- On nous prend pour des imbéciles.
- Asefi, tu y vas fort ! Qu’est-ce que tu veux dire ?
- Ne joue pas le même jeu qu’eux !! Dans le fond, comme haïtienne, je me suis encore une fois déplacée pour rien, tout le monde est autour de l’exercice de tabulation des procès verbaux et on négocie les gagnants et les perdants.
- Tout le monde …
- Les quatre ! Martelly est rendu incontournable politiquement, Manigat l’est depuis le début de la course. Dans la ferveur médiatique, ce sont les gagnants. L’Inite est aussi là, ils ont toujours le pouvoir qu’ils ne veulent pas perdre. On va négocier pour qu’ils conservent le contrôle des deux chambres. Et finalement, les blancs qui arbitrent ce débat surréaliste. Je te donne deux % à PAP si tu m’en laisses cinq aux Cayes…
- Le CEP lui ?
- Un faire-valoir pour le quatuor. Le CEP ne peut plus marcher dans le sentier que l’Inite lui avait dessiné, il laisse donc tomber sa fonction technique et promulguera les résultats qui auront été négociés par les quatre amis.
- L’image est forte effectivement, quatre personnes assises autour d’une table en train de se partager le deuxième tour et le pouvoir.
- T’as remarqué ? Célestin est disparu depuis dimanche… Depuis sa mésaventure au bureau de vote dimanche dernier, on ne l’a pas revu. Même le parti ne l’a pas sorti lors de la conférence de presse d’hier !!
- J’ai compris qu’ils avaient lancé la serviette effectivement, ça ne va tout de même pas diminuer la pression. Tout le monde continue de pousser sur les résultats ou sur l,annulation du scrutin.
- Diminuer la pression est le seul intérêt des quatre qui négocient. Peu importe si les résultats représentent la volonté populaire. Depuis trois jours tout ce qu’il y a d’officiels dans ce pays ou dans cette communauté internationale est venu nous raconter que les choses se passaient généralement dans l’ordre, et que les petites poussières allaient être balayées sous le tapis.
- Bof, diminuer la pression… Je vois les réactions de certains partis qui nous annoncent des manifs pour les prochains jours, le parti du pouvoir qui revient aujourd’hui sur ses déclarations d’hier, je ne vois pas vraiment en quoi la pression puisse diminuer. En fait, d’ici mardi prochain où les résultats officiels seront publiés, la pression ne devrait faire qu’augmenter. Bien égoïstement, l’important c’est que je vais avoir levé les pieds.
- Lever les pieds …
- Je pars en vacances le 5, samedi prochain.
- Où tu vas encore ?
- Comment ça ‘encore’ ? Je t’ai dit, pour continuer à aimer ce pays-là, il faut que je le quitte de manière régulière. Une espèce de relation passionno-destructrice. Un couple qui se laisse aux deux mois et qui n’en peu plus de ne pas se voir après 4 jours.
- Tu pars pour 4 jours…
- Non, 4 semaines. Je reviens avant le deuxième tour. Ne t’ennuie pas trop vite, il me reste deux jours à te questionner.
- Labadie, ne t'inquiète pas pour moi, il n'y aura rien ici pour que je m'ennuie.