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Un an après … Les petits malins, « dépeceurs » de l’ARAST

Publié le 28 novembre 2010 par Laurelen
Irlande : fini de rire pour les lutins

Irlande : fini de rire pour les lutins



Dublin, 1991...
Dublin, 1991... L'Irlande, le pays de la Guiness, des lutins, des moutons nourris à l'herbe verte et à la Guiness, de la pluie grise sur des villages colorés, des villages avec deux églises, trois pubs, et quelques maisons autour... Autant de clichés, mais l'Irlande est un pays qui assume ses clichés. Au bord de certaines petites routes du côté du comté de Galway ou du Conemara, il y a des panneaux représentants un lutin en train de courir, avec cette légende "Beware, leprechauns crossing" ("Attention traversée de lutins"). D'instinct, on ralentit.
Ce pays occupé pendant 800 ans, par les Vikings, puis les Anglais, ce pays martyr, qui a vu au XIXème siècle la moitié de sa population disparaître à cause d'une maladie de la pomme de terre provoquant "la grande famine" -grosso modo 50% de morts de faim, et 50% d'émigrants aux Etats-Unis, avait cru sortir la tête de l'eau avec son adhésion à l'Union européenne en 1973. Et, en effet, l'Irlande sortit, grâce aux fonds européens, d'un modèle économique rural et, disons-le, du tiers-monde. Et dans les années 90, grâce à (ou à cause de) l'application d'un modèle ultra-libéral, connut un développement pharamineux, unique en Europe. Impôt sur les société au minima, salaires bas, flexibilité de l'emploi... et croissance à 5, 7, 8%. Avec en corollaire un PIB par habitant parmi les plus hauts du monde. Plein emploi à la clé (entre 4 et 6% de taux de chômage résiduel).
Les jeunes Irlandais n'avaient plus besoin de s'exiler, ils pouvaient travailler au pays. En plus, les écoles et universités du pays leur offraient une formation de haut niveau. Pour la première fois de son histoire, l'irlande dût même faire appel à de la main-d'oeuvre immigrée. Les grandes entreprises de pointe, notamment informatiques, alléchées par ces conditions idéales, installaient en masse leurs sièges sociaux au sein de ce qu'on appelait désormais "le tigre celtique". Bon, il y avait bien quelques petits problèmes : l'immobilier par exemple. Les prix à la vente et à la location grimpaient de façon vertigineuse. Pour les jeunes travailleurs sous-payés, souvent précaires, la colocation, à trois, quatre dans un deux pièces, était la seule solution de logement dans les grandes villes comme Dublin ou Cork. Alors les Irlandais commencèrent à vivre à crédit. Les taux d'intérêts étaient bas, les banques étaient fort prêteuse, le passage à l'Euro contribua à cette fuite en avant qui gonflait, gonflait insidieusement la bulle... Qui, comme chacun sait, finit toujours par faire plop.
La crise mondiale a frappé l'Eire de plein fouet, coupant net l'élan du fauve. Un déficit public énorme, un taux de chômage qui risque d'atteindre 15%, des ménages en état de faillite personnelle... L'Irlande se réveille avec la gueule de bois, et pas à cause de la Guinness ni du Jameson. Comme en Grèce, comme au Portugal, le gouvernement lance un plan de rigueur exceptionnel : baisse du smic (déjà pas très élevé) de 11%, hausse des impôts, coupe dans les aides sociales, coupes claires dans les effectifs des fonctionnaires... Un train de mesure qui va laisser exsangue une population qui s'était habituée à une tranquille mais illusoire prospérité. Comme au début du siècle, comme dans les années 50, les jeunes diplômés irlandais quittent le pays pour tenter leur chance en Australie, en Nouvelle-Zélande, aux Etats-Unis.
Comme en Grèce, comme au Portugal, comme en Espagne, les Irlandais payent pour ceux qui ont cassé les pots. Car les banques, les spéculateurs, les entreprises, ne sont pas mises à contribution. Pas question d'augmenter l'impôt sur les sociétés. Et toutes les économies réalisées sur le dos de la population serviront, c'est un grand classique, à... renflouer les banques. Mais l'important c'est que le FMI soit content.
Dans le grand jeu de dominos financier et spéculatif qui fait tomber un à un les pays d'Europe, la seule question qui vaille, c'est "qui sera le prochain ? Il n'est pas du tout improbable que la France n'en soit pas loin. On a toujours été proches des Irlandais après tout. Heureusement, il reste aux Irlandais les églises pour prier, les pubs pour oublier. Et les yeux pour pleurer.
Slàinte !

François GILLET
Samedi 27 Novembre 2010 François GILLET Lu 499 fois
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