L'interview de Paul Beorn (2/3)

Publié le 30 novembre 2010 par Acdehaenne

Comme promis, voici la deuxième partie de l'entretien que j'ai eu avec Paul Beorn : 

A.C. : À combien d'éditeurs as-tu envoyé ton manuscrit avant d'essayer Mnémos ?

Paul : Un nombre vraiment très petit qui porte le nom de « zéro ».

A.C. : C'est vrai ? Pas mal !

Paul : Mais Mnémos a mis plus d’un an pour me répondre et entretemps, j’avais essayé un petit éditeur qui l’a refusé.

A.C. : J'imagine qu'il y a eu un travail de réécriture. Comment cela s'est-il passé ?

Paul : Avant d’envoyer le manucrit, j’ai relu et retravaillé ce roman une bonne cinquantaine de fois. J’ai conservé toutes les versions sous format électronique : “Jéhanne 10.04.06” “Jéhanne 15.05.06”, il y en a des dizaines... Dans la toute première version, par exemple, le texte était rédigé au présent de l’indicatif – j’ai tout remplacé par le passé simple.

Une fois le roman accepté chez Mnémos, je me suis attendu à des changements douloureux, à des compromis et des sacrifices. En fait, pas du tout. On m’a demandé d’étoffer légèrement la fin du tome 2, mais j’étais bien conscient que quelque chose clochait donc ça ne m’a posé aucun souci. Puis ma directrice d’ouvrage, Hélène Ramdani, qui avait adoré le texte, m’a renvoyé un fichier avec toute une série de propositions de modifications.

Ce n’était rien du tout : le plus souvent, il s’agissait d’un mot à changer pour éviter une répétition ou lisser une phrase – le travail éditorial normal, en fait, rien de bien traumatisant surtout que j’avais été habitué à le faire sur CoCyclics.

Rien ne m’a été imposé. Nous avons passé quelques heures au téléphone à discuter de chaque point, en rigolant beaucoup, en argumentant passionnément et... c’est un merveilleux souvenir. J’aurais aimé que cela dure plus longemps et j’y repense toujours avec le sourire aux lèvres.

A.C. :La Perle et l'Enfant a-t-il été écrit comme un diptyque dès le départ, ou bien était-ce un seul roman à la base, qui a été coupé en deux ensuite par l'éditeur ?

Paul : Il a été écrit en deux étapes, avec une pause de deux ans entre les deux. Mais je l’ai toujours considéré comme un seul roman et c’est Mnémos qui a demandé à en faire deux tomes. Je le regrette un peu, mais je n’allais tout de même pas refuser.

A.C. : Oui, je comprends.Dans ma critique de La Perle et l'Enfant parue sur le site de la Yozone, je disais trouver le personnage de la sorcière étonnamment faible pour être la méchante de l'histoire. Or tu m'as dit que j'avais fait un contre-sens, qu'il n'y avait pas vraiment de méchant dans ton roman. Peux-tu nous en dire d'avantage (sans, bien sûr, nous dévoiler l'intrigue) ?

Paul : Ce n’est pas un contresens. En fait, il y a bien une méchante dans l’histoire, mais c’est son aspect “terrifiant” que je contestais : elle fait le bonheur des gens. Certes, c’est un bonheur factice et qui finit par leur coûter cher, mais en aucun cas, elle ne les terrifie, bien au contraire.

Par ailleurs, il est vrai que ce personnage apparaît très peu dans le premier tome, car la narration est focalisée sur le personnage de Jéhanne.

Mais le véritable “méchant”, dans cette histoire, ce serait plutôt cette foule de gens qui se trompent, par faiblesse ou par lâcheté, qui ont abandonné leur libre arbitre et ont accepté le “pacte” de magie. Ceux-là voient dans Jéhanne une ennemie, parce qu’elle leur rappelle que leur bonheur n’est qu’une illusion et ils n’ont pas du tout envie d’ouvrir les yeux.

A.C. : Merci, c'est très éclairant. Cela fait plus de deux mois que ton premier livre est sorti (moins de un pour le deuxième). Comment vis-tu cette nouvelle vie ?

Paul : Pour être honnête, ça ne change pas grand chose. Je continue à aller travailler tous les matins et à mener ma petite vie tranquille.

Ce qui change, ce sont les salons où je rencontre tout le petit monde de l’imaginaire, toujours très ouvert et accessible, et ces rencontres inoubliables avec des lecteurs ou des chroniqueurs, comme Flo des Lyonnes de la SF. J’ai l’impression d’avoir ouvert un petit passage dans un autre univers et de pouvoir y aller quand ça me plaît, une sorte de double-vie, en fait.

Ce qui change aussi et surtout, c’est de savoir, en allumant mon ordinateur, que des lecteurs attendent maintenant de lire ce que je vais écrire...

A.C. : Oui, et j'en fais partie ! J'ai lu sur ton blog que tu fais des séances de dédicaces, et que celles-ci n'attirent pas toujours les foules... Veux-tu nous en faire part ?

Voilà pour la deuxième partie. La fin devrait arriver dès demain. En attendant, pour combler quelque peu votre frustration, je vous invite à aller lire (si ce n'est déjà fait) une critique vraiment très importante pour moi : La Tune dans le Caniveau.

A.C. de Haenne