Synopsis :
Tout va pour le mieux pour Samuel et Nadia : lui est bientôt infirmier et elle, attend son premier enfant. Mais tout bascule lorsque Nadia se fait kidnapper sous l'oeil impuissant de Samuel. A son réveil, son portable retentit : il a trois heures pour sortir de l'hôpital dans lequel il travaille un homme sous surveillance policière. Le destin de Samuel est désormais lié à celui de Sartet, une figure du banditisme activement recherchée par tous les services de police. S'il veut revoir sa femme vivante, Samuel doit faire vite...
Critique :
Jeudi dernier, Gaumont avait privatisé la salle de l’Elysée Biarritz pour présenter à de nombreux bloggers sa dernière production, A bout portant. Le marketing entourant la sortie prouve sans mal la conviction de la réussite en salles de ce nouveau Fred Cavayé, qui s’était fait immédiatement un nom dans l’hexagone en sortant deux ans plus tôt « Pour Elle », dans lequel Vincent Ladon partageait l’affiche avec Diane Kruger.
Ironisant avant la projection sur le fait que le cinéma français ne se résumait pas à « des dialogues dans une cuisine », Cavayé assume donc pleinement le registre de son film, de l’action, de l’action et encore de l’action. Pourquoi pas, après tout, c’est un peu vrai que notre cinéma ne brille pas spécialement dans le genre primaire/spectaculaire, registre qui se révèle de temps à autre assez salvateur.
Et il ne mentait pas le garçon, pas le moins du monde. A bout portant est même une série B totalement assumée dont l’ambition n’est autre que de shooter les spectateurs à l’adrénaline en occultant totalement toutes les sous-intrigues qui pourraient venir ralentir le rythme. Le cadre est posé, nous sommes face à un TGV brut de décoffrage qu’absolument rien n’arrêtera jusqu’à l’apparition du générique final.
Actionner urbain, A bout portant se sert d’une trame narrative dépouillée (parfois un peu trop d’ailleurs) pour aller droit au but. Cavayé n’a ici que faire de la subtilité, cela se ressent dans ses différents personnages, de Gilles Lellouche en presqu’infirmier tout à fait lambda, le genre de mec au mauvai endroit au mauvais moment (attention, il n’a rien d’un John Mc Lane), à Roschdy Zem, excellent en truand trahit et torturé intérieurement en passant par Gérard Lanvin, le fric ripou charismatique de base.
D’eux, nous n’apprendrons rien ou presque. Nous les prenons à un instant T sans se préoccuper du passé (inutile en l’occurrence). La seule chose que nous donne à connaitre le réalisateur, c’est l’amour du personnage principal pour sa femme enceinte, justifiant de fait le « je suis prêt à tout pour la sauver ». La volonté quasi animale du personnage pour sortir du sacré bordel dans lequel il se trouve n’a égale que sa gaucherie dans certaines situations (le rendant d'autant plus crédible)
A bout portant ne va pas donc chercher bien loin, intellectuellement parlant. Qu’importe, l’objectif n’est pas là. Fred Cavayé souhaitait faire un divertissement haut en tension et le pari semble réussi malgré quelques invraisemblances. Le film ressemble à une course-poursuite sans fin, sans temps morts pour respirer tant et si bien qu’à de nombreuses reprises, on pourra ressentir une fatigue assez similaire au personnage principal. Un sentiment d’oppression devant un tel complot donc aucune issue ne semble être la bonne. Habile de ses 10 doigts, le réalisateur nous offrira quelques très bons moments d’actions, la poursuite dans le métro entre autre, en s’affranchissant des mises en scène éculées comme la fameuse caméra à l’épaule que l’on a un peu trop vu ces deniers temps.
Il ne faut pas avoir peur de dire qu’A bout portant est un divertissement primaire. Si en sortant de la salle je n’étais pas spécialement convaincu, je me dis après tout qu’une bonne d’adrénaline en injection visuelle de fait pas de mal de temps en temps. On avait dernièrement pu voir les débiles (mais sympathiques, encore que le deuxième…) Hyper Tension avec Jason Statham, A bout portant pourrait bien être la preuve que l’on peut faire aussi énergique en France mais dans un contexte plus noir, plus sale, plus glauque.
A défaut d’être un chef d’œuvre, le film est efficace et met à profit chacune des minutes qui composent l’heure 24 de durée. En soit, c’est déjà pas mal !
Sortie officielle française : 1er décembre 2010