CHARENTON (extrait)
et maintenant le panoptique est une ruine
pas d’importance car le paysage je l’imagine comme je désire
si un désert ce sera un tell
si luxuriant de végétation, les glycines envahiront l’édifice
si dans l’Antarctique, sera une fantasmagorie de glace
certaines personnes (ouvrières, fous, écoliers, poètes) continuent d’y vivre ; ignorant qu’il n’y a plus de gardiens
car dans une époque d’abondance les systèmes de domination ne s’occupent pas des populations, ni ne cherchent à les nourrir
c’est en rapport avec ce que tu disais, que « le capital est illettré »
je dois m’éloigner :
sortir de la biologie, demeurer dans le corps
Chus Pato, Charenton, Xerais, Vigo 2004.
Traduction du galicien par Jean-René Lassalle, avec le texte galicien (reproduit à la suite) et l’aide de la traduction anglaise d’Erín Moure.
CHARENTON (extrait)
e agora o panóptico é unha ruína
non importa porque a paisaxe podo imaxinala como decida
se un deserto será un tell
se ten vexetación, as glicinias instalaranse no edificio
se na Antártida, será unha fantasmagoría de xeo
algunhas xentes (obreiras, tolos, escolares, poetas) cotinúan a vivir aí ; descoñecen que xa ninguén os vixía
que en tempos de fartura, os sistemas de dominio xa non se ocupan das poboacións, nin sequera cómpre alimentalas
ten que ver co que dicías, que “o capital é analfabeto”
debo afastarme:
saír de bioloxía, permanecer no corpo
Chus Pato, Charenton, Xerais, Vigo 2004.
•
m-TALÁ (extrait)
quel vent siffle dans ton jardin ? quelle est l’ardente nécessité de ta nuit ? qu’est-ce que tu sais ? fille, es-tu condamnée ? en train de tomber ? les pâles étoiles de la peur s’échappent-elles ? sais-tu quelque chose du Créateur ? connais-tu son désir ? vas-tu bien ? sous quel sein maternel ? que veux-tu de moi ? des danses avec les feuilles et le plaisir de l’été ? que fais-tu dans cette ville ? désires-tu ma vie, vie de gazelle, vie d’antilope ? les sphères psalmodient-elles une lamentation funèbre ? pour toi ? les vents sifflent-ils dans la cité des morts ? extirpant la lumière de ta vie ? tes yeux sont-ils clairs comme arrugiums ? la tristesse fut-elle un hôte de ta maison ? l’épuisement t’a-t-il carbonisée ? veux-tu respirer mon âme, respirer ce qu’il y a d’éternel ? es-tu écœurée par tous les cieux ? voudrais-tu chuchoter dans les bois et le jardin argenté ? es-tu mon pitre favori ? as-tu la sauvagerie du soleil ? baiseras-tu la pulsion de mes viscères illuminés, toi mon avalanche de neige ? as-tu observé le ciel ? je t’aime. je t’aime. m’as-tu choisie ? sont-ce là les couleurs de ton âme ? aurai-je à penser à toi ? les nuits augmentent-elles dans ta tête ? sais-tu où nous allons ? silence, le silence résonne-t-il dans ta voix ? nous reverrons-nous ? vas-tu cacher ton regard devant moi ? tes yeux sont-ils affamés de jeu ? quel arôme te captive ? mon cœur s’élèvera-t-il auprès de tes fontaines ? le teindras-tu, mon cœur, de rouge ? et peindras-tu tes lèvres de la rouge couleur des nuages ? te souviendras-tu de moi ? nos rêves retomberont-ils dans le monde ?
Notre ascension
(ah)
parfaite.
Chus Pato, m-Talà, Xerais, Vigo 2000.
Traduction du galicien par Jean-René Lassalle, avec l’aide de la traduction anglaise d’Erín Moure.
Jean-René Lassalle
Bio-bibliographie de Chus Pato
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