Pouvez-vous nous raconter la genèse de votre marque « Un été en Automne »?
Je me suis lancée dans cette aventure il y a environ 3 ans. A l'origine, j'étais accompagnée de 3 amis avec qui je pratiquais l'escrime. Nous avions décidé de créer notre propre marque de prêt-à-porter féminin éthique.
Conseillée et aidée par des amis également créateurs, je suis entrée en contact avec un atelier situé à Pondichéry, en Inde.
La marque « Un été en Automne » fut officiellement créée en 2009. J'ai eu la chance de faire partie d'une Couveuse d'entreprise de la ville de Paris (programme mis en place sur l'ensemble du territoire). Je fus ainsi aidée et conseillée durant cette période charnière que constitue le lancement d'une marque.
Aujourd'hui, « Un été en Automne » est bien lancée et bénéficie d'un accueil positif dans le milieu de la mode éthique. Mais je dois avouer que lancer sa marque de vêtements reste un véritable challenge. Aujourd'hui encore je m'occupe de l'intégralité de l'activité de la marque, de la création à la distribution!
D'où vous est venue cette envie de vous engager dans la voie du prêt-à-porter éthique/bio?
Je suis depuis toujours sensible aux problématiques de développement durable. Je ne suis pas une militante mais plutôt une citoyenne et consommatrice avertie.
Professionnellement, bien qu'ayant fait mes armes auprès de grandes enseignes du luxe (Sonia Rykiel, Yves Saint Laurent), j’ai perçu chez ces grands noms de la mode certaines valeurs se rapprochant du développement durable.
Je n'ai cependant pas souhaité rester dans ce milieu car j'avais envie d'aller plus loin dans ma démarche. Il était notamment très important pour moi d'instaurer des relations de qualité avec les personnes travaillant pour mes collections. Un respect et une confiance mutuelle au service de la création.
De plus, à cette époque le marché du prêt-à-porter éthique était quasi-inexistant. Quelques marques pionnières telles que Idéo, Ethos, Kamakala, Les Fées de Bengale avaient ouvert la voie mais les possibilités étaient (et sont toujours) immenses.
Mon idée de départ (qui n'a pas changée depuis) était de créer une mode éthique certes, mais qui séduirait mes futures clientes par son style et non par ses engagements. Il a toujours été clair pour moi que le bio devait être un moyen et non une fin.
Quelles ont été vos principales inspirations pour la collection automne-hiver 2010-2011?
Il m'est difficile de vous donner 2 ou 3 sources d'inspiration en particulier. Je dirais que je nourris mon imaginaire tout au long de l'année à travers mes rencontres, mes voyages, mes lectures...
J'emmagasine tout cela et au moment de me lancer dans une nouvelle collection, je ressors mes carnets, mes morceaux de tissus, mes photos... et sélectionne celles qui m'inspirent le plus et qui sont les plus cohérentes entre elles.
Essayez-vous de suivre les tendances que l'on peut observer chez les enseignes classiques de prêt-à-porter?
Non, je ne suis pas la « tendance ». Il m'arrive bien évidemment de me rendre sur des salons spécialisés mais je dois dire que je ne suis pas sensible à ce genre de phénomène.
Mes collections me ressemblent. Je fonctionne d'abord au coup de cœur et j'aime créer des vêtements que j'aurais moi même plaisir à porter. Si ces créations correspondent à une mode, tant mieux, sinon, là n'est pas l'essentiel.
Mes créations sont plus intemporelles que ce que l'on peut retrouver chez les grandes enseignes du prêt-à-porter. Je souhaite pour le moment me limiter à des petites collections comportant entre 12 et 16 modèles. Je dois donc aller à l'essentiel, créer des silhouettes qui me semblent indispensables pour la saison.
Je suis de plus quelques peu opposée au côté très éphémère de la mode classique. J'aime par exemple reprendre un vêtement qui avait bien marché il y a une ou deux saisons et lui apporter une note plus actuelle.
Pour vous donner un exemple, cet hiver la veste Mona est en fait la version courte d'une veste que j'avais créé pour une collection antérieure.
Le style « Un été en Automne » doit être identifiable par le consommateur. C'est une silhouette, ce sont des matières, des codes...
Pouvez-vous nous parler de vos dernières collections et peut-être plus particulièrement de la collection automne-hiver actuellement disponible?
Je travaille actuellement 3 matières: le voile de coton que j'utilise pour mes créations estivales, la toile coton pour les hauts, chemisiers... il apporte de la légèreté aux vêtements et enfin le twell, pour les créations qui nécessitent plus de tenue comme les vestes, les pantalons, les jupes...
Je travaille actuellement sur la collection automne-hiver 2011-2012, et je peux vous annoncer que la laine mérinos sera la grande nouveauté de cette saison!
Sinon en dehors des matières, j'aime beaucoup travailler sur les couleurs. J'ai volontairement choisi de construire mes collections autour d'un nombre réduit de couleurs. Pour la collection automne-hiver 2010-2011, le gris, le noir et le bleu foncé sont à l'honneur. Ce choix me permet d'apporter beaucoup de sobriété et de graphisme à mes silhouettes. Cela fait parti du style « Un été en Automne ».
Cela me permet également de gérer de façon optimale mes stocks de tissus, car en tant que jeune créatrice il m'est encore assez difficile de gérer les achats de matières premières en fonction du développement commercial... C'est d'ailleurs pour cela que vous pourrez retrouver pour l'été prochain quelques touches de bleu, clin d'œil à la collection précédente et signe de continuité.
Pourquoi avoir choisi de fabriquer vos collections en Inde et non pas en France?
C'est très simple. « Un été en Automne » c'est un style mais c'est également une gamme de prix. J'essaie de ne franchir certaines limites. Une robe par exemple ne doit pas dépasser 105 euros en boutique. J'apporte une attention particulière à ce que le plus grand nombre de personnes puisse avoir accès à mes produits.
Ma clientèle est très large. Elle va de 25 à 50 ans. A chaque période de notre vie, nous avons des priorités financières qui se résument rarement en l'achat d'une robe. Je pense qu'il est important en tant que créateur éthique de garder cela en tête.
De plus, d'un point de vu purement logistique, le coton bio n'est bien évidemment pas produit en France, Je considère qu'il est donc tout à fait pertinent de fabriquer les produits dans les pays producteurs des matières premières.
Enfin, c'est pour moi une réelle satisfaction de pouvoir contribuer à une amélioration du niveau de vie et à l'épanouissement professionnel d'une communauté d'hommes et de femmes jusque là mis à la marge du développement économique. Je dois ajouter que leurs savoir-faire en matière de confection sont réels.
Pourriez-vous nous parler de vos principaux projets pour l'année 2011?
Ma principale préoccupation pour l'année 2011 sera de développer mon réseau de distribution afin de pouvoir être présente un peu partout en France.
Sinon depuis le 23 septembre 2010, j'ai l'honneur d'habiller les agents d'accueil du théâtre Athénée Louis-Jouvet à Paris. Cette collaboration devrait durer jusqu'à la fin de la saison.
Merci pour avoir pris le temps de répondre à ces questions Marie et bonne continuation!