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Le conseil communautaire d’Est Ensemble a voté l’adhésion de l’agglomération au Syndicat des Eaux d’Île-de-France (SEDIF)
Publié le 01 décembre 2010 par BlanchemancheLe conseil communautaire d’Est Ensemble a voté l’adhésion de l’agglomération au Syndicat des Eaux d’Île-de-France (SEDIF), ce qui revient à confier la gestion de l’eau à VEOLIA, par les 53 voix des élus du PS, de la droite (UMP et MODEM) et de certains élus du PCF (Bobigny et Le Pré). C’est un très mauvais coup pour tous ces habitants de Seine Saint-Denis qui vont continuer à payer un des tarifs les plus chers de France pour l’eau. Que les populations les plus démunies soient contraintes de verser une rente aux actionnaires d’une entreprise du CAC40, pour accéder à un droit fondamental, est une injustice absolue ! Que les questions légitimes posées sur la qualité de l’eau, et donc sur la santé des habitants, n’aient pas trouvé le plus petit début de réponse en dit long sur l’esprit de responsabilité des élus qui ont fait le choix du SEDIF/VEOLIA. Qu’une assemblée où la gauche dispose de 86 sièges sur 91, s’aligne sur les choix de la droite la plus libérale en dit long sur l’état de la gauche.
Où est la gauche ?
Lors du précédent conseil communautaire, interrompu par l’irruption des citoyens, les élus avaient sur leur table une déclaration de M. Santini, président du SEDIF, leur enjoignant d’obtempérer et d’adhérer au SEDIF. Ce qu’une majorité d’entre eux s’est empressée de faire. Au lieu de s’appuyer sur la dynamique citoyenne pour créer un rapport de force contre le SEDIF et obtenir une convention provisoire, le président d’Est Ensemble et la majorité socialiste se sont appuyés sur le SEDIF pour créer un rapport de force contre les citoyens et contre le choix concret permettant une gestion publique de l’eau. Pourquoi? La question est dans toutes les têtes et il faudra la poser encore un million de fois, à voir les têtes livides et défaites des « vainqueurs » du vote quand les citoyens les interpellent.
Quelle démocratie ?
C’est là sans doute le fossé le plus profond, celui qui touche à la place des habitants dans la cité. Ainsi M. Kern, le Président de l’agglomération, a-t-il pu affirmer que « le débat sur la question de l’eau (…) n’est pas essentiel pour Est Ensemble » et regretter « la politisation à outrance de notre agglomération ». Cette conception minimaliste de la démocratie et du débat politique s’est illustrée tout au long de ces derniers mois. Cela va des rapports non divulgués au public (et mêmes aux élus), en passant par les débats jamais organisés par l’agglomération (voire empêché dans les faits à Bobigny), et par le refus de réunir la Commission consultative des services publics locaux, jusqu’au vote en présence de dizaines de vigiles, d’un huissier pour constater les débordements (qui n’ont pas eu lieu) et tenir la réunion à huis-clos, et d’une caméra pour surveiller le public rebelle ! Au lieu de se réjouir de l’intérêt des citoyens pour la chose publique, leurs « représentants » (en réalité, ils n’ont pas été élus par la population pour siéger au conseil d’agglomération, ce sont des représentants …de représentants) s’emploient à les disqualifier et à les faire taire.
La nouvelle donne citoyenne
Une dynamique citoyenne en faveur d’une gestion publique, transparente et écologique de l’eau est en marche. Elle réunit associations, forces politiques et citoyens. Dans le conseil communautaire, elle s’est exprimée dans les 38 voix des élus du groupe écologie et citoyenneté, du parti de gauche, de la majorité des élus du groupe du PCF et des élus d’à gauche autrement et de la FASE, qui ont refusé l’adhésion au SEDIF.
Dans les débats, elle a pris le dessus par la précision et le sérieux de ses arguments face aux discours creux et aux approximations des partisans du SEDIF/VEOLIA. Il y a quelques mois, M. Kern et ses amis renvoyaient dos-à-dos gestion publique et gestion privatisée et certains ne savaient pas quoi décider ! Ces derniers jours, tout le monde à gauche a du s’exprimer –dans les discours au moins- en faveur d’une gestion publique de l’eau et de la recherche d’une alternative en partenariat avec Paris !
Elle s’est traduite aussi par d’innombrables actions en direction de la population ces dernières semaines. Les blogs, les vidéos ont contribué à la formation de l’opinion publique, un rôle autrefois dévolu aux partis politiques.
Malheureusement, cette forme d’hégémonie politique que nous avons construite, ne se traduit pas encore en majorité pour emporter les décisions. Sans doute parce que les enjeux sont trop importants (avec Est Ensemble, il y avait la possibilité d’écorner le SEDIF, premier contrat européen de VEOLIA) et notre mouvement pas encore assez fort. Continuons donc la voie de la politisation qui fait si peur à M. Kern et dans la voie de la construction d'un mouvement citoyen capable de peser sur les choix.
Dans l’immédiat, nous allons avec les diverses associations impliquées dans cette lutte examiner toutes les possibilités de recours juridique. Nous allons aussi nous intéresser aux conditions de sortie du SEDIF pour les villes de Montreuil et de Bagnolet, puisque la charte politique de l’agglomération prévoit explicitement de ne pas imposer à une ville un choix dont elle ne veut pas.
Enfin, nous invitons tous les participants à cette lutte, élus, associations, citoyens, à se retrouver à l’occasion de la partie publique de l’AG annuelle de la Coordination EAU Île-de-France qui aura lieu samedi 11 décembre de 18h à 20h à Montreuil, Espace Comme vous émoi, 5 rue de la Révolution (Métro Croix de Chavaux).
Le 1er décembre 2010