Couvrant 14 000 m² du toit de la plate-forme logistique Cilsa, soit plus de 70% de la surface de la toiture, sur le site d’Eurocentre, pôle logistique de l’Europe du Sud, au nord de Toulouse (31), la première centrale à énergie solaire conçue et développée par Nazca, filiale de GSE, entrera en fonction dès janvier 2011. Avec une puissance installée de 1,3 MWc, sa production annuelle d’électricité s’élèvera à 1400 MWh. Grâce à de nouveaux contrats, Nazca devrait réaliser près de 12 MWc de centrales photovoltaïque dans le courant de l’année 2011.
- Un projet ambitieux
Depuis le 23 novembre dernier, date d’inauguration de cette installation hors norme, le toit de la plate-forme logistique Cilsa, sur le site d’Eurocentre, pôle logistique de l’Europe du Sud, basé à Castelnau -d’Estrétefonds (31), au nord de Toulouse, abrite l’une des plus importantes concentrations de cellules photovoltaïques jamais installée sur une plate-forme logistique en France. Courant sur une surface de 14 000 m², l’installation a nécessité 30 km de câble et l’emploi de deux onduleurs de 500 KW. Les retombées attendues sont à la hauteur du chantier, avec une production annuelle d’électricité de 1400 MWh, pour une puissance installée de 1,3MWc, soit de quoi alimenter plus de 600 foyers français. Et les bénéfices ne s’arrêtent pas là puisque durant ses 20 années d’exploitation, cette centrale permettra également d’éviter le rejet dans la nature de près de 3000 tonnes de CO2 !
- GSE se diversifie dans l’équipement
Les travaux, qui ont été réalisés en un temps record – moins de trois mois ! – ont été conduits par Nazca, filiale du groupe GSE, groupe spécialisé dans la conception et la construction de bâtiments industriels. Mais surtout, la plate-forme logistique Cilsa, dont GSE est également le constructeur, est le premier chantier de cette nouvelle filiale créée en mai 2007.
«A travers cette diversification, GSE qui était jusqu’à présent essentiellement spécialisé dans la conception et la construction de bâtiments d’activités, a décidé de s’attaquer à l’équipement en prenant pied sur un marché très prometteur», résume Michel Hugues, directeur général du groupe GSE.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Chaque année, le groupe GSE construit plus d’un million de m² de bâtiments. Dès lors, comme l’explique le directeur général de Nazca, Julien Puel, « l’idée a logiquement été de se dire : pourquoi ne pas exploiter les toitures de ces bâtiments ? ». L’entreprise vise tous types de bâtiments, qu’ils soient neufs ou anciens. Même latitude côté clients puisque ces équipements photovoltaïques ne sont pas uniquement destinés aux bâtiments qu’elle aura – ou a déjà construit – mais à tous les sites dotés d’une surface minimum de 10 000 m².
- Un service clés en main
Les carnets de commande ont déjà commencé à se remplir. En 2011, un projet en région toulousaine et quatre autres en région PACA verront ainsi le jour pour un total de 150 000 m2 de toitures, une puissance cumulée de 7 MWc et l’ambition de porter ce dernier chiffre à 12 MWc sur l’ensemble de l’année prochaine. Et dans tous les cas, il s’agira de projets clés en main, car Nazca, à l’image de sa maison-mère, s’occupe de tous les maillons de la chaîne, de la conception (études techniques, démarches administratives,…) à la réalisation, et bien évidemment jusqu’au raccordement au réseau électrique. La maintenance des centrales est également assurée par Nazca. De quoi rassurer les entreprises qui hésiteraient à se lancer. A partir de janvier 2011, date de la mise en route de son installation, le site de Cilsa facturera en effet l’électricité qu’il produira au prix garanti par EDF. Un prix fixe qui lui est assuré par contrat pendant 20 années d’exploitation, ce qui explique pourquoi plus la surface d’installation n’est grande et plus l’opération est financièrement intéressant.
- Technologie de pointe
Le Port de Barcelone, propriétaire du site Cilsa de Castelnau d’Estrétefonds (31), l’a bien noté. Pour l’instant, sa plate-forme s’étend sur 20 000 m², dont 14 000 m² de toiture équipée en cellules photovoltaïques. Mais comme le confient les responsables du groupe, une extension de 30 000 m² verra le jour dès 2011, ce qui portera la surface totale du site à 50 000 m². Potentiellement, la plate-forme logistique sera alors en mesure d’atteindre une production annuelle d’électricité supérieure à 4000MWh ! Car même sur de très grandes surfaces, tout a été fait pour maximiser l’espace et optimiser le rendement de ces centrales. Car la surface équipée en cellules ne fait pas tout. Pour que la production électrique soit élevée, il faut aussi que la technologie employée soit performante.
Pour les modules photovoltaïques, Nazca a ainsi choisi la solution de l’américain Solyndra. La particularité de la technologie développée par ce dernier réside dans le matériau CIGS (Cuivre Indium Gallium Selenium) mais surtout dans la forme cylindrique des modules. Celle-ci leur permet de capter le rayonnement solaire direct et également le rayonnement solaire réfléchi par le toit du bâtiment et d’offrir ainsi un rendement optimal une fois posés directement à plat sur la toiture. Rien à voir donc avec les panneaux solaires traditionnels qui doivent être montés selon un certain angle et espacés les uns des autres afin d’optimiser au mieux la production d’énergie.
«L’autre avantage est que la circulation de l’air entre les modules cylindriques fait naturellement baisser la température de fonctionnement, ce qui permet d’améliorer la production d’énergie et offre une plus grande fiabilité des composants», précise Julien Puel. Si la technologie Solyndra est connue sur le Vieux Continent, à ce jour, la centrale de Cilsa est la plus importante d’Europe à l’utiliser.
- Un marché à fort potentiel pour les entreprises
Une exception. Car en dehors de cet exemple, on ne peut pas dire que la France soit le meilleur élève de la classe en matière de photovoltaïque. C’est même tout le contraire ! Largement dépassé par l’Allemagne et l’Italie – les leaders mondiaux -, devancé de plusieurs longueurs par son voisin Belge, le pays est à la traîne. Au total, fin 2009, selon les chiffres publiés par l’Association européenne de l’industrie photovoltaïque (EPIA), la puissance électrique générée par l’énergie solaire y atteignait seulement 430 MWc. A titre de comparaison, nos voisins d’Outre-rhin disposaient la même année d’une capacité cumulée installée de plus de 7000 MWc!
«On peut regretter que le marché de l’énergie solaire ait décollé si tardivement en France mais si l’on veut rester positif, cela veut aussi dire qu’il y a tout à faire», analyse Michel Hugues, convaincu qu’un jour, «les avancées technologiques permettront au photovoltaïque de produire une énergie électrique concurrentielle. Durant ces trois dernières années, le prix des équipements a déjà beaucoup baissé et le rendement des installations s’est considérablement amélioré». Michel Hugues a foi dans le potentiel du marché.
Emprunté à une ancienne civilisation originaire du Pérou où ont été découvertes d’étranges lignes sur le sol (leur origine se situerait entre – 300 av. JC et 800 ans après JC), le nom de la filiale de GSE n’en est elle pas une très bonne preuve ? Selon plusieurs archéologues, ces dessins géants à la géométrie parfaite témoignaient – déjà à l’époque ! – de la gratitude que les anciennes civilisations du Pérou portaient à l’astre solaire…
- L’avis Sequovia
L’article publié hier rendait compte du retard des filières de l’éolien et du solaire en France. De tels projets, comme celui entrepris par Nazuca, permettront à terme peut-être d’inverser la tendance. Il faut espérer que la baisse des tarifs à l’achat de l’électricité issue du photovoltaïque ne décourage pas les entreprises innovantes du secteur à investir dans de beaux projets comme celui-ci.
Pour en savoir plus : Fiche solution panneau solaire entreprise