La baisse de la pression fiscale et la croissance seules parades à la faillite
L’amphithéâtre Austerlitz, à l’Hôtel des Invalides, était trop petit pour accueillir les participants à ce colloque sur le thème « Dette publique : la France en Faillite » organisé conjointement par Contribuables Associés et l’IREF en ce jeudi 25 novembre.
Le sujet, il est vrai, est à la mode alors que les affaires de la Grèce et de l’Irlande font la une des médias. Radio Monte Carlo et Radio Notre Dame avaient annoncé la manifestation.
Le premier intervenant, présenté par Benoîte Taffin, porte parole de Contribuables et administrateur de l’ALEPS, était Philippe Herlin, pour son livre précisément intitulé : France, la Faillite ? (Eyrolles, 2010). Il a donné les caractéristiques de la dette publique française : coûteuse, fragile, mal structurée, injustifiée. Elle dépasse les 1.500 milliards d’euros et les 80% du PIB, et chaque jour elle s’accroît de 600 millions. Le service de la dette est la plus importante dépense du budget français, devant l’éducation nationale et l’armée, et son coût (environ 45 milliards) a augmenté de 9% depuis l’an dernier. Les deux tiers de cette dette sont portés par des prêteurs étrangers, donc très sensibles à la réputation de l’Etat français : c’est ce qui fait sa fragilité. De plus, c’est surtout une dette à court terme, pour laquelle les taux sont certes moins élevés, mais d’une plus grande volatilité. Elle est très sensible aux variations de ces taux. Enfin cette dette a été contractée non pas pour investir, mais pour couvrir l’excédent de dépenses courantes de fonctionnement de l’Etat.
Le professeur Victoria Curzon Price, de l’Université de Genève, administrateur de l’IREF a comparé le sort de la France à celui des autres pays européens. La France est plutôt du côté des mauvais élèves, plus proche de l’Italie, Espagne, Portugal, Irlande et Grèce que de l’Allemagne, Autriche et Pays Bas. Elle a montré comment la dette s’est emballée depuis quelques mois, uniquement parce que les Etats ont cru bon de faire de la relance, pensant qu’il suffisait de dépenser plus pour avoir une croissance plus forte de nature à rééquilibrer les finances publiques. Il y a bien eu dépenses et déficits, mais pas de croissance : l’erreur aura été de croire au keynésianisme. Aujourd’hui la plupart des Etats sont à la merci d’une explosion de la dette. En quelques heures les taux d’intérêt peuvent s’élever parce que les prêteurs auront perdu confiance dans les Etats emprunteurs. C’est un risque d’avalanche : les conditions sont réunies pour une catastrophe, et un seul choc peut déclancher la catastrophe.
Il appartenait sans doute à François d’Aubert, ancien secrétaire d’Etat au budget (dans le gouvernement Raffarin) de donner le point de vue de Bercy, où il exerce aujourd’hui des responsabilités importantes. La meilleure façon de redonner confiance aux prêteurs et d’étaler la dette est de pratiquer avec courage des réformes de structure : la France a eu du mal à les faire accepter, mais elles sont en route. La limitation des dépenses publiques doit être inscrite dans les textes constitutionnels. Cependant l’Etat ne doit pas renoncer à l’emprunt quand il s’agit de se mettre au niveau de la concurrence mondiale par un développement de la recherche et du savoir technique (c’est l’utilité du grand emprunt). Quant au secteur financier, il a fait preuve de beaucoup de légèreté et porte la responsabilité de la crise ; là aussi une régulation est nécessaire.
Une note relativement optimiste était donnée en conclusion par Jacques Garello, ès qualité d’administrateur de l’IREF. Les travaux récents de cet Institut montrent que la seule solution est dans la croissance, mais c’est une « voie étroite ». Mais pour avoir une croissance en mesure de rembourser la dette au fil des ans, il faut d’abord diminuer la pression fiscale et la progressivité de l’impôt (donc adopter une flat tax), ensuite réduire le périmètre de l’Etat au strict minimum (en application du principe de subsidiarité) et diminuer par là même le nombre de fonctionnaires – que l’on recycle dans le secteur privé. Enfin libérer le marché de ses entraves réglementaires, en particulier en ce qui concerne la flexibilité du travail et le sort de l’épargne. La crise aura été une crise de la responsabilité, l’Etat Providence ayant dispensé les individus de se préoccuper des conséquences de leurs actes.
Une belle rencontre, suivie de débats tout aussi passionnants. « Le Cri » du Contribuable et le site de l’IREF rendront compte de ces communications dans le détail.
Source : Libres.org
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