Le SIDA est un fléau qui tue et empoisonne notre civilisation. Un virus qui touche l'homme au plus profond de lui-même puisqu'il le prend par la sexualité. Une tragédie contre laquelle nous devons nous mobiliser.
Le SIDA ne devrait pas nous diviser, et pourtant...
Pourtant, à chaque fois qu'on parle du SIDA, ressortent une myriade de lieux communs sur l'Église catholique et le préservatif.
Ce matin encore, Carla Bruni, qui au-delà d'être le femme du Président est également ambassadrice du fonds mondial de lutte contre le SIDA, la tuberculose et le paludisme, évoqua sur RTL le dernier ouvrage du pape Benoit XVI, Lumière du Monde. Au demeurant, Carla Bruni eut des mots plutôt sympathiques affirmant qu'elle était "touchée" et "reconnaissante" par les propos du pape sur le preservatif. Mais la suite de la phrase vint mettre une lumière sur ce monde d'incompréhension : "un certain nombre de pays africains sont chrétiens et écoutent beaucoup la parole du pape".
Rien au premier abord de négatif dans les propos de notre première dame. Nous pouvons même y voir l'espoir qu'elle ait lu l'intégralité du livre qui aborde bien d'autres sujets avec beaucoup de finesse, d'intelligence, de foi, de charité. Alors pourquoi ce "mais"?
Le point difficile vient du soupçon de lieu commun sur la responsabilité de l'Église dans la propagation du SIDA en Afrique.
L'Afrique est un continent complexe que finalement peu d'occidentaux comprennent. On parle beaucoup ici de SIDA en se fichant comme de l'an 40 que le paludisme tue bien plus de personnes, enfants compris; on évoque une responsabilité de l'Eglise en fermant les yeux sur le courage, la persévérance et l'amour de cette Église qui gère plus de 25% des dispensaires soignant les malades du SIDA; on parle d'une prévention par le préservatif en niant totalement le rôle de l'éducation à la sexualité; on ne voit qu'une méthode de lutte alors que les gouvernements, les ONG, les églises sur place ont des réflexions beaucoup plus vastes comme la stratégie ABC qui devrait inspirer cet Occident qui ne cesse de donner des leçons .
Car le point d'achoppement entre l'Église et le monde profane est là : l'éducation à la sexualité.
Reprenant une thématique thomiste (Saint Thomas d'Aquin, un de ses maitres spirituels), Benoit XVI lance doucement une réflexion sur le "moindre mal" et ne nie pas que le préservatif puisse être un devoir charitable pour éviter un plus grand malheur. Benoit XVI est plus fin que ce que certaines personnes qui n'ont lu aucun de ses livres peuvent penser. Mais il met, et l'Église avec lui, un accent fort et déterminé sur l'éducation à la sexualité.
Pour l'Église catholique, la sexualité est un don de Dieu qui unit l'homme et la femme dans une relation d'amour et les entraine vers une véritable communion. Cette communion est bel et bien une grâce en ce qu'elle est non seulement liberté, fidélité, ouverture à la vie, indissolubilité mais plus encore amour total. La sexualité ne peut être séparée de l'amour comme le corps ne peut être séparé de l'âme et l'eros de l'agape. C'est le sens du mariage.
Ce sens de la sexualité, il faut bien l'admettre, va à contre sens des affirmations médiatiques. Le monde qui nous entoure semble réduire la sexualité à un plaisir personnel alors qu'elle un don d'amour. Le monde qui nous entoure semble balayer l'engagement indissoluble de la communion du couple, minimiser l'offrande de la fidélité et mettre en danger l'indispensable liberté.
Benoit XVI ne s'y est pas trompé lorsqu'il déclara dans une homélie saisissante à Yaoundé (Cameroun) : "Comme saint Joseph, chers pères de famille, respectez et
aimez votre épouse".
L'Homme est souvent bien faible. Actuellement se développe très fortement au Cameroun la vente de préservatifs féminins dans les salons de coiffure. Anecdotique mais à la fois instructif. Les hommes ne veulent pas avoir trop de souci, alors les femmes s'en chargent. Les hommes ne veulent pas mettre de préservatif mais les femmes voudraient surtout parfois que les hommes les laissent un peu tranquilles. Préservez-vous, préservez-vous qu'ils nous disent... Et si nous commencions par nous maîtriser, par respecter notre conjoint qui n'est pas toujours d'accord, par aimer...
Ce qui est vrai à Yaoundé est vrai partout dans le monde. Carla Bruni et tous les autres sont emplis d'une grande générosité lorsqu'ils militent. Pourtant il serait utile, il est même indispensable qu'ils se mettent à réfléchir à la responsabilité de l'Homme (homme et femme).
Un Homme qui ne séparerait pas le corps et l'âme et comprendrait que la sexualité est un chemin de communion qu'on emprunte une fois avec la plus grande humilité.
Un Homme qui s'engagerait dans une fidélité qui fait grandir et dans un respect de l'autre qui cimente la communion du couple.
Un Homme qui aimerait tout simplement et qui de cet amour libre, fidèle, indissoluble et ouvert à la vie ferait une communion.
"Délivre-nous du mal", récitons-nous dans la prière du Notre Père. Le remède prôné par l'Église contre le mal, c'est l'amour entier et pur. Parfois, cet amour est trop exigeant, au-dessus de nos forces. Alors nous visons le "moindre mal". Mais luttons, bon Dieu, pour nous approcher le plus possible et le plus souvent possible de cet amour que nous savons être la juste voie.