Première bonne nouvelle

Publié le 29 novembre 2010 par Paulo Lobo
Première bonne nouvelle: je suis au chaud, confortablement assis dans le train. La neige et la glace étaient au programme aujourd'hui, et tout le monde y a goûté. C'est ce qu'on peut qualifier de plaisir populaire, ça fait un bon sujet de conversation. À part ça, mon horizon s'est éclairci. J'ai vu du bleu dans les champs enneigés. Une sorte de rêve éveillé, le genre d'aventures qui ne vous arrivent que dans les films de science-fiction. Et comme vous le savez, je suis un fervent admirateur des univers créés de toutes pièces. Ils me semblent porteurs d'une vérité souvent plus vraisemblable que ce qu'on aperçoit à travers la fenêtre. La neige a la faculté d'apaiser mes anxiétés les plus ineptes. J'aime bien la neige, surtout quand elle est blanche. Arrêtez-moi et dites-moi que je divague. Dis 'vague'. Ou que je m'égare. Prends garde. Mais ces phrases sont libres, elles se sont échappées de leur enclos. N'essayez pas de les ramener à la raison, j'adore les voir gambader dans la prairie. Légères comme des gazelles, mademoiselles. Comme si j'écoutais un air de dixieland. Nonobstant mon désir de placer une formule sophistiquée, je veux me faire comprendre de tous, du plus humble au plus aristo. Alors oui, il y a quelque chose d'enfoui entre les lignes, c'est une charade que je vous propose. Une charade comme Shéhérazade savait les faire.
Le temps passe. Je me sens toujours aussi bête. On m'encercle et je déniche la faille. À quoi ça sert, ce déluge d'approximations? Disons que j'aime semer le désordre. Je n'ai jamais compris les formes, sauf celles qui m'émeuvent, me transpercent le coeur, je n'ai pas de formule, j'écarte les rimes, je ris de me voir pleurer, je pleure parce que le verbe est joli. Je ne veux pas être trouvé, je suis invisible et inusable. Mais si vous voulez boire un café avec moi,  vous saurez comment faire.