Le cri de l’oiseau, comme il nous saisit…
Un cri, n’importe quel, une fois fait.
Mais les enfants qui s’amusent dehors
poussent des cris déjà loin du vrai cri.
Crient le hasard. Dans les interstices
de cet espace-ci du monde (où le cri préservé
de l’oiseau passe ainsi que les hommes en rêve)
ils enfoncent les coins de leurs piailleries.
Hélas! où sommes-nous? Toujours encor plus libres,
tels des cerfs-volants arrachés de leur fil,
nous nous ruons à mi-hauteur, frangés de boue,
déchirés par le vent. — Ordonne les crieurs,
toi, dieu du Chant! qu’ils se réveillent en bruissant,
tel le courant porteur de la tête et de la lyre.
(Rilke)