Pour ne rien vous cacher, j’avais un léger apriori à l’encontre du dernier livre de Mahi BINEBINE, paru en novembre 2009, simultanément chez FLAMARRION et LE FENNEC.
Le tout nouveau prix littéraire « MAMOUNIA » vient de lui être attribué. Un prix octroyé par un jury présidé par le sémillant Guillaume DURAND et arborant le nom d’un palace de rêve pouvait-il être crédible en matière littéraire ?
Mais connaissant l’auteur, l’artiste accompli, le peintre-écrivain ou l’écrivain-peintre, j’ai ouvert « LES ETOILES DE SIDI MOUMEN » en espérant ne pas être déçu.
Je ne l’ai pas refermé avant la dernière page !
Pas la peine de détailler ici les thèmes du livre : « SIDI MOUNEM » suffit à les situer.
Bidonville, misères économique et psychologique, jeunesse sans repères, drogue, sport, amitié, petits boulots, sexe, désespoir, familles en décomposition, mort !
La vie normale, terrible mais normale, dans un bidonville normal.
Raconter ce « Maroc qui fait mal » nécessite du talent. Et Mahi BINEBINE en a suffisamment pour que son récit garde une certaine distance, une certaine vérité et une certaine dignité pourrait-on dire.
Et arrive le moment où tout bascule, le moment où Sidi Moumen se transforme en porte ouverte menant directement au paradis éternel !
Abou Zoubeïr et ses amis se chargent de transformer les jeunes bidon-villageois paumés, d’abord en bons musulmans puis très vite en bombes humaines.
C’est ce que le livre de Mahi BINEBINE nous retrace précisément. Cela pourrait être un documentaire, mais ce ne l’est pas. Les faits sont romancés ! Cela pourrait être un témoignage historique, mais ce ne l’est pas : c’est juste le regard d’un artiste sur sa société.
Mahi BINEBINE a-t-il été peintre avant d’être écrivain ? Ou bien est-ce un écrivain qui est devenu peintre ?
« LES ETOILES DE SIDI MOUMEN » demeurent l’œuvre d’un artiste, qui connait son pays, qui aime ses concitoyens, qui en parle avec une langue épurée, sans complaisance mais sans condescende.
Un seul reproche pourrait être formulé à ce roman : la misère seule n’explique pas le terrorisme ! Mahi BINEBINE le sait, mais il ne l’a pas dit. Il le dira peut-être et à sa manière dans un prochain roman.