Et je me dis Bordeaux et Nantes et Liverpool et New York et San Francisco
pas un bout de ce monde qui ne porte mon empreinte digitale
et mon calcanéum sur le dos des gratte-ciel et ma crasse
dans le scintillement des gemmes !
(…)
voum rooh oh
pour que revienne le temps de promission
et l’oiseau qui savait mon nom
et la femme qui avait mille noms
de fontaine de soleil et de pleurs
et ses cheveux d’alevin
et ses pas mes climats
et ses yeux mes saisons
et les jours sans nuisance
et les nuits sans offense
et les étoiles de confidence
et le vent de connivence
(…)
ô lumière amicale
ô fraîche source de lumière
ceux qui n’ont inventé ni la poudre ni la boussole
ceux qui n’ont jamais su dompter la vapeur ni l’électricité
ceux qui n’ont exploré ni les mers ni le ciel
mais ceux sans qui la terre ne serait pas la terre
gibbosité d’autant plus bienfaisante que la terre déserte
davantage la terre
(…)
ne faites point de moi cet homme de haine pour qui je n’ai que haine
car pour me cantonner en cette unique race
vous savez pourtant mon amour tyrannique
vous savez que ce n’est point par haine des autres races
que je m’exige bêcheur de cette unique race
que ce que je veux
c’est pour la faim universelle
pour la soif universelle
(…)
Ce n’est pas un texte à lire seulement des yeux, il faut le mettre en bouche, et le flot emporte.
Par la répétition, par des sonorités qui rythment le vers (très libre, le vers), par la danse qui vient inscrire ses pas, ce Cahier d’un retour au pays natal balance d’île en île, de continent en continent, de misère en colère, d’hier à demain, de vie à mort à vie, de non à oui. « Et nous sommes debout maintenant, mon pays et moi ».
La 23000e visite à mon blog a eu lieu ce matin, à 7 h 45 sur cette page. Bonnes lectures !