Aussi étrange que cela puisse paraître, il est des fois où François Fillon arrive à inspirer de la compassion. Pas quand il assure "je pense qu'on doit arriver très près de 2% en 2007, c'est-à-dire entre 1,9% et 2%", dans de telles circonstances il fait pitié (ce qui est très différent de la compassion), mais plutôt quand il se fait piquer la vedette dans les médias par Claude Guéant, le secrétaire général de l’Elysée.
En effet, François Fillon a dû pathétiquement ramer lors du Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI pour tenter de déminer la mise à mort des 35 heures lancée par Nicolas Sarkozy lors de son show télévisé de mardi, en affirmant que si "le gouvernement veut la fin des 35 heures imposées à tous. On ne veut plus qu'il y ait de contingent imposé. En revanche, nous voulons que les 35 heures restent une référence hebdomadaire en termes de durée de travail. Autrement dit, les 35 heures, ce sera un plancher; les 35 heures, ce sera l'horaire de travail de tous ceux qui souhaiteront rester à 35 heures, c'est-à-dire dans les entreprises où il n'y aura pas d'accord". Comprenne qui pourra ou qui voudra… De même il essayé de se convaincre lui-même, à défaut de convaincre les Français, que les municipales de mars prochain ne seront "pas du tout un test pour l'action" menée par le gouvernement ni un scrutin "pour ou contre Nicolas Sarkozy", tout en observant que ces élections auraient une "résonance nationale". Le tout en assurant déjà le service après-vente de la défaite en rappelant que "ces élections municipales n'auront pas d'effets sur la mise en oeuvre de réformes".
En plus de devoir assumer l’incurie des promesses du candidat Sarkozy et l’échec pour le moment patent de ses huit premiers mois de présidence, François Fillon ne peut pas une seconde compter sur la moindre solidarité en provenance du Château, puisque dès dimanche midi sur Canal +, Claude Guéant avait bien pris soin de préciser que le chef de l’Etat a "une place à part dans nos institutions et qui s’il n'est pas hors du débat, mais on ne peut pas non plus l'assimiler à la parole gouvernementale".
Bref, François Fillon coulera seul, le jour où le naufrage deviendra inévitable. Mais la bonne nouvelle pour lui c’est, contrairement au secrétaire général de l’Elysée, qu’il n’a pas à se fader les explications sur l’angine présidentielle du type "il est allé à l'hôpital du Val-de-Grâce pour se faire ponctionner un flegmon qu'il avait dans la gorge. Il est resté juste quelques heures et il a fini la nuit chez lui, dans son lit, à l'Elysée".
Mais comme dans tout bon régime de cour, reste à savoir lequel des deux sera le parrain de l’éventuel enfant de Nicolas et Carla…