D'un lundi à l'autre au sortir d'un nouveau week-end où les autorités européennes auront tenté une nouvelle fois d'éteindre le début d'incendie sur les marchés obligataires et sur les marchés actions de la zone euro, force est de constater que les effets des nouvelles mesures annoncées se sont reproduits à l'identique à l'ouverture suivi d'une rechute quasi sans fin en cours de séance.
Le CAC 40 chute encore de 2,46 % à 3636,96 points. Un nouveau cran vient d'être passé pour l'ensemble des marchés actions européens dans une crise qui était encore contenue avant le week-end comme le montre les courbes ci-dessous. Le risque de contagion à partir de la situation espagnole évoquée le 10 novembre dernier arrive sur un point critique et la bourse allemande commence à être touchée.
Après l'esquisse du plan de sauvetage irlandais le week-end précédent, des précisions ont été données sur le montant de l'aide (85 milliards €) et sa répartition (35 milliards € pour le secteur bancaire) accordée par l'UE et le FMI auxquels se joignent le Royaume-Uni, la Suède et le Danemark via l'octroi de prêts bilatéraux mais aussi via la ponction de 17,5 Mds sur le Fonds de réserve des retraites irlandais.
Les valeurs financières irlandaises ont repris 15 % sur la séance à la bourse de Dublin grâce à ces modalités nettement plus précises qu'il y a une semaine, même si le budget reste à voter au parlement le 7 décembre et si la très lourde restructuration d'Anglo Irish Bank est encore à définir d'ici la fin janvier, selon un plan qui sera finalisé à cette date et qui prévoit en principe selon la banque centrale irlandaise la disparition de son nom et le transfert des dépôts détenus par la banque au sein d'une nouvelle entité.
→ Le flou est par contre plus présent concernant l'après FESF (Fonds Européen de Stabilité Financière) auquel la Grèce et l'Irlande ont eu recours et qui doit s'éteindre en tant que mécanisme d'urgence en juin 2013. L'idée d'un fonds permanent ou d'un mécanisme européen de stabilité (MES) pour l'après 2013, intégrerait la possibilité de recourir à des clauses d'actions collectives pour les émissions d'obligations des États européens à compter de cette date qui permettraient de modifier le contrat d'émission, c'est à dire de restructurer la dette soit via un réechelonnement des échéances, de modifier le taux d'intérêt en cas de faillite du pays, ceci à la majorité qualifiée (75 % à 80 %) des différents détenteurs d'obligations (en général des banques, assurances, fonds de pension etc)
Un certain nombre d'inconnues reste néanmoins présentes comme le montant de ce fonds qui pourrait être supérieur à 750 milliards € et qui renvoie inéluctablement à la question de l'Espagne, la taille actuelle du fonds étant jugée difficilement suffisante en cas de sauvetage du pays en plus de l'Irlande et éventuellement du Portugal.
Mais plus généralement se pose la question du coût pour les investisseurs pour l'avenir à détenir des titres d'obligations européennes et des risques souverains en général pour les grands États occidentaux dont l'indice de risque CDR GRI ci-dessous revient au contact de ses sommets du printemps en raison de l'élévation des coûts pour se protéger contre une faillite de l'Espagne et de l'Italie.
Le DAX à la bourse de Francfort ci-dessous rompt sa moyenne mobile court terme à 20 jours pour la 1ère fois depuis le 5 octobre notamment sous le coup d'une contagion qui s'étend aux valeurs bancaires allemandes après les valeurs bancaires françaises comme BNP.
La clôture en données mensuelles demain de Deutsche Bank pour la dernière séance de ce mois de novembre donnera les premiers enseignements sur la résistance et la tenue du secteur bancaire européen. Une analyse graphique de la bourse de Madrid en données mensuelles sur 10 ans sera publiée demain compte tenu de sa position centrale au stade actuelle de la crise mais aussi et surtout de l'atteinte d'un support tout à fait crucial pour la suite.