Grand-Paris, Roger Karoutchi aurait-il un métro de retard ?

Publié le 13 janvier 2008 par Jean-Paul Chapon

Le Grand-Paris continue de s’inviter dans les médias, et c’est une bonne nouvelle. Et cela parce que les politiques, les uns après les autres s’y résolvent, parfois de façon volontaire et même volontariste, pour d’autre de façon plus contrainte, selon les orientations venues d’en haut semble-t-il. La lecture de l’entretien qu’a donné Roger Karoutchi, secrétaire d’Etat chargé des relations avec le Parlement et leader régional de l’UMP, au Journal du Dimanche est à cet égard assez intéressante pour ne pas dire amusante. Elle donne l’impression que l’impulsion forte du Président de la République, Nicolas Sarkozy, a parfois du mal à passer, comme l’ont montré les déclarations de Françoise de Panafieu qui souhaite que sur Paris, petit ou grand Nicolas Sarkozy trouve sa « juste place » …

Le JDD souligne la « volte-face » ou le “virage à 180°“, puisque l’UMP a boycotté la Conférence Métropolitaine depuis sa création – à quelques exceptions près, notamment depuis les deux dernières sessions, parmi lesquelles il faut saluer la présence de Philippe Dallier, sénateur UMP de Seine-Saint-Denis ou encore de Jacques Martin, maire UMP de Nogent-sur-Marne. Et parmi les conditions que Roger Karoutchi pose pour son « oui à la Conférence Métropolitaine », il explique que le maire de Paris, Bertrand Delanoë « décide uniquement en fonction des intérêts parisiens, sans tenir compte des villes voisines. Ainsi, il ferme le tunnel de Charenton pour faire passer le tramway, Charenton doit s’incliner. Je suis donc prêt à venir à la conférence métropolitaine, si Paris montre clairement une attitude ouverte d’équilibre, sans parti pris parisien, en dépassant les clivages politiques. »

Amusant, car le même jour, Bertrand Delanoë présente son programme pour les municipales 2008 à Paris, et parmi les mesures, il y en a une hautement symbolique que je veux retenir, il s’agit pour Paris de sa « Participation financière de la Ville dans la création d’une rocade de métro en proche banlieue et dans le dédoublement de la ligne 13 de métro. » Ce point à lui tout seul est une contradiction apportée à la déclaration de Roger Karoutchi. Bertrand Delanoë, en s’engageant à participer au financement d’une rocade de métro en proche banlieue (Métrophérique ou Arc-Express), s’engage à payer en partie un projet qui ne passe pas du tout sur son territoire communal, et a priori ne concerne pas directement ses administrés, traduisons, ses électeurs. Même si participer au financement d’un métro de rocade en banlieue correspond par contre-coup à investir pour Paris intra-muros - la RATP estime en effet que Métrophérique pourrait soulager de 20% les lignes transitant à l’intérieur des limites du périphérique – pour autant, c’est courageux d’annoncer à ses électeurs qu’une partie de leurs impôts servira à financer un projet en dehors de leur commune, à savoir un projet pour la banlieue et les banlieusards.

Pour autant, Roger Karoutchi ne peut pas être taxe de rallié de la dernière heure au débat sur le Grand-Paris, comme on peut le voir sur le site Débat-Grand-Paris.com ouvert cet été. Mais ce qui est amusant, c’est la conversion à la Conférence Métropolitaine, qui vient comme une conclusion de commande au pas de deux Grand-Parisien auquel se sont livré cette semaine Bertrand Delanoë et Nicolas Sarkozy. Ralliement avec une volonté de se démarquer, ainsi Roger Karoutchi, devant l’urgence découverte au cours de ses quelque « 400 déplacements » dans la région (400 de 2004 à 2007 précise Roger Karoutchi, comme quoi ça fait du bien de sortir de son bureau, les franciliens ou grand-parisiens qui se déplacent à une plus haute cadence que Roger Karoutchi pourront en témoigner ;-), urgence donc et dès le mois d’avril, il suggère « un tour de table avec Paris, les communes, la région, les départements, pour une grande concertation. Le but: définir des objectifs clairs en matière de logement, de transports et d’attractivité. Cette réunion doit avoir lieu en avril prochain. Car, encore une fois, il y a urgence à faire la révolution en Ile-de-France. »

Roger Karoutchi et l’UMP, à peine ralliés à la Conférence Métropolitaine annonceraient-t-ils un nouveau boycott ? La dernière session de cette dernière à Vincennes, le 5 décembre 2007, avait avalisé la tenue, après les municipales vers le début du mois de juin 2008, d’Assises de l’agglomération parisienne pour « définir les contours d’une gouvernance nouvelle qui poursuive les objectifs suivants : 
- achever la construction d’un suivi partagé de l’avenir de la métropole
- produire un mode de régulation et de pilotage des nombreux acteurs politiques, institutionnels, économiques et sociaux ;
- assurer une affectation plus équitable des ressources financières et un partage équilibré des efforts de solidarité entre les territoires ; ceci sou le contrôle des élus eux-mêmes ;
- aboutir à une répartition des rôles efficiente et lisible, connue et acceptée par nos concitoyens, en constituant une instance pleinement démocratique et pas seulement technique.
»

C’est vrai qu’à cette époque, Roger Karoutchi boycottait la Conférence Métropolitaine, et personne n’a dû le mettre au courant depuis. C’est dur d’avoir toujours un métro de retard…

Jean-Paul Chapon

Et pour sortir d’un débat entre politiques et experts et y associer les citoyens, un nouveau débat est organisé demain à Nogent-sur-Marne.

lundi 14 janvier 2008 à 20h30
à la Maison des associations de Nogent-sur-Marne 5, rue Anquetil

Logement, transports, pollution, inégalités, développement… :
comment rééquilibrer la Région parisienne ?

Emplois à l’ouest, logements à l’est. Nantis et équipements au centre, pauvres en périphérie.
Inégalités territoriales, logements trop chers.
Embouteillages, déplacements de banlieue à banlieue, tramway, Vélib, Orbival, péages urbains, nouvelles autoroutes,…
Développement économique, concurrence entre métropoles européennes, relations avec la province…

>Le Grand Paris, le nouveau Schéma Directeur, le rééquilibrage est/ouest sont-ils la clé de ces problèmes à l’échelle de la Région ?
>Qui peut conduire ces profonds changements ?

Avec :
Pierre Mansat, partisan du projet du « Grand Paris » (ou « Paris Métropole »)

adjoint au maire de Paris, chargé des relations avec les collectivités territoriales d’Île-de-France,

Vincent Fouchier, partisan d’une rééquilibrage général de la région Ile-de-France

directeur délégué de l’IAURIF (Institut d’aménagement et d’urbanisme de la région IdF)
coordonnateur du nouveau Schéma directeur de la région Ile-de-France ou SDRIF (document-guide pour le développement de la région) auteur de Les densités urbaines et le développement durable. Le cas de l’Ile-de-France et des villes nouvelles

Pierre Merlin, opposant au projet du « Grand Paris »
président de l’association Ile-de-France Environnement (union régionale des associations franciliennes d’environnement)
ancien président de l’Institut français d’urbanisme, professeur émérite à l’Université de Paris I - Panthéon Sorbonne
auteur de L’éco-région d’Ile-de-France : une utopie constructive (La Documentation Française), Les banlieues (Que sais-je ?),
Énergie, environnement et urbanisme durable (Que sais-je ?), de L’Ile-de-France : Hier, aujourd’hui, demain (La Documentation Française)

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