"Avec le heurtoir, elle frappa à la porte au sommet des cent trente-deux marches ( certaines manquaient, d'autres étaient recouvertes de lianes et dévorées par les intempéries), elle était tremblante mais tout de même un brin faraude, elle frappa une seconde fois la petite main de métal sur son support et entendit des loquets se décadenasser et des bobinettes choir."p: 79-80...
..." Et même si Vera Candida était terrorisée et se demandait si elle n'était pas en train de pénétrer dans l'antre d'un ogre, ses jambes habituées à obéir avancèrent." p : 80
Le sort de la jeune fille de quatorze ans est scellé.
Elle sera seule pour donner la vie à une petite fille et elle devra taire l'identité du géniteur.
Mais nous sommes dans conte initiatique et notre héroïne va réussir à briser le cercle et à rompre la malédiction.
Elle aimera son enfant avec la force du désespoir et elle rencontrera sur la route un magnifique prince charmant.
Si parfois les ficelles de ce récit semblent un peu grosses, elles sont assez bien tissées pour nous convier à un vrai bon moment de lecture.
Véra Candida est née de Violette, mère défaillante, alcoolique et maltraitante. Elle a été élevée par sa grand mère Rose, ancienne prostituée reconvertie en pêcheuse de poissons volants.
Elle va trouver la force de dévier quelque peu la destinée malheureuse de la lignée de femmes dont elle est issue en mettant au monde Monica Rose.
Le récit est enlevé et construit en une multitude de chapitres souvent courts.
Nous nous laissons embarquer très facilement sous les tropiques imaginaires de Vatapuna et Lahomeria.
Les portraits en clair-obscur des personnages teintés d'humour et de merveilleux sont très séduisants.
L'histoire d'amour profonde et salvatrice de Véra Candida et d'Itxaga est belle.
Ce roman nous propose une plongée à corps perdu dans les méandres de la filiation avec finesse, malice et poésie.
Il nous offre de jolies pages sur les liens mères-filles qui se nouent ou se dénouent avec douleurs et bonheurs.
"L'odeur de Monica Rose faisait chavirer Vera Candida. Elle s'asseyait près de sa fille et plongeait le visage dans ses cheveux. Ils sentaient le sel et l'iode, le vent et quelque chose de plus souterrain et mammifère, comme la sueur d'un minuscule rongeur ou bien d'un petit loup. Monica Rose sentait la fourrure. Vera Candida se disait toujours, Comment ferai-je quand je serai une très vieille femme, que je n'y verrai plus, que je tenterai de me souvenir de cette odeur. Elle s'efforçait d'enregistrer comme sur des cylindres d'argile les sensations liées à sa fille : la main de la petite dans la sienne, la façon dont Monica Rose serrait son cou avec ses bras aussi fins que des roseaux, elle serrait serrait en y mettant toute sa minuscule force, et c'était inenvisageable de ne plus être deux un jour, c'était si injuste que cela paraissait impossible." p : 207
"Pendant des années, quand Monica Rose s'assoirait sur le canapé entre Vera Candida et Itxaga, elle se serrerait conte eux, bougerait son minicul comme si elle faisiat un nid, les prendrait par le bras et dirait, On est bien tous les deux.
La première fois, Vera Candida rectifierait, On n'est pas deux, on est trois.
Et Monica Rose répondrait, On est bien quand même."p : 228
"C'est très difficile, pensait Vera Candida, d'oublier que votre enfant est un organe siamois de l'un des votres, c'est très difficile de ne pas le considérer tout le temps comme un membre supplémentaire et parfait de votre propre corps.
Alors Vera Candida vit Monica déboucher du coin de la rue de ce pas de guerrière qu'elle avait depuis si longtemps adopté...
... Vera Candida se dit, C'est moi en plus costaud, elle la regarda, grande et brune, le visage sombre et la chevelure qui vivait sa vie autonome de chevelure d'amazone, elle se dit, C'est moi en plus fort et en plus exigeant. "p : 243-244
" De ce qui était perdu, elle se rendit compte qu'elle ne désirait retrouver que les moments passés sur la page en hiver avec Monica Rose petite fille. Son corps déclarait forfait et c'était cela qui allait lui manquer le plus , c'était à cela qu'elle penserait lorsqu'elle n'aurait plus qu'une pensée : avoir été avec Monica Rose, toutes deux assises sur la peau nue de la planète. "p : 250
Véronique Ovaldé, Ce que je sais de Vera Candida (Mediapart)
envoyé par Mediapart. - L'info internationale vidéo.
Grand Prix des lectrices de Elle 2010
Prix Renaudot des lycéens
Prix France Télévisions
Critique de Sylvie Prioul pour BibliObs,
Interview de l'auteur par Bernard Strainchamps pour Bibliosurf,
Hubert Artus nous propose de lire ce roman en écoutant "I wear your ring" , Bluebeard ,Summerhead, écoutons ses conseils...
Découvrez la playlist ce que je sais de véra Candida avec Cocteau TwinsLa critique d'Émilie Vittel pour Evene,
Cuné a adoré, Amanda Meyre aussi, Antigone est admirative et distanciée.
Une petite merveille de roman pour Marie, pour Laurence, l'ivresse est là.
C'est un livre à lire pour Violaine, Jules a aimé, ce fut un enchantement pour Bab's et une lecture précieuse pour Théoma, Calepin ne participe pas à l'enthousiasme général et a trouvé des liens qui n'encensent pas ce roman...Sandrine s'est endormie...C'est définitivement un très beau roman pour Fashion victim , une fable qui transpire l'amour pour sur mes étagères et une belle leçon de vie et un magnifique roman d'amour pour Edelwe.
Le très joli billet de Fanny,
Des quantités d'avis très contrastés sur Critiques Libres,