“La table recouverte d’une nappe en papier blanc dentelé, est maintenant sens dessus dessous, parsemée d’assiettes en carton, de gobelets en carton, de bouteilles vides abandonnées n’importe où, n’importe comment, de canettes tordues, de cendriers qui débordent de mégots mal éteints. »
Des nappes qui dérapent, des verres qui se fracassent, des « Dessous de table » qui révèlent bien des déceptions, ces trahisons de la vie quotidienne, lesquelles se servent tranchées, résignées.
Nicole Versailles – la bienveillante Coumarine – a décidé d’aller au-delà des poncifs lié s à la table et aux automatismes de la convivialité programmée.
Sondant le cœur de Myrto, la prostituée, Inge, la Berlinoise, Marie-Solange, en proie à une crise subite de coquetterie, .. et des protagonistes de dix-huit nouvelles, Nicole Versailles scrute l’envers des nappes, et celui des âmes.
Mais il est aussi des moments où les tâches de la table revêtent une vraie dimension communielle :
« Autour de la table, toutes les femmes de la famille sont rassemblées, toutes championnes des gestes ordinaires. Chorégraphie légère des couteaux éplucheurs, bavardages animés autour de la grande table. Comme chaque année toutes ces femmes ont été sollicitées pour faire un sort aux pommes du verger de la grande maison familiale. Et leurs mains dansent et virevoltent la joyeuse farandole des pommes »
Apolline Elter
Les dessous de table, Nicole Versailles, nouvelles, Memory Press, octobre 2010, 164 pp, 14 €