Après cette prise de connaissance concise et non exhaustive de cet artiste indépendant et très créatif qu'est "Mr Lee", revenons maintenant sur le disque qui nous intéresse à ce jour et sur cette
collaboration inattendue et sujette à toutes les rumeurs entre ces 2 êtres cryptiques de la sphère musicale. Shawn Lee a visiblement choisi de jouer, lui aussi, la carte du mystère.Il raconte
avoir croisé dans une boutique d'articles vintage du désert de Mojave un vieillard qui, le trouvant sympathique, lui a remis un masque de tigre, lui demandant de le porter chaque soir de pleine
lune. De retour à Londres, c'est lorsqu'il portait le masque que Lee aurait découvert, à l'intérieur de celui-ci, une cassette audio identifiée "C.H" sur la face A, et "Fool Moon Breaks Vol.1"
sur l'autre face. Ce jour là, tout en gardant le masque sur la tête, il insère la cassette dans son lecteur et, ô miracle, lui qui d'ordinaire ne danse jamais se trouve emporté par la qualité du
son groovy sortant de ses enceintes et se trémousse sans effort et le plus naturellement du monde au beau milieu de la pièce. C'est alors qu'il se souvient de cet artiste talentueux que la
maison de disques qui l'emploie a signé récemment après que celle-ci soit tombée, par le plus grand des hasards, sur des bandes récupérées lors d'un voyage découverte dans le désert de Mojave,
celui-là même où il s'est vu confier la charge de ce fameux masque aux vertus magiques. C'était sans compter sur la perspicacité de Lee qui aura vite fait de faire le rapprochement entre
ses noms. C.H s'appelle en fait Clutchy Hopkins, et les deux hommes vont entamer à distance une fructueuse collaboration. Un beau jour Lee reçoit un cd comprenant des morceaux que lui soumet
Hopkins. Libre à lui de se les approprier ou simplement d'y ajouter ses idées. 3 mois plus tard "Clutch Of The Tiger" est prêt. Vous connaissez maintenant l'histoire et la genèse de ce mystérieux
projet instrumental, reste donc à parler de son contenu et de sa forme.
Première impression, sur les 12 titres de l'album il est dur de discerner la touche particulière de l'un ou l'autre des protagonistes. A l'écoute tout semble laisser penser que les deux hommes ne
font en fait qu'un. Mais qu'importe si le mythe s'écroule. Plus qu'une simple fable ou qu'une histoire philanthropique, ce disque offre un bel échantillon de ce qu'a l'habitude de produire Shawn
Lee depuis son studio londonien, un jazz sombre et épuré ou se mêlent électrique et acoustique pouvant virer au funk ou à la soul selon les cas. L'ambiance est toujours très apaisée et laisse
planer un calme et une sérénité très appréciables et jamais arrogant. Comme souvent s'agissant de cet artiste il y a peu de notes mais beaucoup d'arrangements, et c'est bien là qu'est tout
l'intérêt de sa musique (on comprend bien pourquoi elle a tant séduit les médias et le public). Vous ne trouverez jamais 8 mesures identiques ni même un thème prédéfini et respecté sur la durée
d'un même morceau. La multitude d'instruments utilisés rend sa musique très riche et très vivante, évoquant différents styles sans pour autant jamais se heurter à une quelconque baisse de
créativité.
Un disque qui j'en suis sûr ne vous laissera pas indifférent et dont vous trouverez, comme toujours sur ce blog, des liens vous permettant d'en connaitre plus sur le bonhomme ou tout simplement
d'acheter son disque sur le net.