Ces dernières semaines, la politique et le politique ont été très présents pour le monde numérique. En effet que ce soit pour le statut de JEI, la taxe dite Google ou la présentation par le Think Tank Renaissance Numérique d’une étude sur le numérique en France, l’optimisme n’est franchement pas de rigueur.
Le projet de loi votant l’abandon du statut de Jeune Entreprise Innovante, est donc pour l’instant maintenu malgré les amendements de députés de la majorité comme Laure de la Raudière (par ailleurs Secrétaire Nationale de l’UMP sur les questions du numérique). Son passage au Sénat pourra peut être avoir un écho même si Bercy continuera de marteler que le Crédit Impôt Recherche compense plus que largement ce statut dont a pu bénéficier plusieurs dizaines de milliers d’entreprises (de toutes tailles).
La France a voté aussi une loi imposant une taxe sur la publicité en ligne pour contraindre Google, Facebook, Yahoo! & Microsoft a payé plus de taxes en France. Cette loi pénalisera plus les acteurs français qui ne pourront pas se délocaliser au contraire des gros acteurs précités. On a évité comme l’indique Sandrine Cassini de La Tribune à une taxe sur l’eCommerce et j’en passe car la liste des lois sur le sujet sera encore grande.
Le Think Tank Renaissance Numérique dont le co-président Guillaume Buffet avait publié en 2007 son livre blanc « 2010, l’Internet pour tous ! » s’était fixé comme objectif qui semblait accessible à l’époque d’arriver à 80% de foyers français équipés, connectés et formés à l’internet d’ici la fin de l’année 2010.
Or aujourd’hui, Guillaume Buffet en présentant les résultats de l’étude dresse un bilan plutôt alarmiste car loin de ses objectifs : « Nous sommes très loin des ambitions que nous avons pour notre pays. Le constat que nous faisons de la situation actuelle est un pavé jeté dans la mare, les indicateurs sont clairement dans le rouge ! En un mot, c’est alarmant ».
En effet les chiffres présentés par Renaissance Numérique laissent penser que tant que pour les particuliers que pour les entreprises la France a pris du retard.
- Au 3e trimestre 2010, seulement 2 foyers français sur 3 sont connectés à internet : la France de 2010 est au niveau de la Corée du sud en 2001 ! ;
- Moins d’une PME française sur deux (48%) dispose d’un site internet : la France est à 13 points en dessous de la moyenne européenne ;
- Les start-ups numériques ne représentent que 2,1% des créations d’entreprises : les entreprises de l’internet se créent à l’étranger ;
- Le chiffre d’affaire du e-commerce français ne représente même pas la moitié de celui réalisé au Royaume-Uni (25 milliards contre 56) ;
- Les écoles élémentaires comptent 11 élèves pour un seul ordinateur. Existe-t-il même une ambition sur le numérique ?
En présentant la synthèse de l’étude (téléchargeable ci-dessous), Renaissance Numérique a pu seulement donner des satisfecits que pour 5 régions (Île de France, Rhône-Alpes, Midi-Pyrénées, Aquitaine et Auvergne), notant ainsi le manque d’échanges et de coopérations entre toutes ces collectivités.
Même s’il faut reconnaître une certaine écoute (un Secrétariat d’Etat puis un Ministère), des appels à projets (Proxima Mobile, le Grand Emprunt…), des discours et un début de volonté pour aller de l’avant ces événements, ces chiffres, cette étude montrent qu’il faut rester prudent.
Les élections de 2012 Présidentielle et législatives vont partir de loin et le lobbying de Think Tank comme Renaissance Numérique et d’autres acteurs sera essentiel pour que les messages passent et que les actions soient suivies des intentions.
La loi sur la Neutralité du Net, que j’aborderai bientôt, sera présentée d’ici la fin de l’année. Elle sera une nouvelle étape me semble t’il importante pour voir si nous autres pouvons apporter notre contribution et faire passer les messages pour que nous puissions avancer et être un pays à la pointe.
Peut être que cela pourra ainsi contre balancer les mauvaises orientation évoquées plus haut et montrer que la France souhaite vraiment que le numérique soit un élément de développement dans les années à venir.