La première partie du film relève à la fois de la comédie de moeurs, du polar à l'anglaise et de la tragédie grecque. Ou comment un concours de circonstances constitué de micro-accidents peut mener à la perte d'un ou plusieurs individus. Cruelle mais traitée de façon assez classique, cette première heure est assez satisfaisante. On pourrait s'agacer de la mise en scène un peu trop vaporeuse, ou du jeu un peu frêle du couple Knightley/McAvoy ; mais non. Tous les petits défauts du film tendent bizarrement à lui donner plus de charme, d'intérêt, d'originalité.
Vient la seconde moitié : deuxième guerre mondiale, loin des yeux près du coeur, tout le tintouin. Là encore, si l'on considère chaque scène indépendamment des autres, il y a de quoi crier au mélo, au cliché, au scandale. Mais non : pris dans sa globalité, Reviens-moi libère une pleine cargaison de frustration et de cruauté. Difficile d'en dire plus, tant le film slalome entre le très attendu et le très surprenant. Une chose est sûre : c'est beau. D'autant que la mise en scène de Wright finit par se révéler parfaitement adaptée au sujet. On n'aurait pas cru cela du réalisateur d'Orgueil et préjugés, qui révèle un potentiel insoupçonné. Le long plan-séquence sur la plage est un parfait exemple de son aptitude à concilier le très technique, le très brutal et le très émouvant. Même si d'autres films le mériteraient sans doute davantage, ça ressemble à s'y méprendre à un film à Oscars...
8/10