Exclu : Interview de Jean-François Battini.

Publié le 02 décembre 2010 par Assoacp
En ce début de mois de Décembre, notre rédaction poursuit ces entretiens exclusifs. Gros plan aujourd'hui sur l'homme politique Jean-François Battini. L'ancien Président du Mouvement politique "Demain la Corse - Forza Corsica", nous fait part de ses avancées depuis les dernières Municipales, ainsi que ses futurs projets.
1)M. Battini, on vous avait quitté après les dernières territoriales, que devenez vous sur la scène politique aujourd'hui?
"Après les élections territoriales de mars dernier, j'ai décidé de prendre du recul avec l'action politique, de manière à entamer un indispensable travail de réflexion. J'ai créé, avec mes amis, en octobre 2007 le Cercle de Réflexion Demain la Corse, puis, en septembre 2009, le mouvement politique Demain la Corse-Forza Corsica, dont j'ai conduit la liste aux Territoriales de mars 2010.

Tout le monde a reconnu que je me suis investi énormément dans la campagne. Le résultat décevant de la liste Forza Corsica n'a pas été à la hauteur de mes espérances. Mais pouvait-il en être autrement sans le soutien d'élus (que j'avais pourtant sollicités mais qui ne voulaient s'engager qu'à coup sûr et je peux le comprendre)?

Je pouvais choisir d'arrêter la politique (après tout, je n'en vis pas...) ou de continuer.
Après mûre réflexion, j'ai choisi de poursuivre mon action mais en tirant les leçons de l'expérience passée. J'ai donc annoncé au début du mois de septembre que je rejoignais mon camp naturel, auquel j'ai toujours appartenu, le camp libéral. Mon objectif est de me donner les moyens d'arriver, avec d'autres, aux responsabilités pour faire prévaloir mes idées au service de la Corse".


2)Même si cela peut vous paraître lointain, quel bilan tirez vous de ces dernières élections? Le contact avec la population s'est il bien passé?

"Mieux que ça! Le contact avec la population m'a beaucoup apporté. J'ai été Directeur de Cabinet du Président de l'Assemblée de Corse pendant la période du processus de Matignon. J'ai donc une bonne expérience des dossiers et des contacts avec les décideurs. En revanche, il me manquait le contact avec les citoyens, la connaissance de la réalité des choses. Je suis donc allé, avec mes colistiers, sur le terrain, en sillonnant la Corse du Nord au Sud et de l'Est à l'Ouest, dans l'urbain et dans le rural. J' ai pu mesurer l'attente et la sympathie des citoyens envers une démarche d'intérêt général qui avait pour objectif de redonner confiance en la Corse et de tirer parti de ses atouts et de ce que j'ai appelé « l'Excellence Corse », à rebours du discours misérabiliste et défaitiste que certains de nos compatriotes véhiculent à tort".

3)Revenons un peu sur la chaude actualité politique en France ( et donc en Corse), quel est votre sentiment sur le projet de loi sur la Réforme des Retraites qui a été promulgué? Comprenez-vous l'inquiétude des Syndicats et des Citoyens?
"Bien sûr que je comprends l'inquiétude légitime manifestée par la population et par les syndicats. Il s'agit d'une réforme qui, parce qu'il n'y a pas d'autre choix possible, remet en cause des acquis importants qu'on aurait tous souhaité voir pérennisés.

En même temps, il faut bien se rendre compte que cette réforme courageuse était indispensable pour garantir l' équilibre et, au delà, l'avenir du régime de retraites par répartition auquel nous sommes tous attachés. Les choses ont changé, l'espérance de vie a augmenté considérablement et elle va encore s'accroître.C'est plutôt une bonne nouvelle, me semble-t-il. Parallèlement la crise est là et les finances de la Sécurité sociale sont ce qu'elles sont. Il fallait agir plutôt que se voiler la face et attendre tranquillement que la situation devienne inextricable. J'observe, de surcroît, que des mesures ont été prises pour permettre le départ légitime à 60 ans, sous conditions, de ceux qui ont eu des carrières à la pénibilité reconnue. Il s'agit donc d'une réforme intelligente et responsable que j'approuve".


4)Le Président de la République vient de procéder à un large remaniement de son Gouvernement, finie l'ouverture, place à une politique plus centrée à droite, quel est votre sentiment?
"Mon sentiment est qu'il s'agissait d'une étape nécessaire. Le Gouvernement avait besoin d' un souffle nouveau pour affronter la dernière étape du quinquennat qui conduira dans 18 mois à l'élection présidentielle. Le maintien du Premier Ministre, François Fillon, permet de conserver la cohérence de l'action et l'arrivée de ministres nouveaux, des femmes, des personnalités d'expérience, permet le nécessaire renouvellement. Le fait que le Gouvernement soit recentré sur ses fondamentaux politiques, et donc à droite, me paraît une excellente chose pour la clarté du débat politique qui va s'engager. J'observe toutefois que des personnalités issues de la diversité demeurent membres de ce Gouvernement et cela me paraît être un gage de l'ouverture indispensable du Gouvernement sur la société civile et ses diverses composantes".

5)Justement, pensez-vous que le départ de Jean-Louis Borloo (insulaire d'origine) peut il remettre en cause le Galsi?
"J'apprécie tout particulièrement Jean-Louis Borloo, sa fougue, son engagement total sur les chantiers liés à l'environnement et à la cohésion sociale et suis assuré qu'il jouera encore un rôle important, dans le futur, dans la majorité. Sur le Galsi, je n'ai aucune inquiétude, il y aura une continuité de la politique de l'Etat, dans ce domaine, comme dans d'autres".

6)La session de l'Assemblée de Corse du 15 décembre, va traiter d'un vrai problème en Corse depuis des années, la violence (et tout ce qui s'y rattache), quel est votre point de vue sur ce problème que traverse la Corse aujourd'hui (comme le continent?)
"L'organisation de la session sur la violence à l'Assemblée de Corse me paraît être une excellente initiative car l'Assemblée de Corse, de par son statut, traite des affaires de la Corse et ne saurait être indifférente à cette problématique majeure qui la concerne. En même temps, je souhaite qu'elle ne soit pas une énième occasion d'exprimer des voeux pieux. Car tout le monde est contre la violence... Mais une fois qu'on a dit ça, a-t-on fait avancer le problème pour autant? Je pense que le développement économique centré sur nos domaines d'excellence et sur la Méditerranée que je préconise depuis longtemps est l'un des éléments de la solution. Car créer de l'emploi résorbe automatiquement un certain nombre de tensions liées à la précarité. Mais, au delà, je pense, et cela relève de la compétence de l'Etat, qu'il faut une politique de sécurité plus forte de pour assurer la tranquillité des citoyens dans certains quartiers difficiles des grandes agglomérations ou nous commençons à rencontrer des problèmes que nous croyions réservés aux banlieues du continent".


7)Les élections cantonales approchent, vous nous confiez récemment avoir des projets...ceux-ci concernent-ils justement ces élections?

"Les élections cantonales ne font pas partie de mes objectifs politiques, même si je salue le travail de qualité conduit par les conseillers généraux et leur implication de proximité auprès des citoyens. Je suis d'ailleurs partisan de revoir l'architecture institutionnelle de la Corse pour nous inscrire pleinement dans la réforme nationale des collectivités territoriales qui a pour ambition d'apporter de l'efficacité et de la simplification dans l'organisation politique des territoires. En revanche, les élections suivantes avec en point d'orgue les Territoriales de 2014 vont m'intéresser très directement".

8)Depuis quelques mois le pouvoir-tant à l'Exécutif qu'à l'Assemblée de Corse-, est tourné à gauche, pouvez vous faire un petit bilan des décisions prises par les hommes en place?

"Deux choses. D'une part en tant que fonctionnaire de la Collectivité Territoriale de Corse, je suis tenu à l'obligation de réserve que j'entends respecter intégralement, je ne porterai donc pas un jugement sur l'action du pouvoir régional. D'autre part, et je l'ai prouvé dans ma campagne pour les territoriales de mars 2010, je suis quelqu'un qui se situe plus dans la présentation de ses idées et de sa vision pour la Corse que dans l'analyse de ce que font ou ne font pas les autres. Je pense que c'est beaucoup plus porteur et utile pour la Corse. Le moment venu, je livrerai donc ma contribution à un Projet pour la Corse".

9)Enfin, dernière question, en guise de conclusion, qu'avez vous à dire aux internautes qui liront cette interview?
"Je souhaiterais leur dire qu'il faut croire en la Corse, en ses potentialités, en nos potentialités. Je suis persuadé, aux antipodes de ce que véhiculent certains esprits chagrins, que la Corse peut produire le meilleur. Il suffit que nous le voulions, ensemble.

Nous avons des atouts pour nous inscrire pleinement dans la modernité, tout en préservant ce qui fait que nous sommes Corses, notre identité. Je défends une identité ouverte, généreuse, pleinement insérée dans l'ensemble national et, en même temps, centrée sur la Méditerranée ( vers la Toscane, la Sardaigne, la Catalogne, notamment), appuyée sur l'usage intensif des nouvelles technologies qui nous permettra de rompre notre isolement et de devenir compétitifs.

Je pense que nous pouvons proposer cette ambition à la jeunesse Corse qui saura , si on sait la motiver et s'appuyer sur ses potentialités, s'impliquer fortement au service de son île.

Et cette action offensive sera l'un des meilleurs moyens de lutter contre la précarité grandissante sur notre territoire. Cela doit être notre chantier prioritaire".