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Billet passager

Publié le 02 décembre 2010 par Paulo Lobo
Il fait proprement glacial. Le froid vif est de nature à éveiller les esprits. Des flocons de neige bien délicats viennent me caresser la nuque. Ils tombent sans bruit, dans un silence rafraîchissant. Le passé et le futur s'évanouissent, se désintègrent, se désarment. Je pense l'instant. Je n'ai pas d'amour, ni de haine. Pas d'angoisse, ni de colère. 
C'est déjà fini. Me voici dans le wagon. Au chaud. Le roulis mécaniquement gras.
Le temps égrène un compte à rebours funeste. L'éclairage est pâle, clinique, un peu crade. Il ne contribue pas au glamour des passagers, sauf rare exception, dans le cas de certaines passagères, dont la résilience à la banalité est remarquable. Je suis intrigué par le mot passager. Certes, nous ne sommes que passage dans l'existence. Pourquoi dis-je nous? Je  ne suis que passage. Mes pas dans le sable sont ridiculement passsagers.
Et dire que le sable dans les rues de la ville!
Nous sommes le jeudi 2 novembre. Le train se remplit vite et fort, il craque sous toutes les coutures. La plupart des gens lisent un journal. Ils s'informent, s'instruisent ou s'assomment. Les pages s'éfeuillent dans des soupirs de papier. Ça se lit vite, ça se consomme bien. Moi, j'observe. Je suis dans l'instant. J'essaye de ne pas juger. Je n'échappe pas à mon sort. Passager.

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