SELON UNE ÉTUDE RÉALISÉE PAR L’INSTITUT AMÉRICAIN GALLUP
Des millions de Maghrébins veulent quitter leur pays
80 chefs d’Etat et de gouvernement se réunissent à Tripoli pour esquisser des solutions aux problèmes de la jeunesse.
En quête d’un avenir meilleur sur l’autre rive de la Méditerranée, les jeunes Maghrébins sont de plus en plus nombreux à quitter le pays. Selon une étude rendue publique il y a trois jours par l’institut américain Gallup sur les pays qui risquent de perdre le plus grand pourcentage de jeunes, les chiffres révélés sur le Maghreb inquiètent. L’institut Gallup indique que 44% des jeunes Tunisiens veulent quitter le pays et 37% des jeunes Marocains expriment le même désir. Ainsi, le malaise social gagne les pays du Maghreb. Le même sondage rapporte que 32% de jeunes Algériens veulent quitter le pays. Selon le derniers sondage de l’ONS, le nombre d’Algériens âgés entre 15 et 30 ans est d’environ 12 millions. Par un simple calcul arithmétique, on peut conclure que près de 4 millions de jeunes Algériens veulent quitter le pays. Créée en 1958, la fondation Gallup, du nom de George Gallup, comprend quatre divisions dont l’institut Gallup est l’une des plus prestigieuses entreprises de sondage d’opinion aux Etats-Unis. Son siège est à Washington et elle possède plus de 40 bureaux dans 27 pays de par le monde.
L’emploi, le logement et le manque de perspectives poussent souvent cette frange de la société à réagir brutalement. En Algérie, cette réaction s’exprime par le recours aux émeutes et surtout à la harga qui marque également les autres pays maghrébins. C’est dans le but d’esquisser des solutions à ces problèmes que se déroule le sommet Afrique-Europe qui s’ouvre aujourd’hui à Tripoli (Libye). La rencontre verra la participation de 80 chefs d’Etat et de gouvernement des deux continents. Le sommet, qui se tiendra sous le thème «L’investissement, la croissance économique, le travail et la création d’emplois», peut être une aubaine pour régler bon nombre de problèmes pour peu qu’il s’achève avec du concret.
Hasard du calendrier ou confidence à dessein, au moment où se déroule le sommet de Tripoli, les Etats-Unis programment à Alger l’une des plus grandes rencontres dédiée à l’Afrique du Nord. La réunion d’Alger rassemblera des dirigeants des milieux d’affaires des communautés émigrées nord-africaines ainsi que des représentants de milieux d’affaires et des entrepreneurs des USA.
Parmi les questions centrales du sommet de Tripoli, figurent, notamment, la paix et la sécurité, le changement climatique et l’intégration régionale et le développement du secteur privé, les infrastructures, l’énergie, l’agriculture et la sécurité alimentaire et les migrations. Cette dernière question, de par sa complexité et ses dimensions, constituera un point nodal de cette rencontre. Si, officiellement, la question est reléguée au second plan, il n’en demeure pas moins qu’elle sera, selon toute vraisemblance, le point central des discussions en coulisses.
D’autant plus que des personnalités à l’instar de Hugo Brady, du Centre for European Reform estiment qu’«on a besoin d’un sommet spécialement consacré à l’immigration». Selon lui, «une politique commune, sérieuse des 27 pays de l’UE en la matière fait encore défaut». Le sommet intervient, en effet, dans un contexte particulier pour les deux continents, où des franges entières d’Africains cherchent, à tout prix, à quitter leur pays et émigrer dans les pays du Vieux Continent. Dans certains pays du continent noir, l’émigration clandestine est devenue un sport national au point d’inquiéter les capitales occidentales qui ont commencé à prendre des mesures pour la contrer. La seule Libye, peuplée de cinq millions d’habitants, abrite quelque deux millions de clandestins aspirant à rejoindre la prospère Union européenne via Malte et l’Italie.
Le dirigeant libyen, Mouamar El Gueddafi, a réclamé aux Européens cinq milliards d’euros pour juguler ce flux mais n’a obtenu le mois dernier qu’en partie, gain de cause: 50 millions sur deux ans pour un programme de lutte contre l’émigration clandestine. D’autres pays, comme l’Algérie et la Libye, qui ont refusé de jouer les «garde-côtes» de l’Europe, ont fini par adopter des lois criminalisant l’émigration clandestine.
De leur côté, les pays européens qui sont confrontés à cette problématique cherchent à endiguer ce phénomène et à se prémunir, notamment contre l’immigration clandestine. Tout récemment, le président français Sarkozy a prévenu que la France allait réguler fortement les flux migratoires et n’acceptera pas l’immigration clandestine. En Suisse, c’est une loi sur le renvoi des criminels étrangers qui a été votée hier. Pour la Grande-Bretagne, l’immigration est l’un des problèmes clés que veut résoudre le gouvernement de Cameron qui a décidé récemment de réduire de 25% le nombre de travailleurs immigrés en provenance de pays hors UE. Ainsi donc, des milliers d’Africains vivant en Europe vivent avec la hantise d’être expulsés un jour de leur pays d’accueil.Roman', Times, serif; font-size: 18px; background-color: transparent; font-weight: bold; line-height: 20px;">Karim AIMEUR