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Médias : Les misères du journalisme culturel au Cameroun

Publié le 30 novembre 2010 par 237online @237online

Écrit par Le Jour   

Mardi, 30 Novembre 2010 12:02

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Médias : Les misères du journalisme culturel au Cameroun
La pratique du métier bute sur de nombreuses difficultés, dont l'amateurisme des journalistes.
Du 20 au 26 novembre 2010, la 18ème édition des Rencontres théâtrales internationales du Cameroun (Retic), en partenariat avec la Cameroon art critics (Camac), a organisé, à Douala et à Yaoundé, un atelier de formation sur le journalisme culturel, animé par Laure Malécot, journaliste culturelle française.

Ambroise Mbia, le promoteur des Retic, explique qu'il est nécessaire pour la culture camerounaise

d'avoir des journalistes bien formés, qui savent de quoi ils parlent.

A ce propos, les artistes, premiers concernés par le travail de cette catégorie de journalistes, ne tarissent pas de critiques. «Il n'y a pas beaucoup de journalistes culturels au Cameroun», lance le musicien Roméo Dika. Il en veut pour preuve le fait que «parfois, un journaliste culturel fait des commentaires inappropriés sur un album alors qu'il n'y connaît rien ». Cette ignorance est aussi relevée par le metteur en scène Jacobin Yarro : « Les journalistes culturels n'ont pas le langage professionnel adéquat. Lire un spectacle, par exemple, veut dire qu'on est capable de décoder les codes utilisés par les artistes. Sur le plan culturel, on a besoin que les journalistes culturels se forment à la lecture des différentes formes d'expression artistique et se cultivent». Or, jusqu'à présent, regrette-t-il, le journalisme culturel ne va pas au-delà du simple reportage classique, et aborde rarement la critique artistique.

L'absence de formation n'est pas le seul problème auquel font face les journalistes culturels. Parfait Tabapsi, le président de la Camac, l'association des journalistes culturels, en a recensé d'autres : « Un : il y a des rédactions qui n'ont pas du tout de rubrique culture, notamment à la radio et à la télévision. Et même quand la rubrique existe, elle n'est pas toujours régulière. Deux : les gens ne viennent pas toujours en culture par passion, et l'un des combats de la Camac est que les gens fassent le journalisme culturel par conviction». Justin Blaise Akono, le chef de la rubrique Culture à Mutations, lui, explique que la première difficulté à la pratique de son métier est interne. Il vient du manque de reconnaissance du travail des journalistes culturels, qui fait rarement la une, en dehors des polémiques. «La page culture peut sauter à tout moment pour laisser la place à la publicité», se plaint-il. Serge Edzou, directeur des programmes à Magic Fm, estime que la culture est très souvent lésée face aux effectifs insuffisants dans les rédactions.

Pour Laure Malécot, les journalistes culturels camerounais s'en sortent déjà pas mal : «Ils ne sont pas aidés par le contexte au niveau du manque de matériel et du manque d'information, mais ils sont prolifiques. Maintenant, il faudra évoluer vers un mieux». Et ce mieux passe par la formation. «Cet atelier nous renforce dans notre conviction que nous sommes sur la bonne voie et nous permet d'affiner notre art. Notre souhait est que de telles initiatives se multiplient», espère Parfait Tabapsi.

Stéphanie Dongmo

Laure Malécot : "Le journaliste culturel est plus axé à donner l'information au public"

Animatrice d'un atelier de formation sur le journalisme culturel, elle parle du rôle des professionnels de ce métier.

Qu'est-ce que le journalisme culturel?
C'est une forme de journalisme très particulière, qui emprunte un peu au journalisme d'investigation parce qu'il faut être curieux, savoir enquêter pour chercher l'origine de l'inspiration d'un artiste, d'où il est originaire, dans quel contexte il a vécu. Il y a un peu de journalisme politique là-dedans aussi, parce qu'un artiste exprime toujours la situation politique d'une société. Pour bien comprendre ce qu'il fait ou dit, il faut absolument se renseigner sur la situation du pays d'où il est originaire.

Quelle différence y a-t-il entre le journaliste culturel et le critique ?
Je ne fais pas vraiment de nuance entre le journaliste culturel et le critique, mais je dirais que le critique analyse une oeuvre pour aider l'artiste à réfléchir sur son travail, alors que le journaliste culturel est plus axé à donner l'information au public. Mais en gros, les journalistes culturels sont aussi des critiques.

Quel est le rôle du journaliste culturel?
Il est vital, c'est un pilier du milieux culturel. C'est grâce à lui que le travail des artistes est connu par le public. Cela permet à quelqu'un qui ne peut pas aller à un spectacle, par exemple, de suivre la vie culturelle de son pays, de pouvoir réfléchir et d'appréhender ce qui se passe. C'est aussi un élément de réflexion pour les artistes.

Quelles sont les qualités à avoir?
La passion, la curiosité, l'intégrité et l'éthique. Si on a ces quatre qualités, le reste vient ensuite. C'est la patience, le courage, le goût du sacrifice, parce que si on veut vraiment faire ce métier, on doit pouvoir sortir le soir. Cela veut dire qu'il faut avoir une vie privée pas très envahissante.

Y a-t-il des pièges à éviter?
Oui. La tentation de l'opportunisme et l'égocentrisme. A force de côtoyer les artistes, on peut se tromper.

Justement, la familiarité avec les artistes ne corrompt-elle pas le jugement d'un journaliste culturel ?
Je ne crois pas. Si on aime vraiment les artistes, on a envie de les aider. Et les aider, ce n'est pas dire tout le temps que c'est bien ce qu'ils font, c'est garder un oeil critique sur leur travail. Cependant, il faut savoir dire les choses, car les artistes sont très sensibles.


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