Les pieds dans le plat. Ségolène Royal n’a pas failli à sa réputation en surgissant de sa boite quand on ne l’attendait pas. L’ex candidate des socialistes aux présidentielles de 2007 a annoncé lundi dans un entretien à deux quotidiens régionaux, La Nouvelle République et Centre Presse, qu’elle est candidate aux primaires pour 2012. Ce matin sur France Inter, réfutant dans des explications alambiquées avoir rompu le pacte avec Martine Aubry et DSK, la dame du Poitou a précisé qu’elle n’était en mouvement contre personne, surtout pas contre DSK avec qui tous les arrangements restent possibles.
Si Ségolène Royal devait se choisir une devise, elle pourrait adopter celle de la ville de Paris : “Fluctuat nec mergitur” (battu par les flots mais ne sombre pas). Mal placée dans les sondages, la présidente de Poitou-Charentes n’entend pas jouer les potiches dans la perspective de 2012.
Après avoir réfuté ce week-end l’existence d’un pacte pour les primaires évoqué par Martine Aubry, ce matin sur France Inter, Ségolène Royal nuançait ses propos. Celui-ci existerait bien mais ne serait qu’une “alliance fraternelle” de non agression, en aucun cas un dispositif pour “barrer la route” aux autres prétendants. La révélation de l’accord a toutefois contraint la présidente de Poitou-Charentes à changer sa stratégie de chat (faussement) endormi.
A la question de Patrick Cohen qui l’interrogeait sur les raisons qui l’ont poussé à annoncer dès à présent sa candidature, Ségolène Royal a répondu par une pirouette, “Et pourquoi pas maintenant ?” “Ce n’est pas une décision par surprise“, “Je fais le mouvement dans le respect de tout le monde” s’est-elle défendue, précisant avoir consulté ses deux “alliés” avant de se lancer.
Sur le calendrier des primaires, la présidente du Conseil régional du Poitou-Charentes a donné raison à François Hollande et Manuel Valls qui contrairement à Martine Aubry demandent que celui-ci soit avancé au regard de la mise en ordre de bataille de la majorité présidentielle. Ségolène Royal estime à son tour qu’”on ne rentre pas dans une bataille à reculons” et que ” le temps politique s’accélère” au moment où “les Français doutent de la politique“.
Exaspérante par sa tendance à rabacher, la présidente de région a usé une grande partie de son temps à parler de “Dominique” tout en évitant soigneusement d’évoquer “Martine”. Après avoir s’être faite l’avocate des qualités du Directeur du FMI, Ségolène Royal a laissé la porte ouverte aux accords avec celui-ci et même d’un retrait à son profit : “Le moment venu, je verrai avec Dominique quel est le meilleur dispositif gagnant“.
La vraie surprise vient toutefois du fait qu’à deux reprises, Ségolène Royal a parlé de DSK comme “le meilleur chef de gouvernement que la France pourrait avoir“. Un chef de gouvernement et non un chef d’Etat. Les mots sont explicites et ne relèvent pas en l’espèce du lapsus.
La manœuvre est cousue de fil blanc : faire une OPA sur le favori des sondages. Faire attelage avec DSK en prenant Martine Aubry de vitesse pour bénéficier de sa popularité et surtout de sa crédibilité. En creux toutefois, on peut s’interroger de savoir si les primaires ne sont pas en train de tourner à une désignation du futur premier ministre d’un DSK qui apparaît aujourd’hui comme incontournable et imbattable. Faute de grives, on mange bien des merles.