En ce moment, bcp de souvenirs Distilbenesques remontent à la surface. Sans doute parce que je suis allée faire un tour sur les forums de discus DES, la lecture de la BD des triplés, et les échanges récents avec filles DES adopteuses ou pas.
Une remarque de Virginie sur mon post sur la BD des triplés m'a fait réagir. Elle a dit qu'elle était incapable de rire sur le parcours PMA, qu'au contraire la lecture de la BD l'avait stressé plus qu'autre chose.
Cette remarque m'a projeté dans le sale vieux temps, quand je galérais entre la PMA, la digestion et la colère d'apprendre sur le tas que j'étais DES, et surtout la vide intérieur de ne pouvoir être mère comme toutes mes amies.
A cette époque, je traînais pas mal sur le forum de discu MagicMaman, et j'adorais pondre des posts caustiques, humoristiques. Pour en rire plutôt que d'en pleurer. Pour tenter de rire des absurdités lors du parcours PMA, des énormités du corps médical, des maladresses de l'entourage qui ne comprenait rien. Pour tenter d'exorciser cette chose abominable qu'est la non-maternité. Pour refuser mon statut de victime et essayer de prendre le dessus et oublier un court instant les échecs et la souffrance.
C'est à cette époque qu'est née Moushette, et qu'elle a pondu ses premiers charabias... Lorsque nous nous retrouvions en live entre DéESses comme on disait, nous nous appelions par nos pseudos, un peu comme si la personne stérile c'était celle du pseudo, et pas nous !!!
Dans certains de mes post j'avais un style assez caustique et percutant pour faire rigoler la galerie... Mais suite à l'arrivée de Nishal à la maison, j'ai eu bcp de mal à retrouver ce style, car en fait mon catalyseur était de toutes évidences la souffrance qu'il fallait exorciser !!!!!!
Je me souviens qu'à l'époquebcp de forumeuses n'acceptaient pas ce côté humour, cette tentative de garder un semblant de pêche. Je ne critique pas, je condamne pas car je sais ô trop bien à quel point toute cette souffrance et ce parcours est insurmontable, et que chacune essaye d'aller mieux de la façon dont elle peut.... Donc je comprends bien ta réaction Virginie, chacun son truc voilà tout.
Moi, j'arrivais à en rire, oui. A en rire jaune. Mais certaines remarques étaient trop dures, trop blessantes pour pouvoir les transformer en autre chose que des larmes. Balotine, je me souviens d'une galette (en 2000-2001 ?) chez les P entre voisins de nore rue.
La question classique de nos voisins était bien sûr " Quand est ce que vous faites des gosses ?". Ca on avait l'habitude de répondre un truc vaseux genre "1 2 C 4".
Puis qq'un a dit en rigolant "mais dépêchez vous, vous serez bientôt les derniers de la rue !". Je me suis liquéfiée sur place me sentant comme une exclue de la rue ou je ne sais quoi, et j'ai passé le reste du goûter à me concentrer sur les larmes qui devaient absolument rester DANS les yeux.... Quand on est rentrés forcément, j'ai crisé... Et cette remarque m'est resté longtemps en travers de la gorge.... Je ne sais plus qui me l'avait dit (un homme c sûr), maintenant je m'en fous, ça fait partie de la vie des distilbeneuses et c'est du passé... A l'époque on n'avait pas encore parlé ni de stérilité, ni de distilbène à notre entourage, zut si j'avais su que tu (Balotine) en étais une aussi, ça aurait été pas pareil !!!! Puis, notre histoire est devenue publique, à partir de la diffusion du reportage sur Arte sur le DES dans lequel j'étais (Balotine, est ce que AK t'en avait parlé ?).... Tiens, je me demande si ce reportage est visible sur internet ??? (V, tu le sais ça ?).
Bref tout ça pour en revenir sur le fait que la stérilité c'est une sacrée saloperie et injustice, et que chacun a ses armes pour tenter de la combattre, mais que le plus important c'est de garder le cap en préservant au maximum son couple et son estime de soi-même, sans quitter des yeux un instant l'objectif de devenir parents... Tout en restant zen bien sûr pasque sinon tout le monde va dire "mais c pasque tu y penses trop que ça marche pas".
Plein de pensées pour tout ceux qui sont dans cette galère....
On n'oublie jamais.
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