La 16e conférence des Nations unies sur le réchauffement climatique s’est ouverte à Cancun au Mexique avec les délégués de près de 200 pays.
Cette nouvelle conférence fait suite à 2 évènements majeurs :
- Le Protocole de Kyoto, négocié et ratifié en 1997 par 175 pays. Ces derniers se sont engagés pour atteindre en 2012 un objectif de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre, d’environ 5 % par rapport aux émissions répertoriées en 1990. Les engagements prennent fin début 2013.
- Le Sommet de Copenhague qui s’est déroulé en décembre 2009 et qui devait prendre la succession de Kyoto. Mais le Sommet s’est achevé sur un échec, aboutissant à un accord à minima juridiquement non contraignant : il ne prolongera pas le Protocole de Kyoto.
Les principaux thèmes au programme de la conférence :
- La réduction des émissions de gaz à effet de serre avec pour objectif de limiter à 2° Celsius la hausse moyenne de la température de la planète. Sujet d’autant plus d’actualité que « l’année 2010 est en bonne voie pour devenir une des années les plus chaudes, sinon la plus chaude ».
- La lutte contre la déforestation, en clair il s’agit du sauvetage des forêts tropicales. Il faut savoir que tous les ans, l’équivalent en arbres de la surface de l’Angleterre disparaît.
- La création d’un « fonds vert » dans le but d’aider financièrement les pays en développement à s’adapter aux conséquences du réchauffement climatique. Cet apport financier, promis lors de Copenhague 2009, devrait être de 30 milliards de dollars dans les 2 ans qui viennent. Mais la crise financière est passée par là…
Les grands débatteurs de la conférence !
On va très certainement assister à des débats très animés entre les deux plus gros pollueurs de la planète, Etats-Unis et Chine (50% des émissions globales de gaz à effet de serre) qui se sont déjà affrontés à Tianjin (Chine), au mois d’octobre dernier, lors des négociations préliminaires en se renvoyant la responsabilité de l’absence de réelle avancée dans les négociations.
De son côté l’UE réussira t-elle à parler d’une seule voix ?
Etats des lieux et ambitions des plus gros pollueurs.
- Chine
Premier émetteur mondial de gaz à effet de serre, tire plus de 70% de son énergie de la combustion du charbon. Avec une population représentant un cinquième de la population mondiale, une croissance d’environ 10% par an et des ventes automobiles record ces deux dernières années, son potentiel de pollution est inquiétant !
Cependant, la Chine s’est fixée un objectif de réduction des émissions de carbone et s’est engagée à produire, en 2020, 15% de son électricité à partir de ressources renouvelables, en priorité hydraulique et éolienne.
La Chine s’est engagée résolument dans une course aux énergies propres. Elle est l’un des pays qui a pris le plus d’initiatives en matière d’énergies propres en y consacrant un budget deux fois plus important qu’aux Etats-Unis. En 2009, la Chine est devenue le premier producteur mondial d’éoliennes, et en 2010 son parc devrait passer en tête, dépassant les Etats-Unis et l’Allemagne.
Comme un symbole brandi aux yeux du monde, la Chine fait de son grand projet d’éco cité de 35 km2 à Tianjin une vitrine de son engagement pour l’environnement.
- Etats-Unis
Ce sont le deuxième plus gros émetteur de gaz à effet de serre au niveau mondial.
Le président Barack Obama s’est résolument engagé à réduire les émissions de gaz à effet de serre des Etats-Unis assurant également que « Des centaines de milliers d’emplois nouveaux vont être créés d’ici à 2012 grâce aux énergies propres ».
De nombreux projets ont été autorisés dont la construction en Californie du « plus grand complexe d’énergie solaire au monde » ainsi que cinq nouveaux projets d’énergies renouvelables (4 en Californie, 1 dans le Nevada), la plus grande usine au monde de production de mâts d’éoliennes dans le Colorado, et le premier parc d’éoliennes au large des côtes du New Jersey.
Mais depuis il y a eu la victoire des Républicains aux législatives, début novembre, ce qui rend plus improbable un plan national de lutte contre le réchauffement climatique …
Un accord contraignant est-il possible ?
Il est évident et compréhensible que les pays « dits émergents », la Chine, l’Inde, le Brésil, la Russie… n’ont pas envie de brider leur croissance en limitant l’usage des énergies fossiles dont ils disposent et qui sont les moins chères. Beaucoup de pays, en particulier africains, n’ont pas les moyens de se passer de l’utilisation de ces énergies.
Pour parvenir à la signature d’un accord contraignant, il va donc falloir que les pays « dits riches » passent à la caisse et proposent des compensations pour les uns et des subventions pour les autres. La crise économique et financière actuelle, loin d’être maîtrisée, leur en laisse t-elle les moyens ?
Mauvais signe, les chefs d’Etat ne feront pas le déplacement pour ce sommet, alors qu’ils avaient pris part aux négociations passées. Seuls les ministres de l’Environnement de chaque pays viendront défendre leur point de vue.
Le pessimisme est de rigueur …
« Je suis un peu déprimé au sujet de Cancun» confiait à Reuters ces derniers jours l’ancien vice-président américain Al Gore voué aujourd’hui à la cause écologiste.
La pire solution serait de se donner rendez vous à Durban l’an prochain, sans aucune avancée ni accord contraignant, comme à Copenhague l’an dernier…
Crédit photo Flickr /Señor Codo / Greenpeace Esperanza / Sprengben / kaibara87