les centres de vote avec des urnes remplies de bulletins complétés, Martelly aurait bien compris le pouvoir démagogique que son statut de vedette lui donne. Ses accointances avec Wyclef s’inscriraient dans cette même logique. Il est sorti du bureau de vote dimanche en se déclarant vainqueur, peut-être sera-t-il capable de mobiliser des masses à manifester dans les rues pour en faire le vainqueur, ou celui qui devra passer au deuxième tour. Politiquement, il semble être devenu incontournable en fait, peu importe les résultats des urnes. Un collègue me rappelait que Martelly est en train de s’inscrire dans la même logique messianique qui a amené Aristide à la Présidence. C’est une terre parfaite pour les messies et il pourrait trouver une bonne frange de la population prête à prendre la rue pour l’appuyer. D’ici le 7, il va continuer à faire monter la tension et s’il ne passe pas au deuxième tour, j’avoue que je préfère être ailleurs et suivre le tout à la télé. On quitte samedi pour des vacances à Rome, je vais en profiter pour demander une audience au Pape, il parait que dans la business des messies, c’est le spécialiste.