Greenpeace relevait le sujet dans La revue du web du pétrole / édition du 18 novembre : l’été dernier, l’ex ministère de Jean-Louis Borloo donnait son feu vert à une société anglaise, la Melrose mediterranean limited, pour prospecter au large de Marseille la présence d’hydrocarbures. Or la zone de recherche est toute proche du sanctuaire Pelagos, zone de protection des mammifères marins en Méditerranée.
La campagne sismique, première étape d’un long processus, débute cette semaine.
Des tests sismiques à risques
Samedi dernier, le navire Bergen Surveyor s’amarrait dans le Port de Marseille. Pendant 60 jours, ce bateau va envoyer toutes les 10 à 15 secondes des ondes acoustiques de 250 décibels sur des dizaines de kms afin de sonder le sous-sol de la concession.
Le permis « Rhône maritime Nord », concerne une zone d’exploitation de 12 500km² avec par endroits des fonds marins pouvant aller jusqu’à plus de 2 600 mètres.
Ces prospections peuvent se révéler très dangereuses pour les espèces vivants à proximité. Or, le tout proche sanctuaire de Pélagos abrite 8500 espèces animales représentant entre 4% et 18% des espèces marines mondiales. Il s’agit d’un espace maritime de 87 500 km² faisant l’objet d’un Accord entre l’Italie, Monaco et la France pour la protection des mammifères marins qui le fréquentent.
Pour suivre le trajet du navire en direct sur le site de L’association des Amis du Parc national de Port-Cros (APPoC)
La campagne sismique a pour but de révéler ou non la présence d’hydrocarbures. Si ces tests sismiques s’avéraient « satisfaisants », la compagnie pourrait procéder à des tests de forages. Lesquels tests indiqueraient s’il s’agit de gaz ou de pétrole et leur quantité. Cela pourrait, au final, déboucher sur une campagne d’exploitation qui ferait l’objet d’une nouvelle demande de permis.
Une autorisation inconcevable
Comment le gouvernement français a-t-il pu octroyer ce nouveau permis, 6 mois après la pire marée noire accidentelle de toute l’histoire dans le Golfe du Mexique (779 millions de litres de pétroles déversés)? Rappelons que si la plateforme Deepwater forait du pétrole à 1500 mètres de profondeur, la zone « Rhône-Maritime », elle, contiendrait des hydrocarbures qui se situeraient entre 1670 à 2660 mètres de profondeur !
Sortir de notre dépendance au pétrole et penser à l’après-pétrole
Selon le Potsdam Institute for Climate Impact Research, si l’on veut garder la hausse des températures en dessous des deux degrés, moins d’un quart des réserves prouvées en fossiles (pétrole, gaz et charbon, 2800 mds de tonnes CO2) peuvent être utilisées d’ici à 2050, soit 700 mds de tonnes. Nous ne pouvons donc pas brûler toutes les réserves restantes.
Les projets de pétroles non conventionnels nous conduisent droit dans le mur, vers un emballement climatique irréversible. Il nous faut dès aujourd’hui repenser notre modèle énergétique et planifier notre sortie du pétrole. Pour cela, il faut : l’arrêt des projets à hauts risques dès aujourd’hui : off-shore profond, sables bitumineux, huiles lourdes… et la sortie progressive des fossiles d’ici à 2050.
Relever le défi climatique, en sortant du pétrole, du charbon, et du nucléaire, c’est possible. Lire notre rapport [R]evolution énergétique http://bit.ly/RevolutionEnergetique