La Nuit de l'oracle de Paul Auster
Titre original : Oracle Night
Roman traduit de l'américain par Christine Le Boeuf
Editions Actes Sud, 2004 pour la traduction française.
Mon billet ne parait pas "aux aurores" (je suis toujours aussi organisée ... sourire ...) mais je tenais à dire que j'ai pris beaucoup de plaisir à le lire dans le cadre d'une lecture commune avec Keisha et Stephie.
Quatrième de couverture :
Après un long séjour à l'hôpital, l'écrivain Sidney Orr reprend goût à la vie, bien qu'il soit accablé par l'ampleur de ses dettes et par l'angoisse de la page blanche.
Un matin, il découvre une papeterie au charme irrésistible. Il entre, attiré par un étrange carnet bleu. Le soir même, dans un état second, Sidney commence à écrire dans ce carnet une histoire captivante, sans qu'il devine où elle va le conduire, ni que le réel lui réserve de dangereuses surprises...
Virtuosité, puissance narrative : La Nuit de l'oracle précipite le lecteur au coeur des obsessions austériennes, comme si l'imaginaire n'était rien d'autre que le déroulement du temps avant la mort. Ou, pire encore, son origine.
Mon avis :
J'ai découvert une première facette de l'univers de Paul Auster avec Brooklyn Follies, lu avec le Blogoclub.
Après cette nouvelle approche, je confirme que j'aime beaucoup l'imaginaire de cet auteur. J'aime ses personnages, qui peuvent être à la fois avoir une personnalité originale et être proches de nous, peut être par la vulnérabilité qui émane d'eux. Mais cette vulnérabilité devient en fait révélatrice d'une force.
Dans cette histoire, Sydney est fragilisé à la fois physiquement et psychologiquement. Il sort de l'hôpital après un incident de santé très grave... tout comme le héros de Brooklyn Follies se rétablissait d'un cancer. Nous, lecteurs, suivons son parcours pour se rétablir, récupérer ses forces. On sent au travers de la stratégie qu'il met en place sa volonté d'y arriver, les efforts et la ténacité que cela lui demande, on assiste au fil des semaines, à ses progrès.
Psychologiquement, ce n'est pas beaucoup mieux, Sydney doit renouer avec l'écriture et on sent peu à peu se dessiner des zones d'ombre un peu angoissantes dans sa vie de couple.
Puis, Sydney fait l'acquisition dans une papeterie d'un carnet bleu. Le propriétaire de la papeterie parait assez étrange, dans les pages du carnet se déroule bientôt une histoire qui tient en haleine. J'ai eu l'impression dès lors que le récit flirtait avec le fantastique et je m'attendais à ce que d'une façon ou d'une autre, le réel rejoigne l'imaginaire. Il faut souligner que dans ce roman, Paul Auster manie la mise en abyme* avec virtuosité. Récit dans le récit au travers du carnet bleu, mais aussi renvois à des annotation en fin de page, qui sont parfois un peu envahissantes et finissent par constituer des mini-récits à elles toutes seules.
Il commençait à me sembler difficile de maintenir ma concentration en éveil sur tous les fronts et pressée que j'étais de savoir le fin mot de l'histoire, je me suis fait mener par le bout du nez ... vaguement l'impression d'être comme l'imbécile qui regarde le doigt du sage au lieu de la Lune ..sourire... J'ai relu le livre une deuxième fois car il me semblait qu'il y avait un message entre ces lignes, mais absorbée tout d'abord par le mystère du carnet bleu, je ne l'ai senti sans le voir ... la deuxième fois je l'ai trouvé, ou plus exactement j'ai cru en trouver un, qui est le sens que je donne à ce livre. Je ne prétend pas que c'est ce que Paul Auster a voulu faire passer à tout prix, et peut être mes camarades de lecture y auront elles vu autre chose ... j'aimerais bien savoir ... sourire ...
Le sens de cette histoire telle que je l'ai vue, c'est qu'aussi animés de bonnes intentions qu'on puisse être, aussi loyal sans doute, et aussi aimants, comme le sont les personnages principaux de ce roman, nos actes nous échappent parfois (et pas qu'un peu...) C'est la complexité propre à l'être humain, traitée ici dans un contexte bien particulier mais avec beaucoup d'humanité. Ce n'est pas une révélation, je vous l'accorde, mais, selon moi, c'est très bien raconté. J'ai beaucoup aimé la force des relations entre les différents protagonistes, la sincérité de leur attachement malgré l'ambiguïté des situations.
* Mise en abyme : procédé artistique qui consiste à insérer dans une oeuvre une autre oeuvre de même nature, identique ou non : roman dans le roman, tableau dans le tableau, etc ...
Cette lecture entre aussi dans le challenge :
Il s'agit de ma troisième participation (sur cinq lectures prévues) pour ce défi.