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Les puissants ont pété un câble

Publié le 02 décembre 2010 par Chroneric

Et pour être précis 251287 câbles.

Comment faire paniquer les puissants de ce monde ? Tout simplement en publiant des notes confidentielles, des correspondances diplomatiques, des communiqués secrets défense, des câbles en résumé. Le site Internet Wikileaks a rendu public plus de 251000 messages émanant des gouvernements ou des ambassades des pays du monde. Alors, il faut déjà se dire que ce nombre, même s'il est important, ne représente qu'une infime partie de ce qui circule en totalité. Il faut aussi relativiser en se disant que les notes les plus sensibles n'ont pas été (encore) publiées et ne le seront peut-être pas pour la plupart. Cela dit, on constate avec toutes ces révélations du site Wikileaks, depuis qu'il existe, rien n'est infaillible et protégé à 100%. Les dirigeants pensaient être invulnérables et à l'abri des regards mais il n'en est rien.

Alors, qu'apprend-on d'intéressant dans ces messages secrets ? Je me suis amusé à faire un petit tour sur le site perturbateur et c'est ma foi fort amusant ce que l'on peut y lire, et surtout révélateur des relations diplomatiques entre les Etats. Il y a les comptes-rendus de missions, de réunions ou d'entretiens. Rien de croustillant de ce côté-là il faut bien le dire, j'ai envie de dire que c'est du technique. Il y a aussi les commentaires sur les évènements que connaissent des pays alliés ou non : des élections, des mouvements sociaux, des sommets, etc…

Et puis, il y a les parties les plus amusantes. On apprend que les Américains font énormément d'enquête sur la santé de leurs homologues, sur la personnalité de leurs interlocuteurs et font des commentaires révélateurs des relations entre les dirigeants et décideurs politiques. Lancer une enquête approfondie et un espionnage en bonne et due forme sur le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-Moon ou sur la santé mentale de la présidente argentine Cristina Kirchner, démontre bien que l'administration américaine a toujours ce reflex soupçonneux et inquisiteur vis-à-vis du reste du monde. On se souvient de la grande période anti-communiste menée par le sénateur Joseph McCarthy dans les années 50. Les Américains vivent dans une espèce de paranoïa permanente et voient des ennemies partout. Est-ce que cela explique leur souci permanent de vouloir être les gendarmes du monde ? En tout cas, ce n'est pas une grande surprise.

Dans ces notes secrètes, on apprend aussi sur les personnalités de nos dirigeants européens. Nicolas Sarkozy, le grand ami américain, jugé autoritaire et soupe au lait qui se serait marié avec Carla pour la bonne image, Angela Merkel une frileuse qui manque d'audace, Silvio Berlusconi un obsédé incapable, mon Dieu, que de révélations ! C'est quand même loin d'être des scoops. Est-ce que les diplomates n'ont que ça à faire ? J'espère que non. D'autres câbles par contre, relèvent du véritable domaine diplomatique. Par exemple, quand un pays demande à un autre d'attaquer un troisième, ou qu'un autre vend des armes à un ennemi de la démocratie. Là, on aborde des terrains minés.

Alors, Hillary Clinton essaye de rattraper tant bien que mal et déclare que tout n'est pas vrai et que le responsable du site, Julian Assange, a mal agi. Ouh, le méchant monsieur. Si tout n'est pas vrai, pourquoi se donner tant de mal à démentir et chercher à punir le délateur ? Pour la secrétaire d'Etat, une longue période de cirage de pompes va commencer. Car, après les révélations, les dégâts générés au niveau diplomatique et "entente cordiale" peuvent s'avérer assez conséquents. Cela dit, les pays visés ont besoin des dollars et d'importations, ils ne vont peut-être pas broncher. En tout cas, avec des relations aussi tendues, Wikileaks ou pas, on comprend pourquoi les Etats n'arriveront jamais à s'entendre pour régler les problèmes planétaires majeurs pour notre avenir : écologie, pauvreté et droits de l'homme, pour ne citer que les plus urgents. Si déjà ils ne se supportent pas…

Interpol a lancé un mandat d'arrêt international pour viols et agressions sexuelles contre celui par qui le scandale arrive : Julian Assange. Ne pouvant pas le poursuivre pour le site Internet, il fallait bien trouver un motif. La cavale va être longue pour cet homme.


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