Un article sur les votations de hier. Je suis suissesse mais pour la peine je ne suis pas fière du tout de ce vote ! Moi j'ai voté NON ! Il est incroyable de voir la différence entre la suisse romande et la suisse alémanique ! Il y a une autre chose ou je m'interroge : pourquoi les partis politiques non pas tous les mêmes moyens financier pour la publicité et le reste ?
Dans toutes les parties du pays, la presse suisse de lundi déplore l’acceptation de l’initiative pour le renvoi des criminels étrangers. Les commentateurs y voient surtout un vote marquant un repli identitaire motivé par la peur de l’avenir et instrumentalisé par la droite conservatrice.
La carte du vote de dimanche sur l’expulsion des criminels étrangers a montré un certain fossé entre la Suisse romande, où l’initiative a été refusée, et le reste du pays. Mais ce clivage ne se retrouve pas dans la presse de lundi.
Qu’ils soient francophones, germanophones ou italophones, les commentateurs regrettent la décision populaire. Ils estiment généralement qu’elle marque un repli sur soi et une entorse aux principes d’un Etat de droit.
Après l’interdiction de construire des minarets, «ce oui à l’initiative pour le renvoi est le 2e accident de fonctionnement de notre démocratie directe en l’espace d’un an», note ainsi l’Aargauer Zeitung.
La victoire de l’Union démocratique du centre (UDC / droite conservatrice) «nous engage dans une voie malsaine, celle qui consiste à discriminer et à punir sans recours l’étranger», note Le Temps. «Nous parlons de 500 à 1500 étrangers criminels qui seraient expulsés chaque année. Bientôt deux millions d’étrangers vivent ici pacifiquement et contribuent à notre bien-être. Nous ne devrions pas perdre cette proportionnalité de vue», renchérit le quotidien populaire alémanique Blick.
Beaucoup d’analystes expliquent le vote par un sentiment diffus de repli et de peur. «Il ne suffit pas de dénoncer le populisme de l’UDC pour expliquer le résultat. Le citoyen a aujourd’hui peur. Il craint non seulement celui qui commet des délits, mais se sent insécurisé face à l’avenir», estime le journal tessinois La Regione. «La question de l’identité et de la culture helvétiques préoccupent les Suisses plus que n'importe quel autre thème», souligne pour sa part le Bund.
Une machine de guerre
Les observateurs de la vie politique sont d’avis que l’UDC a choisi ce thème lié à l’émigration pour se lancer en vue des élections fédérales de 2011. Or force est de constater que le parti est passé maître dans ce domaine.
«L’UDC sait très bien saisir les craintes que notre époque génère, les formuler en questions simples, y donner des réponses claires, qui ne s’embarrassent certes d’aucune nuance, mais qui portent les résultats qu’une partie de la population attend», note le quotidien vaudois 24 heures. Le Matin juge qu’elle est «une vraie machine de guerre, avec un service de propagande parfait, des moyens financiers inégalables, des politiciens investis, des messages simplistes mais terriblement efficaces.»
La faiblesse des autres partis – à gauche comme à droite – n’en apparaît que plus patente. «L’UDC est la première à détecter un malaise dans la population et la première à offrir une ‘solution’. A gauche comme à droite, les partis traditionnels n’agissent qu’en mode réactif. C’est ainsi qu’ils ont lancé leur contre-projet pour l’expulsion des criminels, comme on lance une bouée à la mer. Puis, ils se sont déchirés pour savoir si elle flotterait», note par exemple la Tribune de Genève.
L’UDC pourrait donc bien continuer sur cette voie pour occuper le terrain politique. «La nature ayant horreur du vide, l’UDC va continuer d’occuper le terrain et dicter l’agenda politique. Une nouvelle initiative va très prochainement être lancée, probablement sur l’école ou l’Europe», prédit Le Matin.
Mais cette manière de faire n’est pas sans danger. «Le dommage à long terme est important, si les partis n’agissent plus dans l’intérêt du pays mais dans leur propre intérêt. Car ce qui devient le plus important, ce n’est pas de trouver des solutions, mais de faire des voix», avertit l’Aargauer Zeitung.
Mise en œuvre difficile
L’initiative ayant été acceptée, reste encore maintenant à la mettre en œuvre. Les commentateurs sont assez unanimes pour penser qu’il s’agira d’un exercice particulièrement difficile.
«Ce sera un travail ardu de mettre le texte de l’initiative en pratique, souligne La Regione. Les normes légales ne pourront en effet faire abstraction des principes de la Constitution, des droits de l’homme prévus par les conventions auxquelles la Suisse a adhéré et, en ce qui concerne les pays de l’UE, par l’accord sur la libre circulation des personnes.»
La Neue Zürcher Zeitung va même plus loin en affirmant que cette initiative ne pourrait être qu’un «geste gratuit» contre les criminels étrangers au travers duquel la population a manifesté son mécontentement, tant sa mise en œuvre «est pleine de conflits potentiels aussi bien du point de vue technique que politique».
«Certes, le peuple a toujours raison lorsqu’il a voté, mais très vite on comprendra que l’initiative de l’UDC est inapplicable en l’état et ouvre d’innombrables querelles juridiques auxquelles tout Etat démocratique doit se soumettre. Le dossier n’est donc pas clos», conclut Le Temps.
Olivier Pauchard, swissinfo.ch
Source et date de l'article Swissinfo.ch 29.11.2010
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