La critique de Claude :
Vous connaissez peut-être Jérôme Prieur, qui est le co-auteur, avec Gérard Mordillat, de la remarquable série d’Arte sur l’histoire du Christianisme.
Il nous parle ici du Mur de l’Atlantique : dans les années 50-60, en allant, avec nos parents, au bord de la mer, de Dunkerque à Biarritz, nous avons tous fantasmé devant les amas de béton laissés par les Allemands à la fin de l’Occupation. Certains ruinés par les marées, d’autres encore prêts à servir, tous d’allure satanique, quand ils n’étaient pas une cachette pour des pratiques toxicomanes contemporaines.Découvrant un jour avec nous l’indestructible base sous-marine de Lorient, une amie allemande – au demeurant de sensibilité social-démocrate - a parlé avec ironie de la « Deutsche Grundlichkeit », traduisez : l’art typiquement allemand d’aller au fond des choses. Et pour cause, même les coups au but anglais n’ont pas égratigné la carapace de béton.
Mais,
avons-nous songé à la construction de ces bunkers gigantesques, en 3 ans
seulement ?
L’auteur nous indique que 200.000 travailleurs français étaient à l’œuvre en 1943, encadrés, pour l’essentiel, non par des entreprises allemandes, mais françaises, qui y ont trouvé le « salut » économique en ces temps de disette de marchés ; des entreprises qui existent toujours…après avoir construit, tel le Pont de la rivière Kwaï, ce Monument de la collaboration.
Conclusion rassurante : tout ce béton, comme notre glorieuse Ligne Maginot, n’a servi à rien. Dotés d’une artillerie hétéroclite, parce que le meilleur était braqué face aux Russes sur le front de l’Est, les ouvrages du Mur de l’Atlantique n’ont pas tenu.
Quant au livre, si vous vous intéressez à la Seconde Guerre mondiale, lisez-le, car il aborde un sujet pudiquement peu traité jusqu’ici, avec une certaine élégance de plume.
Le mur de l’Atlantique, monument de la collaboration chez Denoël, 220 pages, 18 €