En attendant, je vous propose la lecture d'un article paru sur le site du Figaro pour vous familiariser avec la vaste question de l'innovation alimentaire....
Après avoir mis l'accent sur les prix et les promotions pendant la crise, les industriels multiplient les lancements de produits originaux.
Oasis bientôt transformée en alicament? La boisson aux fruits du groupe Orangina sera en tout cas déclinée l'an prochain en trois nouveaux parfums: acérola, cassis et goyave. Des «superfruits» aux vertus antioxydantes et énergisantes. Cette diversification donne le ton de la saison 2010-2011 des innovations dans l'agroalimentaire.
Après deux ans de disette, les industriels de l'agroalimentaire se remettent à innover au rythme d'avant-crise. L'an passé, le nombre de lancements avait baissé de 15% en France, selon le cabinet spécialisé XTC World Innovation. Si la chute a continué au premier semestre (- 3%), la reprise se fait sentir depuis l'été. «D'ici début 2011, les innovations pourraient retrouver leur rythme de 2008», selon Xavier Terlet, le patron de XTC.
Industriels, distributeurs et consommateurs ont visiblement retrouvé le moral. Pour résister pendant la crise, tous avaient privilégié les prix bas, les promotions et les produits classiques. «Ces derniers sont considérés comme des valeurs sûres», explique Xavier Terlet.
En 2009, les entreprises agroalimentaires ont réduit leurs investissements de 14%, selon l'Insee. Même si les plus grandes assurent avoir maintenu leurs efforts de recherche et développement, elles ont réduit le rythme des lancements.
Et pour cause, les marques nationales ont fait les frais, du moins jusqu'au premier semestre 2009, de la priorité accordée par les distributeurs à leurs propres marques, moins chères et plus rentables. «Il y avait moins de place en rayon pour les nouveaux produits des marques nationales», constate Delphine Mathez, associée au sein du cabinet Roland Berger. Si les innovations coûtent cher à produire, elles tournent moins vite dans des linéaires très encombrés. Du coup, les distributeurs exigent des marges plus élevées. «Au bout du compte, en période de crise, cela revient cher le lancement pour les industriels», ajoute Delphine Mathez.
De la place dans les rayons
Pendant la crise, les attentes des consommateurs ont évolué. Après s'être serré la ceinture pendant deux ans, ils ne rechignent certes plus à s'offrir à petites doses des produits plaisir. Mais ils sont devenus plus sélectifs, à la recherche d'un rapport «bénéfice/prix». «Dans le passé, on a mis en rayon beaucoup de choses inutiles, analyse Delphine Mathez. Désormais, une innovation ne passe que si elle est compréhensible et visible en rayon.»
Du coup, les nouveautés sont de plus en plus souvent réservées à une minorité de consommateurs. Les industriels n'hésitent plus à privilégier des niches, communautés religieuses, tranches d'âge ou accros aux modes culinaires. «Le marché français est mature, les relais de croissance se trouvent dans l'hypersegmentation», assure Valérie Lobry, directrice du Salon international de l'agroalimentaire, qui ouvre ses portes dimanche. Cette année, le nombre de nouveautés présentées est en hausse de 25% par rapport à la précédente édition, en 2008.Source : Le Figaro
Les distributeurs font eux aussi plus de place aux véritables innovations. Tous ont passé au Kärcher leurs linéaires, réduisant de 15% le nombre de références. Ce nettoyage permet de mettre en rayon des produits complémentaires.
«SUPERFRUITS» : Les nouveaux fruits exotiques dopent les boissons
Acerola, açai, guarana… Ces plantes originaires du Brésil, connues pour leurs vertus antioxydantes et anti-infectieuses autant que pour leur teneur en vitamine C, débarquent en force dans les boissons, aux côtés de la grenade, du cassis et de la goyave. À la recherche d'arguments «naturalité» et «fonctionnalité» pour promouvoir leurs produits, petites marques bio (Vitagermine, Pom Wonderful) et poids lourds du secteur (Oasis) créent de nouvelles recettes. En un an, 3 700 produits à base de superfruits ont été lancés dans le monde, selon The Innova Database. En France, on devrait retrouver ces «superfruits» dans les biscuits, les yaourts… Et même les confiseries.
HYPERSOPHISTICATION : Ingrédients complexes pour adeptes du raffinement
La crise a contraint les Français à se restaurer plus souvent chez eux et à adopter les recettes maison. La plupart ont gardé cette habitude, mais ils sont plus nombreux à vouloir se faire plaisir. Pour séduire ces adeptes du raffinement, la PME Ensentielles lance un «arôme culinaire» bio aux huiles essentielles, dont l'emballage ressemble à celui d'un sérum pour la peau. Florisens sort des «cristaux d'huiles essentielles au fenouil». Cette tendance à la sophistication n'épargne pas ceux qui refusent de faire la cuisine. La coopérative normande Isigny propose trois mini-beurres aromatisés (truffes, cèpes, morilles) et un camembert aux truffes. Pour les adeptes du régime, Daregal sort un complément alimentaire surgelé en berlingot à diluer.
TEXTURES : Matières et saveurs pour plus de plaisir
Pour satisfaire le besoin de plaisir de leurs clients, les industriels planchent sur des textures et des saveurs originales, et laissent chaque consommateur terminer leur recette. Rians propose ainsi une crème dessert accompagnée d'un sachet d'éclats d'amandes et de noisettes, et Lactalis-Nestlé une mousse aromatisée La Laitière mélangée à de fines feuilles de chocolat noir. Danone vient de lancer Fantasia, un yaourt nature à agrémenter de billes de chocolat ou d'un coulis de fruits. «Désormais, on s'amuse dans l'alimentation. Le consommateur revendique une certaine audace», estime Xavier Terlet, du cabinet XTC. Audace ou sacrilège : à Aix, le confiseur du Roy René a créé des calissons salés...
SANTÉ : Des recettes reformulées pour respecter la loi
Préserver le capital santé de ses clients est devenu une règle d'or des industriels, qui doivent composer avec les restrictions réglementaires de l'Efsa, l'agence sanitaire européenne. Cette politique passe notamment par la reformulation des produits. Lactalis et Bongrain viennent de lancer des camemberts Président et Cœur de Lion allégés en sel. Coca-Cola et Eckes Granini ont misé sur la stévia, un édulcorant naturel, pour relancer Fanta Still et Joker. Quant aux produits antiallergiques ou sans gluten, ils restent très marginaux en France en dehors des marques bio. La PME Sorghum vient ainsi de lancer des sablés à la vanille à base de farine de sorgho.
PRATICITÉ : Emballages adaptés aux modes de consommation
Gagner du temps, manier les produits facilement et sans se salir : les industriels rivalisent d'ingéniosité pour satisfaire leurs consommateurs adeptes de nomadisme. L'innovation passe aussi par l'emballage. Le sachet plastique verseur refermable, hier réservé aux compotes de fruits pour enfants, est utilisé pour le sucre et les préparations culinaires. Une marque anglaise de chewing-gum, Pepper Smith, intègre à ses paquets un distributeur de papiers pour jeter ses gommes usagées… Maggi (Nestlé) fournit sacs de cuisson et épices pour réussir des papillotes de poulet sans salir son four. Bongrain a élaboré un mini-plateau de fromages prêt à servir avec cloche pour l'apéritif.
COMMUNAUTAIRE : Les grandes marques converties au halal
L'estampille halal prospère en France, où vivent près de 6 millions de consommateurs musulmans. Très longtemps dominé par des marques historiques comme Isla Délice, le marché, estimé à 4,5 milliards d'euros, est désormais convoité par les grands noms de l'agroalimentaire. Nestlé, Fleury Michon et Pierre Martinet ont lancé des gammes, centrées sur la charcuterie au départ et aujourd'hui étendues aux plats cuisinés ou aux salades. Le groupe LDC (poulets de Loué, Le Gaulois) a créé une marque dédiée, Réghalal, comme le distributeur Casino avec Wassila. «Sur ce marché, l'offre crée la demande », explique-t-on chez Fleury Michon. L'augmentation du nombre de références est loin d'être terminée.
Voilà, et demain, je vous an apprendrai plus sur ce que vous mangerez dans dix ans!