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Un peu de vérité dans un monde de comm’…

Publié le 30 novembre 2010 par Ladrevert

tellement de sujets ces derniers temps qu’il est difficile de faire une revue de presse, entre l’extradition de Viktor Bout « Lord of Wars » (j’y reviendrai !), les écoutes illégales de l’Etat, le retour des procès de Woerth juste après son départ du gouvernement, les milliards qui n’intéressaient pas le fisc de la veuve Sylvia Wildenstein qui vient de passer l’arme à gauche et j’en passe…

Ce qui aura fait le plus parler au final ce sont les dernières révélations de Wikileaks. Wikileaks que je suis depuis fort fort longtemps, c’est assez amusant en compulsant mon dossier de presse, un site alternatif propulsé au premier plan, avec des positions différentes au cours du temps de la presse à son sujet, quand au pouvoir il a toujours été homogène, et les déplacements géographiques du site pour sa légalité sont assez amusants (jusqu’au passage parti pirate), jusqu’aux récentes déclarations de viol contre le créateur du site. Enfin ce qui m’a interpellé dans les récentes déclarations c’est que d’une part la fuite a été concertée avec de grands journaux cette fois-ci, dont le Monde en France qui après avoir lentement dérivé ces dernières années, se voit désormais plus souvent associé à MediaPart et le Canard Enchaîné dans un certain nombre d’affaires avec la liberté de la presse et le gouvernement… 5 journaux et pas des moindres : The Guardian, El Pais, Le Monde, Le Soir et le New York Times. Alors qu’une grave crise traverse l’Europe on en arrive à lire que la dernière fuite de WikiLeaks sert les USA contre l’Europe. Quant aux discours hypocrites par rapport à ces fuites, ils alimenteront le prochain bac philo : toute vérité est-elle bonne à dire?

Quelques éléments de réflexion par rapport à la vérité, au journalisme, wikileaks…

Ce matin mon outil de veille automatisée m’a reporté un blog que je ne connaissais pas fort intéressant et sur lequel je reviendrai avec une entrevue fort intéressante à mettre en regard des fuites de wikileaks et du résumé sur la manipulation médiatique de Noam Chomsky récemment publié (c’est moi qui met en italique)

VA : Votre livre, De la fraude. Le monde de l’Onaa, traite notamment du rapport que les individus entretiennent avec la vérité. Vous évoquez la recherche d’un juste milieu entre vérité absolue et mensonge systématique (l’Onaa étant entre les deux, un quasi-mensonge ou une quasi-vérité… et donc une tromperie). Il s’agit donc, si j’ai bien compris, de trouver un juste équilibre entre la vérité pure et le mensonge systématique, entre l’inacceptable et le tolérable. Vous dénoncez la « fraude verbale », la dénaturation du langage (l’euphémisation et « la perversion des mots »), « la guerre de la propagande » et ce que vous appelez « la magie verbale » à des fins de manipulation. Pensez-vous que cette dérive, de plus en plus répandue et acceptée avec résignation aujourd’hui, représente une menace pour notre démocratie ? Pr HA : Contrairement à ce que je croyais, et à ce que beaucoup de personnes croient encore, la propagande n’a pas été inventée par Goebbels, mais par Edward Bernays[3], dans la grande démocratie américaine au début du XX° siècle ! Il est incontestable que les techniques de propagande trouvent un terreau fertile dans nos démocraties et qu’elles vont se développer de plus en plus grâce à la publicité, à la communication professionnalisée, aux moyens de communication et à internet, ainsi que Bernays l’avait annoncé. Aujourd’hui, ce qui, normalement, devrait être de l’information est presque immédiatement transformé en communication et orienté de manière à servir tel ou tel intérêt commercial, politique ou autre. C’est effectivement un enjeu pour la démocratie, et je ne suis pas le premier à dénoncer cette dérive. Certains, comme Noam Chomsky qui a beaucoup écrit à ce sujet, pointent du doigt le caractère « non démocratique » de l’usage de ces informations concernant la communication. Selon Chomsky, « La propagande est aux démocraties ce que la violence est aux dictatures ». Cela est absurde car, contrairement aux démocraties, le régime totalitaire c’est à la fois la violence et la propagande. La propagande d’un régime démocratique est régulée par quelques garde-fous… ne serait-ce que par les contre-propagandes. Cela ne signifie pas pour autant que la vérité va éclater. Même si on peut regretter que « le ver soit dans le fruit » dans la démocratie, malgré tout, la démocratie vaudra toujours mieux qu’un régime totalitaire où la « guerre des propagandes » n’est pas possible. Ceux qui pensent le contraire ont peut-être, comme Chomsky, la nostalgie d’une vérité pure et absolue. Selon eux, s’il n’y a pas de vérité absolue, comme c’est le cas dans les démocraties, alors tout est « pourri », bon à jeter, et la démocratie ne vaudrait donc guère mieux qu’un régime totalitaire… ce qui est faux évidemment. Il faut se méfier non seulement du mensonge, mais aussi des puristes !
Un intéressant article sur ElectronLibre: WikiLeaks un nouveau paradigme de l’information
Selon Jay Rosen, ce nouveau paradigme de l’information tend, toutefois, à ne pas marcher : « nous avons tendance à penser que de grandes révélations signifient de grandes réactions (…) Le modèle sur lequel repose le journalisme d’investigation veut que des révélations explosives mènent à un tollé public, les élites reçoivent le message et réforment le système (…). Mais si le scoop est trop important et fracasse trop d’illusions, l’exact opposé se produit« . Autrement dit, si ce qui est révélé est impossible à corriger ou menace de détruire l’institution chargée de le faire, rien de bougera.
Réflexion de JF Féraud sur la presse, Don’t hate the media, be the media
Et le lecteur dans tout cela ? Peut-il, doit-il lui aussi devenir un média sans porter une carte de presse ? On a beaucoup glosé sur l’avènement du journalisme participatif associant citoyens, blogueurs et « vrais » journalistes professionnels pour couvrir l’actualité à la manière du site d’origine coréenne OhmyNews (« every citizen is a reporter »), du site d’investigation Wikileaks qui permet à tout à chacun – journaliste ou non – de diffuser des informations sensibles, ou plus près de nous d’Agoravox, de Rue89 ou du Post . Chacun à sa façon – bordélique ou très carrée, réellement participative ou très encadrée – a choisi de permettre au lecteur de devenir un acteur de l’information. Démarche louable et intéressante en cela qu’elle remet aussi le public au centre de la problématique journalistique en forçant les encartés professionnels à se remettre en question.
Voilà cela me semblait quelques réflexions intéressantes… en complément de la discussion amorcée avec JFM sur la société d’information Pour en revenir à la dernière fuite sur la diplomatie américaine, concernant l’étonnement de certains confrères sur le peu de dossiers réellement disponibles je cite le Monde (sur un vrai problème de protection des sources épinglé lors des derniers lachés d’information) :
Les journaux ont aussi établi des listes communes de personnes à protéger, notamment dans les pays dictatoriaux, criminalisés ou en guerre. Toutes les identités de personnes dont ils estiment qu’elles seraient menacées ont été masquées. WikiLeaks a accepté de ne pas diffuser dans l’immédiat les 250 000 télégrammes. Seuls les mémos ayant servi à la rédaction des articles des cinq journaux seront, après protection des identités, publiés.
Les articles sur le cablegate : Un bon article de synthèse dans le Washington Post CableGate sur WikiLeaks Quelques portraits dans le Guardian Politique internationale dans le NY times Coulisses de la diplomatie dans le Monde ElectronLibre présente une vision ethnocentrée des cables 20 minutes et les pratiques d’espionnage

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