Cette continuité me rassure surtout par l'envie et l’appétit de réforme que montre de cette déclaration. Bien entendu, les dernières annonces du Président Sarkozy récemment avaient tracé la route mais ce qui m'interpelle le plus c'est qu'il me semble que le nombre de pro réformateur au sein de la majorité est en rapide progression.
Le choix d'Alain Fillon comme Premier Ministre était déjà le signe de la volonté ferme de continuer et d'amplifier les réformes. Un choix plus social comme celui de Jean-Louis Borloo aurait sans aucun doute signé l'arrêt des grandes réformes économiques ou fiscales.
Pourquoi ce soudain changement de soutien aux réformes? Pour le think tank francais-etranger.org c'est la situation économiques de la France et de la plupart des pays européens qui ont permis de faire prendre conscience de l'urgence à réformer notre pays pour conserver (ou plutôt regagner) la compétitivité qui décline année après année malgré les réformes courageuses de Nicolas Sarkozy. Parce que celles ci auraient dû être réalisées depuis 1995.
La France a tous les atouts pour redevenir un pays compétitif mais il faut pour cela que l'on sache investir pour l'avenir au lieu de s’endetter de dizaines de milliards d'euro en frais de fonctionnement de l'Etat et autres allocations. Il faut redonner le gout du risque aux français, il faut récompenser le risque et la compétence. Il faut arrêter de donner des rentes à vie comme avec les statuts protégés et les placards dorés. Il faut montrer en exemple les français qui travaillent a l'étranger et gagnent les marchés sans lesquels il y aurait 5 millions de chômeurs en France. Avez-vous souvent vu au 20 heures l'excellence française à l'étranger montrée en exemple. Non, les journaux télévisés préfèrent montrer et stigmatiser les quelques exilés fiscaux qui ne sont pourtant que moins de 800 par an!
Nous faisons le pari optimiste que les réformes annoncées seront mises en place et celle concernant le référendum d'initiatives populaires n'en est pas la moins importante. Donner la parole à la vraie opinion publique serait un progrès démocratique libéral historique en France.
La réforme concernant la Justice avec des jurées populaires est encore une réforme libérale très démocratique propre à diminuer les trop nombreux jugements incohérents rendus en correctionnel.
La diminution du nombre de lois et de règlements serait une réforme importante et de bon sens. Mais pourquoi Jacques Chirac n'avait il rien fait en ce sens?
Enfin la réforme de la fiscalité est une décision courageuse et indispensable lorsque l on comparait notre système et ceux de la plupart des pays occidentaux. Le déficit de compétitivité entrainé par notre système fiscal quasi confiscatoire est un boulet au pied de nos entreprises.
Christian Le Matre
Président francais-etranger.org
Déclaration intégrale du discours du Premier Ministre, Alain Fillon
Photo : AFP
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les députés,
Depuis mai 2007, j'ai l’honneur de servir notre pays sous l’autorité du Président de la République en m’appuyant sur une majorité à laquelle je voudrais ce soir, rendre hommage. À l’approche d’échéances électorales importantes, tout pouvoir est tenté par la prudence et par le jeu des apparences. Le Président de la République s’y est refusé, la persévérance politique étant à ses yeux le choix le plus conforme à l'intérêt national.
Il m’a chargé de diriger le nouveau gouvernement. C’est un gouvernement d’action qui a un double mandat. Le premier, c’est de mettre en œuvre l’engagement de 2007 de bâtir une France moderne. Le second, nous ne l’avons pas recherché, mais c’est celui que nous avons reçu de l’Histoire et il consiste à gérer la pire crise économique depuis la Grande Dépression de 1930.
Cette question de confiance s’inscrit au cœur de ce double mandat. Il ne s’agit pas d’improviser un chemin insolite. Il ne s’agit pas non plus de vous détailler l’agenda des dix-huit mois. Il s’agit de tenir ensemble un cap ! « On ne va pas au vrai par une route oblique », écrivait Victor HUGO.
Ma question est directe : voulons-nous encore et toujours moderniser la société française ?
Les pièges de la crise, le brouhaha des oppositions, les caprices des sondages étoufferont-ils notre volonté réformatrice ou seront-ils, au contraire, les sources d’une détermination renforcée ? Certains voudraient nous voir temporiser, rompre et nous renier.
Renier ce que nous avons fait ?
J’assume notre bilan parce que ceux qui esquivent leurs responsabilités ne méritent pas d’être aux responsabilités !
Et d’ailleurs de quoi pourrions-nous rougir ? D’avoir réformé les universités ? D’avoir réformé les retraites ? D’avoir rééquilibré nos institutions ? D’avoir instauré le service minimum ? D’avoir stoppé la spirale de la délinquance ? D’avoir réussi le Grenelle de l’environnement ? D’avoir affronté avec succès la pire chaîne d’avanies qu’un système capitaliste puisse produire ? Faudrait-il maintenant marquer le pas pour nous faire pardonner d’avoir agi malgré les protestations ?
Mesdames et Messieurs les députés, ce serait à coup sûr susciter le mépris de nos concitoyens. Quand on sert l’intérêt général, on ne s’excuse pas de son courage. Et quand on sert l’intérêt général, l’impopularité d’un jour peut devenir l’estime du lendemain.
Rompre avec le mouvement ? Il ne peut pas en être question parce que notre indécision serait une revanche de la peur. Cette peur du changement qui nous a longtemps conduits à célébrer la théorie du « ni-ni » et à louer celle du « temps laissé au temps ». Cette peur dont nous avons réussi à délivrer le pays, et cela avec l'appui des Français eux-mêmes, qui, bien souvent, ont accompagné ces évolutions avec lucidité.
Alors oui, contre vents et marées, dans le calme et la tempête, contre les conservatismes et pour vaincre les peurs, l’élan de la réforme est intact !
Parce que l’économie mondiale doit être mieux régulée, parce que notre économie doit être plus compétitive, parce que l’emploi doit être soutenu, parce que nos déficits doivent être réduits, parce que nous avons le devoir d’assurer le bien-être de nos aînés en finançant le coût de la dépendance, je vous le dis, nous allons continuer à réformer !
Le progrès, c’est une longue marche qui exige la ténacité et la vérité.
Nous nous battons avec les réalités d’un monde nouveau traumatisé par une récession brutale. Avec vous, nous avons maîtrisé ce choc.
Ensemble, nous en avons cantonné l’impact pour les Français en réussissant à limiter la récession à 2,6 % contre 4 % en Europe et à tenir le chômage en dessous du seuil de 10 %. Ensemble, nous en avons enrayé la dynamique mortelle en Europe en sauvant le système financier, puis la Grèce, puis aujourd'hui l’Irlande.
Mais, Mesdames et Messieurs les députés, la crise n'est pas finie. Elle continue de muter. L’Europe est menacée de stagnation et la crise du surendettement n’est pas encore jugulée.
Mais surtout – et c’est certainement le plus important –, cette crise a accéléré le basculement du centre du monde vers l’Asie et toute la hiérarchie des rapports de force issue du XIXe siècle est en train de se redessiner.
La Chine est devenue, en 2010, la deuxième puissance économique du monde, dépassant le Japon. Elle est devenue le premier exportateur mondial et elle a ravi aux États-Unis la place de premier exportateur de produits de haute technologie.
Avec 84 millions de diplômés de l’université, l’usine du monde s’apprête à devenir le laboratoire du monde. Et il nous faudra attendre plusieurs décennies pour que le développement intérieur du pays crée les conditions d’une concurrence plus équilibrée.
L’Inde, le Brésil avancent, eux aussi, à marche forcée et ce sont des continents entiers qui se dressent et qui nous défient.
Déjà, les États-Unis en souffrent. Alors comment ne serions-nous pas fouettés par ce vent de l’Histoire ?
Dans ce contexte, notre but, c’est la maîtrise de notre souveraineté, c’est la maîtrise de notre liberté. La liberté d’être nous-mêmes, la liberté d’agir par nous-mêmes en suivant nos valeurs. La liberté face à une compétition qui dépossède de leur destin les pays insouciants. Ni indulgence, ni relâchement, ni immobilisme, la réforme reste indispensable.
Avec une dette de 1 600 milliards d’euros, la France ne dispose pas de trésor caché pour se dispenser de ses efforts.
Tous ceux qui multiplient les promesses sont condamnés à les renier. Et j’invite l’opposition à méditer l’avertissement de Charles PÉGUY quand il disait : « Le triomphe de la démagogie est passager mais les ruines sont éternelles » Pour tout dire, ceux qui sèment des illusions récolteront des désillusions.
Maintenant, la bataille de la croissance est commencée.
Je dis aux Français que la reprise est amorcée. Notre taux de croissance en 2010 sera supérieur à 1,5 % et la cible de 2 % en 2011 est clairement à notre portée. Mais il nous faut encore accentuer notre compétitivité économique et scientifique. Il faut nous libérer des déficits pour maintenir les taux d’intérêt à un niveau aussi bas que possible et pour retrouver des marges de manœuvre. Il faut continuer de rénover notre héritage social et non pas faire de nos droits acquis le matelas de notre léthargie.
C’est ainsi et seulement ainsi que la solidarité et l’égalité des chances seront préservées. Il faut trouver, avec notre principal partenaire européen, l’Allemagne, la force d’entraîner l’Europe et construire une gouvernance économique de la zone euro. Pour cela, notre crédibilité économique et financière doit être aussi solide que celle de nos voisins qui ont pris, eux, dix ans d’avance sur nous en termes de réformes.
Il faut enfin – et c’est la mission que le Président de la République s’est assignée en prenant la présidence du G20 –, il faut enfin repenser la gouvernance mondiale, renforcer la régulation financière, lutter contre la volatilité des matières premières, ordonner les distorsions monétaires. Vaste ambition, diront les plus sceptiques.
Mais est-ce qu’ils ne disaient pas déjà la même chose lorsque Nicolas SARKOZY réveilla le G20 en pleine tourmente financière ?
La suitedu discours sur : http://www.gouvernement.fr/premier-ministre/declaration-de-politique-generale-du-premier-ministre-a-l-assemblee-nationale