Mavrikakis nous revient avec un E-carnet, un recueil de 52 textes, 52 réflexions très personnelles teintées de ce pessimisme enjoué qu’on lui connait, un regard sur notre monde actuel, sur un passé qui laisse songeur, perçues de cette fenêtre de son espace-temps dont elle assume pleinement ses origines temporelles.
Je cite : «Oui, je suis une fille des années quatre-vingt, par mes goûts, mes amours, mais je suis surtout une intellectuelle de cette époque lointaine, une intellectuelle qui ne saura pas comprendre le présent quel qu’il soit autrement que par ses lectures d’un autre temps qui constitue une vision du monde de laquelle elle ne peut se départir. Malgré ma volonté de rendre compte le plus objectivement d’une époque, établir une anthologie du présent ou de passé immédiat relève irrémédiablement du goût, du choix intime, de l’exhibition de soi et de son temps comme mortel.»
Un touche-à-tout, des cieux de Bay City, du sida de Deuils cannibales et mélancoliques, de Michael Jackson, de Georges W. Bush, de Montréal-Nord, de la victoire d’Obama, du spectre noir du capitalisme, 1929. Et surtout un thème qui lui est évidemment cher La littérature, le livre, le mot.
« Pour moi, la littérature est devenue un lieu où il est possible de palper ma douleur et de pouvoir aussi en faire quelque chose, je ne parle pas ici des livres que j’écris et qui m’apportent peu de réconfort. Je parle des grands livres dans lesquels je suis là et pourtant absente, qui me renvoient à moi tout en m’allégeant de ma subjectivité. Dans la littérature je ne suis pas seule.»
Un petit bouquin, une boite à surprise, qu’on laisse traîner sur une table pour ouvrir au hasard des moments sur un court texte qui saura sûrement nous captiver, nous questionner.