e-loue, remède contre la loose … 19e démonstration !

Lorsqu’il était lycéen, Bastien était le seul à être passionné d’art. Au lieu d’aller fumer des cigarettes en cachette dans les toilettes de l’établissement, ou d’aller se pavaner et faire le coq devant les demoiselles, il s’asseyait dans un coin de la cour, sortait de son sac de gros livres, et découvrait les Warhol, les Dali, les Michel-Ange et les César.

Naturellement, son adolescence n’a pas été celle espérée … alors qu’il rêvait de chef d’œuvres et de reconnaissances, avec un vieil appareil photo toujours porté autour de son coup, pour immortaliser la vie, il n’avait droit qu’à quolibet, qu’à un doigt tendu vers sa direction et des murmures lorsqu’il passait dans les couloirs.

Secrètement, Bastien est éperdument amoureux par Cécile, son idéal féminin … Cécile qui n’a de cesse que de l’ignorer, non pas méchamment, mais tout simplement parce qu’elle n’est même pas consciente de l’existence de son timide (et introverti) soupirant. Tous les soirs, après ses devoirs, Bastien peint. Comme ses pairs avant lui, il transpose sur la toile et à l’aide de gouaches ses désirs, ses frustrations …

Les années passent. Alors que les rares personnes qui l’ont connu l’ont déjà bien vite oublié, Bastien n’en finit plus de briller aux Beaux Arts, puis dans les galeries. Pourtant, toujours il se sent seul, incomplet. Il est persuadé d’avoir manqué le bonheur, la plénitude, lors du bal de fin d’année de terminale, alors qu’il était à quelques centimètres à peine de Cécile à la regarder illuminer toute la salle de sa fraîcheur, et sans jamais avoir le cran d’aller lui parler ou l’inviter à danser. Il ne cesse de regretter … et plus il soupire, plus il peint, et plus il rencontre le succès professionnel !

Bientôt, le milieu s’intéresse à lui, le surnomme le génie ou la relève. Il enchaîne les galeries, les expositions, les démonstrations de son talent … les médias s’en mêlent, interviews, portraits, success story. Bastien exporte son art partout dans le monde. De lofts en lofts, il devient célèbre en quelques mois à peine, et notamment grâce à une lithographie de Cécile.

Il persiste pourtant et s’entête même à être malheureux, malgré les propositions plus ou moins intéressées. L’intouchable comme le surnomme la presse, est triste … Un soir, alors que, dans son atelier, il cherche l’inspiration, le téléphone sonne :

Allo ?

En un éclair, cette voix le transperce. Il la connaît pour l’avoir trop souvent écouter, en secret, depuis le fond de la classe, alors qu’il était adolescent. Madeleine de Proust, il revient plusieurs années en arrière … et se voit offrir une seconde chance !

C’est Cécile, tu te souviens de moi ?

Elle lui raconte qu’elle a eu du mal à se souvenir de lui, à faire le rapprochement avec cet artiste talentueux dont tout le monde parle, et, plus encore, avec ses œuvres … dont elle est la muse involontaire.

- Cécile, pendant toutes ces années, je n’ai pas cessé un seul instant de penser à toi.

- Je sais.

Discussion timide, gênée, de part et d’autre. Puis les langues se délient, et bientôt voici venu le temps des confessions. Cécile est sous le charme (comment pourrait-elle ne pas l’être ?! Un artiste, et pas n’importe lequel, lui a consacré tout son travail). Entreprenante, elle lui propose de venir le retrouver.

Il est enfin dans ses bras … toute une vie à attendre ce moment ! Au moment le plus opportun, il comprend, dans un délire créatif, qu’elle est, en ce moment, nue, sous ses draps, l’Art. Il cout chercher de quoi immortaliser cet instant parfait, magique, irréel, et supplie Cécile de ne pas bouger, de rester exactement dans la même position.

Il court partout dans son loft, ouvre tous les tiroirs, farfouille, peste, s’énerve : il est un artiste plus que complet … mais n’a même pas à portée de main un appareil photo décent ! En revenant dans la chambre, il dégaine son téléphone portable et explique à Cécile qu’elle est l’Art, qu’elle est le Désir, et l’Amour aussi. Il lui explique que cette photo qu’il s’apprête à prendre est la quête de tout artiste, non, mieux, de tout homme. Là, maintenant, tout de suite, et bientôt pour l’éternité, elle sera Tout, elle sera Le Monde et La Vie.

Clic. Petit flash. C’est dans la boite.

Le lendemain, après une nuit blanche et rouge, chaude et passionnée, Bastien regardera la photographie qu’il aura prise la veille.

C’est la loose : la photo est inexploitable … Affolé, il réveille Cécile, lui demande, sans préambule, de reprendre la même pose que la veille au soir. Malgré son étonnement, elle s’exécute. Mais hélas, la magie n’opère plus. Il manque quelque chose, quelque chose que, pour la première fois, Bastien n’est pas capable de trouver. Alors il hurle, et fait fuir sa belle … il ne la reverra jamais plus.

Longtemps après cette nuit dévastatrice, il cherchera à reproduire cette scène sans jamais y parvenir. Son succès, éphémère, s’arrêtera aussi brutalement que son obsession grandira. Il y perdra son art et son âme.

Et dire que tout cela aurait pu être évité s’il avait simplement pensé à louer un appareil photo sur e-loue.com ! Rendez-vous compte : il explorerait de nouveaux thèmes à travers sa loupe si particulière que l’on nomme talent, son épouse Cécile serait célébrée pour les siècles à venir comme le symbole absolu et définitif de la féminité, et ils vivraient heureux, ensemble … au lieu de ça, Bastien est atrocement seul dans son combat contre un fantasme qui ne fait que rebondir sur chaque recoin de son cerveau.

Amis artistes, amis séducteurs ^^, ne faites donc pas la même erreur que lui !