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Hier soir était un grand soir, celui de la lumineuse Madjo à la Maroquinerie, toute de violet et de rouge vêtue. Sa première grande scène parisienne est une réussite totale, tant par le répertoire puisé dans son premier album éponyme "Trapdoor" que par le succès mérité qu'elle a emporté auprès du public. Mais avant d'être sous le charme de la musique de Madjo, sa première partie "You and You", en formation restreinte apparaît sur la scène de la Maroquinerie. Félix Pérez, le chanteur de You and You, les 2 pieds ancrés sur cette scène intimiste, fait immédiatement décoller l'auditeur de sa voix puissante et envoûtante. Accompagné de sa guitare, il égrène avec passion mais sobriété son répertoire issu de son premier EP disponible "Songs, Stories and Magic Tricks" : ses chansons se déroulent divinement à nos oreilles « Crawling », « Brand New Son », « Dangerous Sign ». Avec son nouveau guitariste Matthieu, qui gratte harmonieusement sa guitare les mélopées folks et profondes de You and You, on sent bien que le duo est en phase. Et pas qu'eux visiblement, car quand Félix demande au public de l'accompagner, ce dernier ne se fait aucunement prier, que ce soit pour battre les mains en rythme sur « Bye Bye » ou faire les choeurs sur l'époustouflant « Rainbow ».
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Le public qui n'a aucune difficulté à entrer dans son univers musical, sait aussi être attentif quand les morceaux se font plus lents et fluides, et carrément dans une émotion palpable sur « House of the Moon ». Le set du duo ne serait pas parfait sans une très jolie surprise sur la scène de la Maroquinerie. Madjo suivie de ses musiciens vient accompagner Félix aux choeurs de « One More Day », et redonne à cette composition une nouvelle couleur, un nouveau jour dans la moite atmosphère de la salle. C'est le succès assuré et c'est sous les applaudissements nourris du public que You and You lasse la place à Madjo.
Le concert de Madjo a une signification toute particulière à mes yeux, j'ai l'impression de l'avoir vu grandir, depuis le jour où je l'ai vu pour la première sur la scène du Hangar. (lire ici mon live report). Ses "oiseaux" comme elle les appelle étaient encore sans instrument que leurs voix et son batteur faisait des démonstrations de beat-box entre ou dans les morceaux. Elle était à la fois timide, investie pleinement dans sa musique, plus que convaincante sur scène et déjà sur les traces de la grande artiste qui s'offre à nous ce soir. Car Madjo a mûri, elle a élevé son projet musical là où il aujourd'hui jusqu'à ce magnifique album qui est disponible depuis quelques mois maintenant.
Elle n'a pas vraiment changé dans sa timidité, quand elle arrive tout doucettement, comme pour ne pas nous déranger sur cette belle scène. La lumière embrasse ses boucles brunes d'un teint irisé et orangé qui contraste finement avec sa petite robe violette à manches longues (dont elle dira qu'elle ne comprendra pas pourquoi elle l'a mise vu la chaleur qui règne en ce lieu) et ses collants rouges comme une ballerine accrochée à sa jolie guitare électrique rouge. On devine à peine son regard caché derrière ses cheveux bouclés, mais par contre la voix elle ne se devine absolument pas, elle claque, elle vibre tout au long de ce concert, elle se fait amoureuse pour mieux nous attraper, un peu sensuelle, quelquefois lyrique et surtout agréablement portée par ses choristes. Car la magie de Madjo c'est aussi ça, des compos qui vous attachent, des mouvements de langue, des mains qui claquent, des respirations hiératiques, des échos énigmatiques et des envolées chatoyantes aux harmonies vocales constamment renouvelées et puissantes.
On reconnaît, enfin pour la fan aguerrie que je suis, les chansons suivantes : le pétillant « Le Nid des 100 soucis », « Another Day », le transcendant « Leaving My Heart »,l'incansdescent « Cracheur de Feu » . On suit avec gravité et sérieux les histoires que nous racontent Madjo à travers ce merveilleux « Leadbelly « Where Did You Sleep Last Night » où l'audience s'essaie à la fois au rythme (avec plus ou moins de réussite) et aux choeurs de la chanson. Si elle nous intime le souhait de fermer les yeux le temps d’une chanson, le public la suit sans manifester de refus (bien au contraire) et part dans son univers onirique et lumineux. Elle finit de nous tourbillonner le coeur, les oreilles et les tripes sur les compositions« Catch The Bird » , ou « Coeur Hibou » .
On ne se doute même plus que la fin du concert est arrivé à nos dépens, tellement nous sommes entrés dans son émouvante musique Folk. Sa timidité du début s'est évaporée dans les airs, elle danse gaiement, au rythme des cordes et du battement des tambours de sa choriste et de son batteur. Elle sait qu'elle a gagné son pari et elle tellement heureuse qu'elle offrira 2 rappels au public de la Maroquinerie visiblement non encore rassasié de sa musique. Elle ne pouvait pas mieux terminer son show sur sa chanson emblématique « Trapdoor In The Wall » et nous faire le superbe cadeau de « Lion Monkeys Husband ».
Mon coeur a battu très fort ce soir, il est enfin heureux d'avoir vu Madjo resplendissante tant dans l'interprétation de ses chansons que sa complicité, parfois teintée d'humour avec ses musiciens (qui le lui rendent bien), que dans l'échange radieux et intense qu'elle a eu avec SON public. Si vous ne la connaissez pas encore, il est encore temps de vous rattraper en achetant son superbe album "Trapdoor" (illustrée de très belle façon par Ellen Sylla, sa soeur) et surtout ne la ratez sous aucun prétexte sur les routes de France, en jetant un oeil sur son Myspace. La même recommandation vaut pour You and You actuellement sur les routes, avec son premier EP "Songs, Stories and Magic Tricks" en bandoulière. Prochainement le blog vous fera cadeau d'une ITW avec Félix.