Weeds: Saison 6
Chose promise, chose due. Je vous l'avais annoncé dans le récapitulatif des 5 premières saisons, le voilà enfin: mon bilan de la fabuleuse saison 6 de Weeds. Vous l'aurez compris, il s'agira une nouvelle fois d'un post dépourvu de toute critique, comme souvent quand je parle de Weeds. Et de toute façon, je ne vois pourquoi moi, le grand fan de la série, aurait des reproches à faire à cette saison quand même les plus grand spécialistes séries s'accordent pour dire qu'elle est géniale. Et peut être même plus que les récentes précédentes saisons. Parce que Weeds, saison 6, c'est d'abord un voyage. Mais un vrai. Rien de philosophique comme dans The Big C. Nancy et sa clique parcourent ainsi l'Amérique durant toute la saison... Pour échapper à Esteban et ses sbires mais aussi un peu pour fuir le passé. Il s'agit donc en fin de compte surtout d'une cavale. Une cavale qui va les faire passer de Ren Mar aux frontières canadiennes, de Seattle aux aires d'autoroute de l'Amérique profonde et enfin d'un village de redneck à Dearborn, Michigan. C'est là toute l'ingéniosité de l'idée de cavale. Elle force les personnages à un mouvement constant et du coup la série doit presque se réinventer à chaque épisode. De cette façon, Weeds qui cultivait déjà son imprévisibilité avant, la voit ici poussée à l'extrême. Si bien qu'on a plus que jamais cette impression que tout peut arriver et on ne peut s'empêcher, après chaque épisode, de se demander ce que la série va inventer pour le prochain. C'est ce qui fait de cette saison le meilleur road-trip géant jamais écrit à mon sens.
Ce voyage, je vous le disais, c'est aussi une façon pour les Botwin, et surtout Nancy, de fuir le passé. Mais paradoxalement, alors qu'il force la série à toujours innover, il va constituer un
véritable retour aux sources. La fin claire et nette du chapitre mexicain dans le 6.06 A Shoe for a Shoe et le retour dans la ville natale de Nancy dans le 6.10 Dear-Born Again
illustre parfaitement cette idée. Par ailleurs, de nombreux épisodes contiennent beaucoup d'autoréférences et font appel à la mémoire et à l’attachement pour la série du téléspectateur. Surtout
en fin de saison en fait où cet aspect nostalgique devient évident dès le 6.09 To Moscow, and Quickly qui fait allusion à de nombreuses scènes des saisons passées. On aura même droit à
un petit retour à Agrestic renommée Regrestic et ce par l'intermédiaire de Doug, dans le 6.12 Fran Tarkenton. A noter aussi dans cet épisode la présence d'un journaliste traquant aussi
Nancy pour l'interviewer sur sa vie. De ce génial entretien en découle à nouveau un énorme sentiment de nostalgie. Il ne faut pas y voir de la prétention de la série. Absolument pas. C'est une
sorte de cadeau qu'elle fait aux fans de la première heure. Et c'est sûrement pour ça que cette saison 6 n'en n'est que plus jubilatoire.
La saison est jubilatoire et pourtant, le registre de la comédie est considérablement moins présent. Il n'a pas disparu loin de la. Des épisodes stand-alone comme Gentle Puppies (le
passage chez les redneck) ou Pinwheels and Whirligigs (la fête foraine) sont l'occasion de grands fous rires. Mais clairement le développement des relations entre les personnages s'est
vu marqué d'un ton résolument plus dramatique cette saison. Surtout celle de Nancy avec ses fils. D'une part il y a Shane de qui elle va paradoxalement se rapprocher après son acte meurtrier choc
de fin de saison dernière. De l'autre il y a Silas, en plein dans une quête identitaire qui va peu à peu l'éloigner de sa famille mais le laisser malgré tout toujours aussi dépendant de sa mère.
Enfin nous avons Andy, lui aussi toujours prisonnier de la toile Nancy, comme l'illustre le season premiere, mais qui se voit en partie libéré dans Boomerang quand Nancy lui
avoue que rien ne sera jamais possible entre eux.
En parlant de la toile Nancy Botwin, plus que jamais au centre de la série, le season finale, Theoretical Love Is Not Dead constitue un vrai tournant pour elle. Mais on en arrive pas là par hasard, c’est le résultat de tout un cheminement de la part de Nancy au cours de la saison. Celle-ci, dans sa tentative de fuir le passé va malgré elle finalement le retrouver et devoir le confronter. Elle en prend conscience dans To Moscow, and Quickly où elle se retrouve plus acculée que jamais et enfin forcée de se rendre compte de la mauvaise mère qu’elle a été. Ce qui lui fait prendre la folle décision d’un départ de la joyeuse troupe pour la ville des rêves d’Andy, Copenhague, comme mentionné dans le 5.01 Wonderful, Wonderful. On remarquera que la série semble très attachée à la continuité, ce qui est à mon avis une grande qualité de cette saison. Mais c’était sans compter sur le retour d’Esteban, menace invisible de la saison, qui ressurgit à l’occasion du final. Tant mieux d’ailleurs car il aurait été inutile de le faire réapparaître avant. Face à ce rebondissement que même Nancy aura vraisemblablement finit pas comprendre inévitable, ce qui le rend d’autant plus tragique, les Botwin sont contraints de se rabattre sur leur fameux Plan C, vraie clé de cette fin de saison. Celui-ci implique que Nancy cesse d’être la spiral infernale qui entraîne tout son entourage dans sa chute et fasse enfin face à ses responsabilités. Ce qui en 6 saisons n’était encore jamais concrètement arrivé. Et devrait donc plus que le départ d’Agrestic ou la fuite de Ren Mar ne l’ont fait, bouleverser profondément la série.
En conclusion, la saison 6 de Weeds est de loin l’une de ses saisons les mieux écrites, si ce n’est l’une des saisons de série les mieux écrites, mais là c’est moi qui m’emporte déjà. La série y conserve tout son savoir-faire comique, refusant tout tabou et offrant de savoureux et improbables échanges. Mais elle se révèle aussi très justement plus sombre et mélancolique que jamais à travers l’évolution de ses personnages et les thèmes abordés. Au final la série nous propose donc cette saison road-trip chargée en nostalgie comme une sorte de dernière jouissive récréation avant son dernier acte.