Un cas de censure par couvertures de livres interposées?
Dans un précédent billet, du 17 septembre 2010, j'avais présenté le livre Mediator 150mg de Iréne Frachon qui venait de sortir mais je n'avais pas été autorisée à montrer la vraie couverture, celle que l'auteur avait choisie avec en sous-titre l'interrogation: "Combien de morts?" N'était autorisée que la couverture avec le sous-titre censuré.En effet , les éditions Dialogues qui ont présenté ce livre avaient dû modifier leur titre après procès intenté par le laboratoire pharmaceutique producteur de ce médicament pour diabétiques.Le tribunal de Brest avait réclamé « la suppression immédiate, par tous moyens, de cette mention, sur tout exemplaire de l'ouvrage, sous astreinte de 50 euros par exemplaire distribué, offert à la vente ou vendu, à compter de l'exécution de la présente décision ». Le procès en appel vient de donner raison à la maison d'édition: ce médicament est bien probablement responsable de la mort de nombreux patients. C'est donc avec joie que je rectifie l'image de la couverture du livre. Le sous-titre peut désormais réapparaître!
Mediator 150mg est un médicament antidiabétique souvent prescrit comme coupe-faim, dont l'autorisation de mise en marché a été suspendue par l'Afssaps (Agence du médicament), en novembre 2009, en raison de sa toxicité avec risque avéré d’atteinte des valves du cœur que sa consommation entraînait pour les patients. Les valvulopathies sont des maladies qui peuvent être mortelles. Deux millions de personnes ont consommé du Mediator. Et 300 000 encore tous les jours au moment où l'interdiction faite aux pharmaciens de le vendre a été prononcée. Irène Frachon, pneumologue au CHU de Brest, a été l'un des médecins dont l'enquête a conduit l'Afssaps à faire retirer le Mediator du marché. Cependant le mal est fait et Irène Frachon a déclaré à l'AFP:
«L'éditeur a dû retirer de la circulation la quasi-totalité de l'édition d'origine et la réédition est très difficile à trouver, car elle n'est plus indexée de la même façon chez les libraires... C'est un paradoxe : tout le monde parle de ce livre, mais il est mort. Mais l'important est que le message soit passé. Maintenant, j'espère que mon éditeur rentrera dans ses frais...Si ce sous-titre n'avait pas existé, cette question n'aurait vraisemblablement pas été abordée par les autorités sanitaires. » (source: Nicolas Gary)