Aux abords de la Dynamo, on a croisé Nico de Nasser, la grosse sensation électro-rock de l'année ! Chiens fous sur scène, attachants en backstage, ils ont les atouts et le talent pour la stratosphère.
Un canon au cran de sureté bien déclenché. Nasser flingue la musique avec des beats tonitruants, et une identité musicale forte. Un gros calibre chargé. On les imagine mystérieux, chien fou, bouleversants. On les découvre simples et sages, raisonnables et discrets. On s'étonne donc du grand écart entre leur musique et les personnages. Nasser est un animal musical. Visiblement à l'aise dans son temps. " Je suis très heureux d'être à Toulouse. J'ai toujours été attiré par cette ville entre Zebda et sa festivité, j'adore. En plus, j'y ai pas mal de potes" lâche avec enthousiasme Nico, assis sur le canapé des loges de la Dynamo. Un thé. Comme pour mieux calmer un rhume de saison. Les marseillais, qui "souffrent de l'étiquette rap de la ville", pensent une vrai musique électro-rock. Nico nous en parle librement. En les écoutant, comme en les observant, on s'interroge.
Origine. Nasser c'est un délire. "Une idée, un soir de beuverie". Faut dire que les trois garçon qui composent le groupe viennent de milieux différents. " Romain et moi, on était réalisateur de clip et de pub pour Partisan (Société de production notamment de Kim Chapiron) depuis des années. Sinon, on avait goût pour la musique. Romain a d'ailleurs commencé par composer des musiques de pub, des bandes originales." Puis, dans la lueur de leur salle de montage, apparaît Simon. Guitariste. Conservatoire et musicien accompli. Il fut pour le duo, devenu trio, le "facteur déclencheur". Une gorgée de thé accompagnée d'un bruit de soulagement et Nico reprend : "A un moment on n'avait pas trop de taff, pour le délire on a décidé de faire danser les gens." Des amis aux pèlerins bercés par l'électro ou l'Indie Rock. Les origine de Nasser émergent donc de vases communiquants.
Les influences sont l'une des hypothèses de leur création. Découvrir un groupe, et, par son son, déclencher l'enthousiasme. Nico se réjouit d'évoquer les influences du groupe. Lui, étant petit, qui est tombé "en admiration devant l'album blanc des Beatles" ou encore "en ouvrant une pochette des Pink Floyd". Un retour sur son passé. Sa jeunesse. Sa madeleine de Proust. Comme extraire un produit chimique pour un futur parfum. " On a des influences diverses que ce soit hip-hop ou rock. On se tourne facilement vers les Pixies et Nirvana et leur recherche de sonorité." Le bonhomme est aussi de cette génération où les seventies battent le tempo d'une vie. " Les Pink Floyd des débuts aussi ou le Velvet Underground". Classique, et mythique. Leur musique n'est pourtant pas définie comme un pastiche sans saveur de cette période. Tout autre chose. Comme une digestion parfaite après un restaurant étoilé. " Concrètement, on ne souhaite pas reproduire la musique d'avant, mais elle nous a beaucoup touché." Cette période coule donc dans ses veines jusqu'à ses instruments: "J'ai même sur scène une Ludwig de 1968 (batterie)".
Nico à la batterie, Romain aux platines et Simon à la guitare. La création d'un morceau est forcement un moment privilégié dans la vie de Nasser. L'influence du guitariste, et sa formation les aide. "Simon pose la base du morceau puis viennent les arrangements, les idées, les mélodies, la ligne de chant... Quand on crée un morceau, on pense audiovisuel, étant donné notre passé de réal. Un morceau est une entité : une source, un visuel. Un pense album en quelques sortes : avec un début et une fin". Simon rejoint, le temps d'un passage éclair la rencontre. Sage, il intervient : " Une bonne chanson est un tube. un bon gimmick, c'est tout". Un sourire, il repart.
Comme en France, on est tous amateurs d'étiquettes. Nasser en possède plusieurs. Pas celles d'une supérette. Celles digne de Haute Couture. " Dans ce style de musique, on a pas non plus envie de recopier. Certes on a des influences rocks, mais aussi électro ou encore arrivant de la scène allemande." Il faut dire que les types ont grandi dans une période où la French touch carbure sur la scène planétaire. "Mr Oizo". Ou encore "Daft Punk". Pourtant quand on les écoute, on pense à du Guze, du LCD. Nico a sa vison du monde électro. On la partage. " On est pas de cette génération là, celles des Mr Oizo ou Daft Punk. On est la suivante, celle qui a compris qu'il y a un réel projet artistique derrière l'électro". Les marseillais se retrouvent dans leur musique surtout scéniquement. "Les DJ ont tiré toute leurs cartouches, le live est donc l'avenir", explique le batteur au regard sincère. Sur scène, Nasser électronise, dégoupille, sue. Une véritable performance live. " Revenir au live" semble pour Nico quelque chose de plus "attractif". Plus pur. Nasser donne tout. "Un cri de rage", évoque le marseillais. A la fin d'un set, les trois compères finissent "lessivés". "Dans nos lives, on entre dans la furie et dans la communication. Quelque chose comme ça. On joue nos morceaux à fond." Clairement pour lui, les lives doivent créer "une émulation". "Parfois, je demande au public de se bouger. Je n'aime pas la passivité quand on propose du son".
Après "de bonnes connexions", Nasser est prêt à conquérir l'Europe. "Sans se prendre la tête" ironise une nouvelle fois Nico. Pour l'instant, quelques EP sur internet. "On sort un album en mars avec une tournée qui va bien. Espérons-le, un nouveau passage à Toulouse". Promo faite. Son thé ne fume plus, il pense maintenant à la soirée de ce soir. Nous, on part. Mes interrogations sont désormais foutaises. Clairement, Nasser élabore le plan d'une bombe atomique auditive. Ils ne vont pas s'arrêter là. Et, tant mieux.
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