Cette publication grâce à Pierre Drogi qui m’a fait parvenir deux livres de René L.Louis, me disant son intérêt pour cette œuvre quasi inconnue.
Que cherches-tu là penché la paume appuyée sur la rampe est-ce le vertige la fascination
Qu’exerce le vide cependant que les plâtras de la parole ne te composent plus
Plausiblement aucun visage Qu’il te faudrait un groin un museau être une taupe une truie qu’il te faudrait fouir Désapprendre
L’astre le ciel la lumière l’oiseau la fleur la source
Cette ferblanterie d’un ailleurs ou d’un arrière-pays contre quoi en les nommant tu luttes au corps à corps
Mots démonétisés images pieuses douteux symboles à la dérive tombolas d’une kermesse dont toutes les valeurs
Sont abolies Tu ne convoqueras plus le vertige plus l’astre plus le ciel plus la lumière plus l’oiseau plus la fleur plus la source
•
Un bout de ciel un buisson un arpent de neige ignoré un réverbère tu ne diras que ce que tu sais la rue
Dans sa fièvre lorsque soudain l’emplissent les clameurs que poussent les sirènes
Un visage aussi incertain qu’un paysage
Ce peu que tu sais de la ville quand l’air est lourd et que l’eau du fleuve s’abat en de stériles totons autour des piles d’un viaduc ce peu que
Tu sais le sais-tu bien je te soupçonne d’avoir perdu
Jusqu’à la mémoire des pierres et des chemins de ton pays natal
Un bout de ciel un buisson un arpent de neige ignoré un réverbère sais-tu encore ce que c’est on vient d’épuiser les restes d’un paysage
René L. Louis, Stances de l’intranquillité d’être, Éditions Aspect, 2004, pp. 31 et 44
•
I.
Mon chiffre maintenant je le connais il réside en ce gisant solitaire qui mains jointes
Dans sa sérénité immobile sous le haubert ou la cuirasse semble
Semble prier et pourtant peste et rage et sacre et peu patiemment étend sa malédiction sur tout
Être sur toute chose alentour urbi
Et orbi Impatiemment manie les matières déflagrantes du rire impie
Et du blasphème Impatiemment sous la poussée de la colère élève à son acmé sur le monde
L’hymne de la mort Dies
Irae dies illa Impatiemment convoque et la totalité du lexique et la roue de virgile et la si peu subtile
Anaphore et la piètre syntaxe de l’épopée Impatiemment lacère le livre de sa vie avant même qu’elle ne soit
En son complet écrite Impatiemment avec sa massue sommaire et son œil unique menace tous les ulysses
René L. Louis, La Colère du gisant, Éditions Aspect, 2007, p. 9.
Bio-bibliographie de René L. Louis
S’abonner à Poezibao
Une de Poezibao