Pourquoi les enfants s’ennuient à l’école ?

Publié le 01 décembre 2010 par Perceval

En amont, des propositions sur l’Education, il est plus aisé de faire des constats :

« les enfants s’ennuient de plus en plus à l’école » dans «  La place de l’élève à l’école  » de Pierre Frackowiak, inspecteur honoraire

Et « Pourquoi les enfants n’aiment pas l’école », de Daniel T. Willingham (diplômé de Harvard en psychologie cognitive), sont deux ouvrages, aux thèses opposées,  qui condamnent l’un et l’autre les excès des extrémistes de l’Education …

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« Tout le monde sait que les enfants s’ennuient de plus en plus à l’école et comprennent de moins en moins les savoirs scolaires. Au collège, le phénomène prend des proportions alarmantes. Qui le dit ? Pourra-t-on changer l’école si on ne le dit pas ? Les profs sont malheureux et n’ont pas de perspective. Les parents n’ont toujours pas trouvé leur place à l’école. L’aide individualisée ne convainc personne. Le pilotage par les résultats est un non sens reconnu. Etc, etc… » Pierre Frackowiak

« Nous nous heurtons à l’idée multiséculaire que ce qui est au centre, c’est le savoir scolaire, les contenus des disciplines cloisonnées, figées, choisies arbitrairement pour certaines, depuis une éternité, et leur transmission par les professeurs. L’élève n’est pas un acteur de ses apprentissages, de la construction de ses savoirs et de ses compétences, un citoyen en formation, c’est un sujet, un récepteur, que l’on rêve docile et attentif. »Pierre Frackowiak

« C’est la question du sens de leur métier. Cela les conduit à se replier derrière les boucliers disciplinaires, à se réfugier dans les pratiques qu’ils ont vécues, à s’isoler, pour certains, à tenter de survivre. Ils sentent confusément le décalage entre la société de la connaissance, l’explosion des savoirs de l’humanité, le fantastique développement des moyens de diffusion de ces savoirs hors de l’école, les appétits de savoirs des élèves, des avoirs absents des programmes, et la règle « une heure, un cours, un groupe, une discipline, une salle ». Ils sont seuls face au principal ou à l’inspecteur »…P.F.

D’après un article de Natacha Polony ( Le Figaro ) ;

« Ce n’est pas la «motivation», la «proximité avec le sujet» qui détermine notre capacité à engranger des informations et à les comprendre, mais notre culture générale. Pas de compétences sans un savoir préalable » Daniel T. Willingham

« La mémoire de travail, vite saturée, a besoin de se référer à ce qui est connu, à ce qui est stocké dans la mémoire de long terme. Conclusion, il faut nourrir la mémoire de long terme, et pour ce faire, s’exercer pour «automatiser le processus qui permet de faire glisser les informations vers notre mémoire de travail». Bref, pratiquer ces exercices systématiques que les «résistants» aux nouveaux programmes du primaire jugent abêtissants et indignes » Daniel T. Willingham

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Suite à cet article, différents commentaires de lecteurs m’ont intéressé, finalement autant, sinon plus … !

« - Je souhaiterais apporter quelques précisions à l’article de Mme Polony. Après avoir lu son article, j’ai eu l’impression que la thèse de M. Willingham (de l’Université de Virginie) consistait à dire que les enfants n’aiment pas l’école car ils manquent de culture générale afin de pouvoir comprendre ce qu’on leur apprend. Or cela ne reflète pas tout à fait ce que ce professeur émérite a écrit, du moins dans la version originale du livre. Il affirme que les enfants n’aiment pas l’école parce qu’elle exige de leur part un effort mental qui est une tâche difficile et que les êtres humains cherchent à éviter. Le but du pédagogue est donc de constamment chercher le juste milieu entre la difficulté suffisante de l’épreuve et les capacités intellectuelles de l’élève de sorte que ce dernier éprouve du plaisir à résoudre le problème et ne soit pas frustré. Il dit par ailleurs que les exercices de mémorisation ou de « drill » ne doivent pas être ennuyeux (« without boring the students. »). L’omission de ces informations dans l’article prête à confusion. »

« - Natacha POLONY a le mérite de rappeler régulièrement l’importance d’un sujet comme l’éducation, domaine dans lequel notre pays est loin de présenter un bon rapport qualité/coût (cf. résultats des tests internationaux comme PISA, PIRLS…). Il est dommage qu’elle se laisse aller à la facilité en évoquant tout aussi régulièrement la querelle des anciens et des modernes. Cette querelle stérile n’a comme seul avantage que de fournir de la copie facile aux journalistes pressés. Que des exercices répétitifs soient nécessaires à la maîtrise de certaines routines mathématiques ou grammaticales, personne ne peut le contester. Les Allemands ont certainement raison quand ils disent que les disciplines sont la base de la transmission professionnelle du savoir. Il est non moins vrai que les frontières disciplinaires nées, pour l’essentiel, à la fin du XIXe siècle sont destinées à évoluer ainsi qu’on peut le constater au niveau de la recherche. Qu’un jeune de 17 ans puisse être confronté à d’autres défis que la répétition de routines me paraît indispensable : les Travaux Personnels Encadrés offrent à un jeune la possibilité de rechercher une documentation sur un sujet économique, scientifique, littéraire, d’en faire une synthèse, de défendre un point de vue et de l’exposer. Cette formation fait appel à ce que les Américains appellent « higher order thinking skills », malheureusement fort peu sollicités dans l’enseignement français si on le compare à nos compétiteurs Nord-européens. »

« - »L’imagination est plus importante que le savoir » une gentille lubie de génie ?! On pourrait répondre trivialement à Mr Daniel T. Willingham que le savoir est, par définition, plus limité que l’imagination. Bien que ces génies aient acquis un savoir conséquent, il y a bien quelque chose qui, aux yeux de l’histoire, les a distinguée des « simples savants ». On pourrait disserter des heures sur cette citation, mais le fait est que les révolutions scientifiques ont eux lieux sous l’impulsion des cerveaux les plus imaginatifs. »

« Cet article est très intéressant. Cependant, l’étude est interprétée par le journaliste dans un contexte français alors que le scientifique qui l’a produite est américain. Le système d’apprentissage dans les écoles américaines est sous bien des aspects l’antithèse du système français qui est un considéré comme très académique et rigide, avec pratiquement aucune pratique d’activités sportives ou artistiques – par opposition au système anglais et américain – qui peuvent aussi créer un environnement favorable d’apprentissage. Il serait bon d’intégrer également le stress vécu par les enfants français à l’école du au langage violent de certains enseignants, leur manque de pédagogie, leur manque de connaissances, les classes surchargées etc…. Nous résidons à Londres dans un environnement très international et les enseignants de l’école française sont les seuls qui crient sur les enfants, déchirent les pages des cahiers et font des pressions négatives sur les enfants. Le bullying des enseignants sur les enfants est autorisés dans les écoles françaises. Mauvais pour l’apprentissage, triste pour nos enfants et l’image de la France! »

« Cette Natacha Polony, quelle petite futée ! Elle n’hésite pas à associer un titre alléchant pour un tas de parents: « pourquoi les enfants n’aiment pas l’école » à un article qui finalement porte sans doute sur la culture générale pour déboucher sur ce qui l’intéresse réellement, une attaque quasi subliminale et toute personnelle contre « les «résistants» aux nouveaux programmes du primaire ». Chapeau pour cette maîtrise de la manipulation intellectuelle ! »

« L’exemple en fin d’article semble contradictoire. Je crois comme Daniel T. Willingham que la mémoire fonctionne par association et en quelque sorte qu’il faut se rattacher à des choses connues. Je partage aussi le point de vue qu’il faut rendre les élèves actifs de leur enseignement, leur apprendre à se poser des questions et à leur donner confiance dans la capacité qu’ils ont à y répondre. Faire plus de travail en groupe, s’appuyer sur les questions des élèves, développer leur sens critique, les faire travailler en groupe, leur faire découvrir pourquoi, à titre personnel, ils viennent à l’école, etc. »

« Le titre de l’article n’est pas très bien choisi. La culture générale est un des facteurs qui facilitent l’apprentissage mais il est loin d’être le seul! On dirait que, selon l’auteur, si tous les enfants avaient des connaissances de base sur à peu près tout, ils aimeraient tous apprendre! un de mes collègues avait une extraordinaire culture générale, mais il était incapable d’apprendre, d’intégrer de nouvelles informations pour s’en servir au travail, pour les mettre en pratique!! Il n’est d’ailleurs plus là! LA CULTURE GÉNÉRALE NE FAIT PAS TOUT! »

« …  de nombreux enfants aiment l’école. Pourquoi ? D’abord pour la vie collective qu’elle permet et l’éducation ne peut se faire isolément. La construction de soi passe par l’apprentissage social. Les élèves aiment aussi les règles de l’école ce que le milieu familial n’offre plus, le laisser faire étant le plus souvent