Visuellement, Jarvis Cocker a repris le style de The Jarvis Cocker Record : s’il n’avait fait figurer que son prénom sur le premier (d’où que certain dénomme plus simplement ce disque « Jarvis »), ici il y appose, logiquement, son nom. A quoi bon ses détails ? Quand on connaît la personnalité de l’artiste, on sait que cela a toute son importance justement : sorti de Pulp (j’ai vraiment cru que je pourrais ne pas en parler… impossible!), Jarvis déboule. Aujourd’hui, Jarvis Cocker se détache encore un peu de son groupe. Mais, sans l’oublier une seule seconde. D’ailleurs, comme sur le précédent, l’ancien bassiste de Pulp, Steve Mackey, vient jouer sur plusieurs morceaux.
Le style de l’album ? Moins posé que le précédent, plus brute, plus vif : on sent que Jarvis Cocker a voulu faire un disque de rock, misant avant tout sur l’efficacité. Et ça marche ! Car, même si ce n’est sûrement pas un chef-d’œuvre, comme l’est le premier, il est tout de même époustouflant, en somme : c’est un disque parfait.
Alors, la musique… « Further complications » ouvre le bal par une guitare lourde. Un air classique, simple, efficace : du rock, un Jarvis qui pousse sa voix ; la production de Steve Albini y est peut-être aussi pour quelque chose. Ça devient même certain sur une majorité des morceaux. « Angela » : ce petit titre bien naïf s’avère au final très sympa à écouter, en contrepoids des dix autres titres. Ici, on pense à Jarvis qui s’éclate sur cette chanson, on l’imagine sue scène en concert sans effort ! Sans prétention, ce second titre est très frais.
Sur « Pilchard », notre grand manitou ne lâche rien, et surtout pas le micro… alors que cela aurait pu n’être qu’un instrumental, il nous lâche des paroles minimalistes géniales : « Oh, Oh, Oh, Oh, You Pilchard. Oh » et c’est tout! Place à la musique, dans cet univers où l’image ou les paroles sont aussi importantes que la musique. Ne vous avais-je pas dit que c’était là un disque de rock? Ce qui est confirmé plus loin avec un « Homewrecker ! » plutôt enragé, accompagné de Mackey au saxophone et au final très très énergique, et sur « Fuckingsong » dont le titre même n’est pas moins virulent que sa musique.
« Leftovers », « I never said I was deep » ou encore « Hold still » reviennent sur des bases déjà moins méconnues. Musique plus apaisée ; paroles à la Jarvis : « I want to be your lover… & at the risk of repeating myself, I’m gonna say it again.»
« Caucasian blues » poursuit la lancée rock’n’roll, avec un bon gros son… car Steve Albini n’est jamais loin ! Jarvis n’hésite pas à hurler quand il le faut, chose qu’il ne faisait pas avant, du moins, pas avec une telle intensité.
« Slush » nous repose les pieds sur terre, bien qu’il ne soit pas tout à fait reposant : comme le titre l’indique, la chanson « fond » littéralement, devenant une sorte de « boue » sonore. Ça sent l’explosion finale. En fin de compte, pas du tout : « You’re in my eyes (Discosong) » dépareille, détonne. Oui, il y a du disco en clôture de l’album. Le mot rock étant un fourre-tout, ce n’est pas Jarvis qui allait se priver de partir dans tous les sens pendant plus de huit minutes, se targuant même d’un passage à la Barry White qui nous prouve que le quadragénaire est toujours aussi charismatique.
Si vous prenez le temps de l’écouter, vous verrez que je n’exagère pas quant à ce très beau Further Complications.
(in heepro.wordpress.com, le 25/06/2009)
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